Comme tous les professionnels de santé, les masseurs-kinésithérapeutes doivent faire face à une méfiance, une défiance d’une part de plus en plus conséquente des patients vis-à-vis de l’approche scientifique. Et cette « irrationalité » nuit à la bonne compréhension du parcours de soins tel qu’il est organisé aujourd’hui et donc peut nuire à la pratique des masseurs kinésithérapeutes.
Quand les patients se détournent d’une approche scientifique des soins
Les kinés, tout comme d’autres soignants, alertent depuis des années sur la défiance de certains patients envers les approches scientifiques. Cette défiance a atteint son paroxysme à l’occasion de l’épidémie mondiale de coronavirus. Tous les professionnels de santé, toutes les autorités publiques concernées et acteurs liés à ces problématiques partagent ces inquiétudes.
L’Académie Nationale de Médecine a, elle-aussi, réagi en s’interrogeant sur ces dérives et sur les éventuelles pistes à suivre pour lutter contre le phénomène. Elle a ainsi, à l’issue d’une longue réflexion, publié un rapport sur le sujet « Comprendre la place de l’irrationalité dans le soin : quelles conséquences pour la pratique et la formation des soignants ? «
En France, l’épisode de pandémie COVID a révélé le fait qu’une partie non négligeable de la société adhérait à des théories irrationnelles concernant l’origine des maladies ou encore l’efficacité ou les effets indésirables des thérapeutiques.
Pour les professionnels de santé, convaincre des patients sceptiques des données médicales et scientifiques peut être difficile. Cela complique le parcours de soins des patients et perturbe la sérénité des kinés libéraux et autres professionnels de santé.
Rappeler les kinés libéraux et les professionnels de santé à leur devoir déontologique
Depuis plusieurs années, l’ordre des masseurs kinésithérapeutes est vigilant sur le développement de pratiques non conventionnelles. En effet, il s’assure que l’information donnée ne soit pas trompeuse pour les patients. Les masseurs kinésithérapeutes sont un socle pour lutter contre l’irrationalité.
(…) l’attrait des patients pour des soins reposant sur des conceptions non scientifiques semble de plus en plus important et est, en tous cas, largement relayé par les médias, les réseaux sociaux ainsi que par de multiples offres de prestation revendiquant la promotion du bien-être.
Masseur bien-être, naturopathe, ostéopathe, chiropracteur… L’offre de soins est complexe avec de nombreuses alternatives, pouvant prêter à confusion. Les kinés doivent agir selon une déontologie claire, évitant toute confusion chez les patients. Ils doivent donc bien distinguer leur activité en tant que masseur-kinésithérapeute de toute autre activité, qu’ils peuvent exercer par ailleurs.
L’ordre des masseurs-kinésithérapeutes a anticipé les pratiques confuses nuisant à l’efficacité des soins. Dans son Tableau des techniques illusoires signalées au Conseil National de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes, l’ordre souligne que ces pratiques non validées par les autorités ne « peuvent pas constituer des spécificités d’exercice, ni des titres d’exercice. Les kinésithérapeutes ne sont pas autorisés à s’en prévaloir, leur utilisation nest pas autorisée par l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes dans la prise en charge des patients. »
Cette problématique devient encore plus cruciale alors que des négociations officielles façonnent l’avenir des soins en France. La simplicité et la facilité de compréhension (pour les patients comme pour les professionnels) figurent ainsi en tête de liste des objectifs à atteindre.
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