La taxe lapin fait son grand retour dans les débats publics. Les kinés libéraux, comme l’ensemble des professionnels de santé, déplorent régulièrement le nombre croissant de rendez-vous non honorés. A l’heure où libérer du temps médical devient crucial, ces « lapins » deviennent une cible privilégiée pour rendre le système plus efficient.
Les lapins, quelles conséquences concrètes dans un cabinet de kinés libéraux ?
Pour les kinés libéraux, il reste extrêmement difficile de chiffrer précisément ces rendez-vous non honorés. Cependant, on retrouve les raisons conduisant à l’instauration de cette taxe lapin dans un communiqué de janvier 2023. Celui-ci a été publié par le conseil National de l’Ordre des médecins et de l’académie de médecine. Le communiqué s’alarme en constatant que « chaque semaine 6% à 10% des patients ne se présentent pas à leur rendez-vous, ce qui correspond à une perte de temps de consultation de près de deux heures hebdomadaires pour le médecin quelle qu’en soit la discipline ».
Cependant, les chiffres utilisés pour en arriver à ce constat sont loin de faire l’unanimité. La plateforme Doctolib avait également conduit une enquête en se basant sur les 30 millions de rendez-vous pris entre septembre et octobre 2022. L’analyse soulignait que 3,4% des rendez-vous auprès d’un médecin généraliste pouvaient être considérés comme des lapins. Ce taux grimpait à 4,5% pour les autres professions, dont les kinés libéraux.
Près de 5% de lapins désorganise totalement un cabinet de kinés libéraux, comme un centre de santé. En n’annulant pas leur rendez-vous, les patients empêchent les kinés de contacter un patient en attente de soins. Par conséquent, l’offre de soins de chaque professionnel de santé (nombre de patients pris en charge) s’en trouve directement impactée.
Ces lapins génèrent, d’une part, une désorganisation. Ils induisent également une perte de rémunération pour ces professionnels de santé et les structures de soins. Les kinés libéraux, comme les autres soignants, insistent pour souligner que cette pénalisation financière ne constitue pas une « source de revenus ». Elle a surtout pour vocation d’établir une sanction visant à faire changer les comportements.
Faire payer les rendez-vous non honorés : la taxe lapin au cœur des débats !
Depuis plusieurs années, les autorités publiques, et plus généralement toutes les formations politiques, proposent des leviers d’action pour mieux garantir l’égalité d’accès aux soins à tous les Français. Lutter contre les déserts médicaux constitue un enjeu majeur pour l’efficience de notre système de santé. Régulièrement, la « taxe lapin » est évoquée comme devant être un de ces leviers.
Les rendez-vous non-honorés constituent en effet une « perte de temps » pour tous les professionnels de santé concernés. A un moment où les autorités reconnaissent officiellement que la France va devoir s’armer de patience pour voir régresser les déserts médicaux, il apparait normal, au premier abord, de vouloir faire payer celles et ceux qui participent à faire perdre ce temps médical.
Cette taxe lapin est à nouveau au cœur des débats. Lors de son discours de politique générale, le nouveau Premier Ministre, Gabriel Attal, l’a clairement exprimé :
“Quand on a un rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paie.”
Il a expliqué vouloir « responsabiliser » les patients avec l’instauration d’une telle pénalisation financière. Mais cette taxe lapin ne séduit pas tous les professionnels de santé et concentre l’hostilité des associations de patients.
Les débats sont donc ouverts depuis la prise de parole du premier ministre, même si bien des questions restent en suspens. Une telle taxe lapin est-elle constitutionnellement valide ? Doit-elle être systématique ou peut-elle inclure quelques dérogations ? Quel doit en être le montant ?
Et vous, que pensez-vous de cette taxe lapin ? Comment devrait-elle être définie, selon vous, pour être efficace (montant, systématicité…) ?
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