Le cabinet de kiné transformé en maison de santé pluriprofessionnelle ?

En devenant kiné libéral, tout professionnel peut choisir entre de multiples formes de statut et d’innombrables modes d’exercice. Si la maison de santé pluriprofessionnelle a fait partie des priorités du gouvernement actuel, elle représente aussi un « idéal » pour un grand nombre de professionnels libéraux de santé. Et ces derniers entendent bien le faire savoir.

La coordination et la collaboration, les nouveaux enjeux pour les kinés libéraux

Depuis des mois, les autorités publiques gèrent la crise sanitaire, tout en affichant leur ambition de faire évoluer notre système de santé publique. La crise sanitaire a mis en lumière les dysfonctionnements, caractérisant ce dernier aujourd’hui. Les masseurs kinésithérapeutes libéraux, comme plus généralement tous les soignants dits de ville, ont regretté que les efforts soient quasi-exclusivement, selon eux, consacrés à l’Hôpital alors que les soins de proximité leur apparaissent négligés. Pourtant, les problématiques ne manquent pas en la matière, et elles sont connues de tous, des patients aux soignants en passant par les autorités sanitaires du pays.

 

• La désertification médicale rend impossible cette volonté d’une égalité d’accès aux soins,
• Le vieillissement de la population fait peser une grave menace d’accentuation de ces inégalités,
• L’augmentation de la précarité accroit le nombre de personnes exclues du système de soins

 

Infirmières, médecins, kinés libéraux se plaignent d’un manque de moyens, bien qu’ils reconnaissent que la transformation de l’hôpital constituait une absolue nécessité. En revanche, tous ces professionnels libéraux de santé souhaitent que cette question des soins primaires en ville soit au cœur des prochains débats, qui s’animeront à l’occasion de la campagne présidentielle qui s’annonce. Dépassant les querelles corporatistes – l’accès direct à la kinésithérapie notamment a ravivé des tensions, que l’on aurait pu croire apaisées, ces acteurs de la santé de proximité souhaitent peser de tout leur poids sur les futures orientations de la Santé publique.

La MSP va-t-elle devenir le cabinet de kiné libéral idéal de demain ?

C’est dans cet esprit, que deux associations, AVECSanté et France Assos Santé, ont publié un Manifeste pour refonder les soins primaires. Élaboré en concertation avec les usagers / patients et les professionnels de santé, ce texte ambitionne de « passer de l’exercice solitaire à l’exercice solidaire ». Le président de l’Association AVECSanté, le Dr Pascal Gendry explique que la problématique d’accès aux soins concernent tous les soignants, depuis les médecins jusqu’aux kinés libéraux, en passant par les infirmières ou les orthophonistes. Renforcer les moyens dévolus à l’hôpital ne pourra pas résoudre tous ces problèmes d’accès aux soins et l’efficience de notre système de santé passe donc nécessairement par un renforcement des soins de ville. Le constat dressé par les professionnels souligne, que la volonté politique (notamment avec le plan Ma Santé 2022) d’inciter les soignants à plus de collaboration et de concertation doit être non seulement poursuivie, mais largement amplifiée.

 

« Les équipes pluriprofessionnelles, lorsqu’elles sont structurées et organisées, peuvent mieux prendre en charge ces défis démographiques, grâce à la coopération et à la coordination. »

Dr Pascal Gendry

 

Selon le manifeste, la maison de santé pluriprofessionnelle, objectif essentiel à la réforme Ma Santé 2022, doit devenir la base de ces soins de proximité. Si l’objectif de 2.000 MSP est déjà presque atteint (on en compte à ce jour 1889), l’ambition doit être bien plus importante et dépasser le seul cadre des territoires qualifiés de déserts médicaux. D’autant plus, que les auteurs du manifeste soulignent, également, que ces équipes pluridisciplinaires ont réussi à s’adapter aux défis engendrés par la crise du coronavirus et constituent donc un atout supplémentaire face à la menace pandémique.

 

À travers 10 propositions concrètes, le manifeste entend imaginer une refondation des soins de proximité, en faisant de la MSP l’unité centrale de la chaine de soins. C’est un véritable « Ségur de la Médecine de ville », qui est proposé en associant kinés libéraux et usagers, les médecins et les collectivités locales, les infirmières et les autorités publiques… Pascal Gendry se projette dans cet avenir :

 

« La maison de santé est un lieu de vie. On y passe du soin à la santé, puis à la vie. La maison de santé est lieu de socialisation, créateur de lien social où s’exercent les solidarités. Lieu de soin, mais aussi lieu d’accueil et de sociabilité. »

Pascal Gendry

 

Il ne reste donc plus qu’à attendre pour savoir si ces 10 propositions permettront d’initier le débat public, qui pourrait concrétiser cette ambition.

 

D’après vous, la maison de santé pluriprofessionnelle représente-t-elle l’avenir pour les kinés libéraux ? Quelles autres propositions souhaiteriez-vous voir émerger au cours de cette campagne électorale ?