Alors que de nombreux professionnels de santé revendiquent l’accès direct à la kinésithérapie, le PLFSS 2022 prévoit l’expérimentation de cette mesure dans 6 départements et pour une durée de 3 ans. Une première étape qui pourrait conduire à la généralisation de l’accès direct aux masseurs kinésithérapeutes.
La crise sanitaire a profondément transformé l’organisation des soins tant en ville qu’à l’hôpital. Des expérimentations ont été lancées au cours de ces deux années, et de nouveaux défis se sont imposés pour l’avenir de notre politique de santé publique. Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour l’année 2022 traduit les changements souhaités par les autorités publiques pour inscrire ces évolutions dans la durée. De manière générale, si le budget de la santé prévoit de consolider les finances de l’hôpital, il entend aussi protéger les soignants de ville, en fixant de multiples objectifs à atteindre dans les années à venir. La lutte contre les déserts médicaux fait partie des grandes orientations, et un amendement cible plus particulièrement les kinés libéraux.
De la désertification médicale à l’accès direct aux masseurs-kinésithérapeutes
Les députés de la majorité présidentielle ont en effet proposé deux amendements en lien direct avec les kinés libéraux notamment. Ces deux amendements ont été adoptés ce 22 octobre, et devraient donc marquer le début d’une évolution attendue depuis longtemps par les masseurs kinésithérapeutes. Dans l’introduction de leur amendement, les députés constatent la situation déjà prise en compte par le gouvernement :
Nombre de nos concitoyens rencontrent des difficultés pour accéder aux soins : 10 % nont plus de médecin traitant et 6 millions vivent à plus de 30 minutes d’un service d’urgence dont 75 % en milieu rural »
Les députés déplorent que cette pénurie de soignants s’aggrave dans certaines régions de France dès lors que l’on s’intéresse exclusivement aux kinés libéraux et à d’autres paramédicaux de ville. Cependant, il souligne également que « dans de nombreux territoires, il est donc beaucoup plus difficile d’avoir accès à un médecin qu’à un professionnel paramédical.
Cette lutte contre la désertification médicale doit donc être une des priorités de la politique de santé publique, et les députés proposent donc de s’appuyer sur ces professionnels paramédicaux pour faire reculer cette violation du droit d’accès aux soins. Pour eux, une des solutions à privilégier est donc l’accès direct à certains de ces professionnels de santé, à commencer par les masseurs kinésithérapeutes. La mesure concerne également les orthophonistes. Un test a donc été inscrit dans la loi, et les kinés libéraux comme les orthophonistes pourront donc exercer sans ordonnance médicale.
Cette expérimentation sera applicable dans 6 départements pour une durée de 3 ans, avec la volonté d’en tirer les enseignements et de prendre les mesures qui s’imposent à l’issue de cet essai. Les députés ne se cachent pas de voir cet accès direct généraliser à l’ensemble de la population à plus ou moins court terme.
Le PLFSS 2022, une première étape pour l’accès direct aux kinés ?
Parce que l’exercice coordonné fait aussi partie des objectifs de la politique de santé publique, le kiné libéral, pour pouvoir consulter en accès direct, devra exercer en maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) ou dans toute autre structure de soins coordonnés. L’orthophoniste comme le kiné libéral devra adresser au médecin traitant des patients concernés le bilan initial ainsi que le compte rendu des soins réalisés. Tous ces éléments devront également être enregistrés dans le Dossier Médical Partagé (DMP). Cette expérimentation commencera en même temps que le déploiement de l’espace numérique de santé de tous les patients français, une numérisation qui devrait faciliter le suivi de cette expérience inédite.
Devant lutter contre les déserts médicaux, mais aussi simplifier les relations patient – soignant et le parcours de soins de chacun, cette expérimentation est donc la première étape qui pourrait conduire à la généralisation de l’accès direct à la kinésithérapie. De nombreux professionnels revendiquaient cet accès direct depuis plusieurs années, et ils devront donc attendre encore quelques mois avant de pouvoir se féliciter d’une telle avancée.
Et vous, pensez-vous que l’accès direct à la kinésithérapie sera officialisé à tout le territoire à la fin de l’expérimentation ? Quel est votre avis sur ce sujet ?
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