Crise sanitaire et crise économique pour les kinés libéraux

Publié par 11 mai 2020

Ayant dû fermer leur cabinet, les kinés libéraux ont dû faire face à la baisse conséquente de leurs revenus tout en cherchant à rester au contact de leurs patients. Des aides ont bien été décidées dans l’urgence de la situation, mais à l’heure du déconfinement, les inquiétudes se font de plus en plus vives…

La fermeture brutale des cabinets de kinés libéraux, une situation difficile sur un plan médical et économique

 

Alors que le confinement a commencé officiellement le 17 mars sur l’ensemble de l’Hexagone, les kinés libéraux avaient déjà reçu des consignes claires, envoyées par l’Ordre National des Masseurs Kinésithérapeutes dès le 16 mars. Les cabinets de kinésithérapie ont donc baissé le rideau, les kinés libéraux se déplaçant alors au domicile des patients pour les urgences uniquement. Très rapidement, ces professionnels ont souligné les conséquences lourdes, que représentaient cette absence de suivi et de soins pour les patients eux-mêmes. Les conséquences économiques de cette fermeture imposée ont, elles aussi, occupé une bonne partie de l’attention de ces professionnels.

 

La diminution conséquente-voire la disparition totale dans certains cas – de revenus pour les kinés libéraux comme pour d’autres professionnels de santé, a conduit le gouvernement à revoir sa copie s’agissant du fonds de solidarité.  Ainsi, si le premier texte encadrant le fonds de solidarité n’incluait pas les professionnels de santé, le second remédiait à cet oubli. Les kinés libéraux peuvent donc bénéficier de ce fonds de solidarité et percevoir une aide mensuelle jusqu’à 1.500 € à condition de connaître une baisse d’activité de 50 % par rapport à l’année précédente. Décidé dans l’urgence de cette crise sanitaire inédite, cette mesure fait partie d’un vaste plan de soutien à tous les secteurs de l’économie française.

Protéger les kinés libéraux et tous les indépendants « quoi qu’il en coûte »

 

Le chômage partiel a été facilité et ouvert aux maisons de santé pluriprofessionnelles ainsi qu’aux cabinets médicaux, employant du personnel. Très rapidement, les autorités publiques ont appelé à la suspension de tous les prélèvements pour toutes les entreprises comme pour les indépendants. Les kinés libéraux peuvent donc, eux aussi, bénéficier de ce report des paiements URSSAF, cotisations de retraite… Le gouvernement a même appelé les bailleurs à la bienveillance en ce qui concerne le paiement des loyers. Bien qu’elles aient le mérite d’exister, ces aides ne sont pas toujours suffisantes pour permettre aux kinés libéraux de surmonter cette épreuve.

 

Masseur kinésithérapeute à Limoges, Cédric FABRI explique ainsi aux journalistes de France Info :

«  Je perds entre 8 000 et 9 000 euros par mois, et mes charges mensuelles s’élèvent à environ 5 000 euros. Même si les prélèvements de l’URSSAF ou de la caisse de retraite ont été suspendus, ce n’est pas suffisant. Je pense à mes jeunes confrères installés depuis peu. En comparaison, même s’il a été amputé de moitié, leur mois de mars 2020 aura parfois été plus bénéfique que celui de l’an dernier, ce qui les empêchera de toucher l’aide de 1500 euros promise par l’état. »

Des aides spécifiques pour venir en aide aux kinés libéraux et à tous les professionnels de santé

 

Conscient de ces difficultés spécifiques aux professions libérales, le Ministère de la Santé avait fait savoir que des négociations étaient ouvertes depuis le début du mois d’avril pour apporter une réponse adaptée. C’est le 3 mai qu’a été publiée au Journal Officiel l’ordonnance signée, la veille, par le président de la République. Ce texte institue un fonds dédié aux aides accordées aux professionnels de santé particulièrement impactés par la crise du coronavirus. Les kinés libéraux, les médecins généralistes et tous ces soignants dits de ville pourront saisir ce fonds, afin de faire face à leurs charges. L’ordonnance précise, que le montant de l’aide sera calculé en fonction de la situation de chacun, mais aussi par rapport aux éventuelles aides déjà percées. Un premier versement sera effectué à la mi-mai, et la régularisation définitive interviendra après la validation du bilan définitif.

 

Face à ces difficultés, les kinés libéraux sont appelés, depuis le 25 avril, à rouvrir progressivement leur cabinet pour le « soins urgents essentiels et non reportables » (pour les autres patients, le recours au télésoin, autorisé depuis le 17 avril dernier pour les kinés libéraux, ou à la visite à domicile reste de mise). Annoncé progressif, le déconfinement commencera le 11 mai avec de nouvelles habitudes (et de nouvelles dépenses donc) à prendre dans les cabinets. Et certains s’inquiètent déjà de cette reprise et de la difficulté à retrouver le même niveau d’activité qu’avant confinement, d’autant plus que les suspensions de charges (URSAFF, crédit…) sont appelées à être levées. Des difficultés d’un autre ordre donc, face auxquelles les kinés libéraux sont appelés à faire face, même s’ils manquent d’informations précises.

 

Et vous, comment avez-vous passé cette période de confinement ? Et que craignez-vous le plus pour ce déconfinement qui s’annonce ?

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