L’explosion des ouvertures de MSP (Maisons de Santé Pluridisciplinaires)

On connait désormais les chiffres de l’année 2017 relatifs au fonctionnement des Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP), et on ne peut que souligner que l’essor de ces nouvelles structures de santé est impressionnant. Cela se prolongera-t-il dans la durée ?

Les Maisons de Santé Pluriprofessionnelles attirent de plus en plus les kinés libéraux

 

On a déjà souligné que la volonté de multiplier les Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP) ou pluriprofessionnelles reste une des ambitions du gouvernement, ambition souvent réaffirmée par Agnès Buzyn Ministre de la Santé et des Solidarités.  L’ambition est même chiffrée depuis le début de l’année, puisque les autorités ont déjà expliqué vouloir multiplier par 5 ces maisons de santé d’ici la fin du quinquennat (2022). Si le Ministère de la Santé veut croire que cette forme particulière de l’exercice libéral pour les professions médicales et paramédicales permet de lutter plus efficacement contre la désertification médicale d’une part et d’anticiper les besoins de la politique de santé publique de demain, les kinés libéraux et tous les professionnels concernés s’interrogent, quant à eux, sur les réels bénéfices de ce type de structures.

 

Toujours est-il qu’un grand nombre de collectivités locales participent désormais aussi à cette politique, en multipliant les aides (financières, matérielles, administratives…). Les Maisons de Santé Pluridisciplinaires apparaissent donc comme un choix possible, parmi tant d’autres, et aujourd’hui, les kinés libéraux et les autres professions médicales et paramédicales disposent d’une information chiffrée quant à la réalité de ces MSP.

Des données chiffrées sur l’intérêt de ces MSP pour les masseurs kinésithérapeutes

 

C’est la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) qui a publié un rapport concernant l’année 2017. Les chiffres dévoilés, le 04 juin dernier, ne concernent que les 538 maisons de santé adhérentes à l’accord conventionnel interprofessionnel (ACI). Pour ces MSP, la rémunération conventionnelle a atteint, en 2017, 35.6 millions d’euros, ce qui représente une hausse de 96,7 %. L’année 2017 semble donc marquer un nouveau départ pour l’attrait des MSP, à commencer par le nombre de créations, puisqu’on est passé de 424 en 2016 à 538 en 2017 (+ 23 %).

 

Les professionnels de santé paraissent attirer par cette forme d’exercice de leur métier, car si on enregistre une hausse de 23 % du nombre de médecins généralistes (2637 contre 2135 à fin 2016), le nombre de professionnels libéraux exerçant en MSP est passé de 7 157 en 2016 à 9 372 à fin 2017 (+ 31 %). Si les professionnels de santé répondent présents, les patients participent à cet essor, puisqu’ils ont été 27 % de plus en 2017 qu’en 2016 (2.87 millions contre 2.25 millions).

Une tendance de fond ou une hausse épisodique, quel avenir des MSP pour les kinés libéraux ?

 

Si tous les voyants sont au vert pour ces maisons de santé pluridisciplinaires, cela explique que la rémunération conventionnelle a bondi de 18.1 millions d’euros à 2016 à 35.6 millions l’année dernière. C’est l’accord conventionnel d’avril 2017, qui encadre cette nouvelle rémunération conventionnelle, qui variera en fonction de différents critères :

 

• L’accès aux soins non programmés,
• L’amplitude des horaires d’accueil du public,
• La diversité des professionnels de santé, exerçant dans la MSP,
• La prise en charge coordonnée du patient,
• Le suivi et la gestion de la relation avec le patient,
• L’utilisation d’un système d’information partagé.

 

Et pour inciter à la création de ces maisons de santé pluridisciplinaires, les nouvelles MSP peuvent bénéficier d’une garantie de rémunération annuelle d’un montant de 20.000 euros. Même si la CNAM ne détaille pas ces affirmations, elle souligne, néanmoins, que ce nouveau mode d’exercice que sont les MSP attireraient davantage les jeunes diplômés, qu’il s’agisse de kinés libéraux ou d’autres professionnels de santé.

 

Certains kinés libéraux restent néanmoins réticents, en avançant que ces maisons de santé constituent une grave entorse à leur indépendance, alors que d’autres soulignent l’importance des frais générés par ces nouvelles structures. Il faudra attendre la fin de 2018 pour prendre connaissance du bilan de cette année et ainsi vérifier si la tendance amorcée l’année dernière se confirme ou s’amplifie.

 

Et vous, pensez-vous que les maisons de santé vont encore se multiplier dans les années à venir ? Les MSP vont-elles devenir une véritable alternative à la création d’un cabinet de kinés libéraux ?