Accès direct aux kinés, une expérimentation encore en débat ?

Publié par 13 juin 2022

Si l’accès direct aux kinés a été voté pour une expérimentation de 3 années, il n’est à ce jour toujours pas en place. Les hostilités entre les médecins et les masseurs kinésithérapeutes expliquent en partie ce constat, alors que l’IGAS formule 18 recommandations pour rendre cette expérimentation plus efficace.

L’accès direct aux masseurs kinésithérapeutes, une expérimentation toujours en discussion

 

On se souvient des débats que souleva le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022. Outre des mesures prises pour renforcer l’organisation du système de santé après deux années de crise sanitaire, les discussions des parlementaires avaient provoqué un conflit entre les médecins d’une part et les masseurs kinésithérapeutes d’autre part. La LFSS 2022 avait finalement officialisé l’expérimentation de l’accès direct aux masseurs kinésithérapeutes.

Certes, les conditions et les modalités apparaissaient, pour les kinés libéraux ou hospitaliers, trop rigides, alors que la profession dans son ensemble se félicitait cependant de cette avancée. L’expérimentation prévoyait ainsi de tester l’accès direct aux kinés dans 6 départements et pour une durée de 3 ans, à condition que le masseur kinésithérapeute accueille ces patients dans une structure d’exercice coordonné.

D’un autre côté, les médecins, généralistes ou spécialistes, dénonçaient une dérive dangereuse pour le « parcours de soins des patients », en rappelant qu’un diagnostic médical préalable s’imposait avant d’orienter les patients vers les masseurs kinésithérapeutes.

Les ordres professionnels concernés s’étaient donc opposés, avant que le ministre de la Santé de l’époque, M Olivier Véran, ne plaide en faveur des masseurs kinésithérapeutes, en rappelant toutefois que la place centrale du médecin ne serait pas remise en cause. 6 mois après, le décret d’application se fait toujours attendre. Il ne sera rédigé et donc promulgué qu’après l’avis de la Haute Autorité de Santé (HAS) et de l’Académie Nationale de médecine. Dans cette attente, le rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), remis au gouvernement en février dernier et rendu public en ce mois de mai 2022, précise déjà les grandes lignes d’encadrement de cette expérimentation.

Les kinés accessibles aux patients sans prescription médicale ?

Le rapport de l’IGAS formule ainsi 18 propositions afin de rendre l’expérimentation la plus efficace possible. Selon ce rapport, tout doit être fait pour que des enseignements puissent être tirés de ces 3 années de test grandeur nature. Pour souligner cette importance de l’organisation, l’IGAS souligne, qu’à cause de problèmes de mises en œuvre, on ne peut tirer aucun enseignement utile de l’accès direct à la kinésithérapie pour les cas de douleurs lombaires ou de torsions de la cheville. Ces écueils doivent donc être anticipés et évités pour cet accès direct. Afin de parvenir à rédiger ces 18 propositions, les auteurs du rapport ont entendu longuement tous les acteurs concernés à commencer par les médecins d’une part et les masseurs kinésithérapeutes d’autre part leur antagonisme ne s’est pas amenuisé, bien au contraire.

Pour l’ordre des masseurs kinésithérapeutes, les kinés peuvent répondre à cette expérimentation sans « aucun risque pour les patients et sans surcoût pour l’Assurance Maladie ». La profession souligne même que l’expérimentation peut être mise en œuvre le plus rapidement possible avec

 

« (…) les professionnels étant formés ou pouvant rapidement l’être, à apprécier les cas où le recours à une expertise médicale serait nécessaire »

 

De la même manière, les médecins restent sur leur position en condamnant cette expérimentation. L’absence de diagnostic médical est pour eux une ligne rouge, qui a été franchie, notamment « en raison du risque que des pathologies ne soient pas repérées et au nom de la continuité du parcours de soin.”

 

Cette opposition ne doit pas, selon le rapport, nuire à l’objectif d’une telle expérimentation, qui, faut-il le rappeler, vise à atteindre deux objectifs distincts :

  • Dégager du temps médical pour les médecins,
  • Réduire les délais d’accès aux masseurs kinésithérapeutes et réduire ainsi la « perte de chance »

Pour l’IGAS, la priorité consistera donc à définir très précisément les modalités de mise en œuvre de cette expérimentation de l’accès direct, et à faire connaitre ces dernières à tous les acteurs concernés (structure d’exercice coordonné, masseurs kinésithérapeutes, médecins, Assurance Maladie, patients…).

 

À quel horizon pensez-vous que cette expérimentation de l’accès direct sera effective en France ? Estimez-vous que celle-ci pourra conduire à une généralisation de cet accès direct ou qu’au contraire, l’hostilité du corps médical soit trop importante ?

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