Les kinés libéraux pouvaient se féliciter, il y a quelques semaines, de la proposition de loi visant à intégrer l’accès direct à la kinésithérapie. Aujourd’hui, l’opposition des médecins est suffisamment importante pour que la question soit à nouveau débattue. Qui en sortira gagnant ?
Quand les médecins descendent dans la rue, un mouvement rare
On connait aujourd’hui les propositions portées par le texte de loi dit « RIST ». Même s’il a été très amendé, ce texte législatif introduit l’accès direct à certaines professions de santé, que ce soit aux infirmières de pratique avancé (IPA), aux masseurs-kinésithérapeutes et aux orthoptistes. Les masseurs-kinésithérapeutes libéraux portaient depuis longtemps cette demande, en revendiquant un élargissement de ces expérimentations d’accès direct testées depuis plusieurs années. Alors que la profession a commencé l’année par une crise profonde (l’avenant 7 à la convention nationale ne sera jamais appliqué, puisque seul un syndicat sur 3 ma signé), elle pouvait se réjouir de cette proposition de loi, qui répondait en partie à l’une de ses plus anciennes revendications.
Le texte est débattu devant le Sénat depuis le 14 février, et si les kinés pouvaient espérer une adoption (même partielle) de ces propositions, encore faudra-t-il surmonter les revendications d’une autre profession de santé, peut-être la plus influente : celle des médecins. En effet, le 14 février marquait aussi-et cest assez rare pour être souligné- la 3? journée de mobilisation des médecins libéraux. Les différents syndicats s’étaient unis au collectif Médecins pour demain, né sur les réseaux sociaux, et la mobilisation était, selon les dires des autorités publiques, suffisamment forte pour interpeller le gouvernement. D’autant plus, que les médecins appellent à une grève reconductible si la situation névolue pas d’ici le 27 février.
Les médecins luttent pour freiner ou supprimer l’accès-direct aux masseurs-kinésithérapeutes
Il est inutile de lister ici toutes les revendications portées par les médecins, depuis la trop faible revalorisation proposée jusqu’à l’instauration d’un nouveau Contrat d’Exercice Territorial (CET). En revanche, une mesure concentre la majorité des critiques et des contestations de la part des médecins les plus expérimentés comme des étudiants en médecine : la délégation des compétences. La profession dans son ensemble demande le retrait de toutes ces mesures destinées à organiser l’accès direct aux autres professions de santé. Pour Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée auprès du Ministère de la Santé et de la prévention, l’ambition de cette loi nest que de « de libérer du temps médical et de faciliter l’accès à la santé » à toutes et tous, mais ne vise pas à une remise en cause du statut et du rôle du médecin généraliste.
Pourtant, l’ambition du gouvernement était connue depuis longtemps, puisque lors de ses vœux, Emmanuel Macron, président de la République, avait affirmé : « Le médecin doit être la porte d’entrée, mais pas le verrou du système ». En instaurant l’accès direct, le gouvernement entend donc bien répondre aux exigences des millions de patients qui nont plus de médecin traitant. Pour ces médecins, cette situation souligne le mépris des pouvoirs publics, dont ils se disent victimes depuis des années. Pour les kinés libéraux, cette évolution constituerait une amélioration significative du parcours de soins des patients et la profession se déclare prête à répondre à ces nouveaux enjeux.
Toujours est-il que la bataille d’influence entre les médecins d’une part et les autres professions de santé d’autre part s’intensifie ces dernières semaines. Le conflit pourrait encore gagner en intensité dans quelques jours, quand les derniers arbitrages seront effectués. On sait que la version définitive de ce texte de loi sera modifiée et en décevra inéluctablement certains. Il ne reste plus qu’à savoir s’il s’agira des kinés libéraux et des infirmières ou des médecins.
D’après vous, le texte autorisant cet accès direct sera-t-il conservé dans cette proposition de loi ? Que pensez-vous de cette avancée ? Estimez-vous qu’elle s’inscrive dans l’évolution naturelle de notre système de santé ?
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