Devenir kiné en 2025 : une vocation ambitieuse ?

devenir kiné en 2025
Publié par 30 janvier 2025

Devenir kiné constitue-t-il la réponse à une vocation ou à une ambition ? Ou est-ce un investissement à consentir pour un avenir professionnel prometteur ? La question mérite d’être posée.

 

Pour une lycéenne ou un lycéen souhaitant devenir kiné libéral ou hospitalier, l’orientation post-bac apparaît être bien balisée. Le cursus à suivre se révèle être exigeant. Il masque aussi des inégalités criantes, notamment en termes de frais de scolarité. Alors que certains dénoncent la précarisation des étudiants en Masso-kinésithérapie, des questions se posent pour renforcer l’attractivité de cette profession.

 

Une réponse d’autant plus attendue que la France doit former davantage de professionnels de santé en général et de masseurs kinésithérapeutes en particulier. Alors, pourquoi vouloir devenir kiné en 2025 ?

 

Devenir kiné en 2025 : quelles études ? Quel cursus pour concrétiser sa vocation ?

 

Devenir masseur-kinésithérapeute apparaît être toujours une vocation pour de nombreux lycéens. Pour tous, il faudra, au préalable, avoir obtenu le baccalauréat. Certes, les spécialités en mathématiques et / ou en physique-chimie demeurent toujours préconisées, mais elles ne sont pas, en théorie, obligatoires.

 

En revanche, les études en Masso-kinésithérapie supposent des connaissances solides en biologie et en sciences. Ce sont deux disciplines avec lesquelles les candidats devront donc être familiers. Supprimée en 2020, la PACES (Première Année Commune aux Études de Santé) constituait une année préparatoire. En 2025, les étudiants disposent de trois possibilités pour intégrer le cursus, qui les conduira à l’obtention du diplôme d’État de masseur-kinésithérapeute.

 

1.     Le Parcours d’Accès Spécifique Santé (PASS) permet aux candidats de choisir une majeure dans le domaine de la santé et une mineure dans un autre.

2.     La Licence avec Option Santé (LAS) se révèle être une licence avec une mineure en santé.

3.     La licence Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS) ne constitue pas, à l’inverse des deux autres alternatives, une voie officielle. Cependant, une passerelle existe pour permettre aux étudiants de s’inscrire au concours de kinésithérapie.

 

Ce n’est qu’après avoir réussi cette première année universitaire que la formation des futurs kinés peut alors commencer réellement. Les candidats sélectionnés intègrent ainsi l’un des IFMK de France.

 

4 années d’études pour décrocher le diplôme d’État de masseur-kinésithérapeute

 

Les candidats commencent alors un cursus de 4 ans, qui leur permettra d’acquérir les compétences et les connaissances détaillées dans le référentiel officiel. En effet, le diplôme de masseur kinésithérapeute s’impose comme un diplôme d’État. De plus, c’est un titre certifié RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles). Tous les étudiants devront valider chacun de leurs semestres afin de pouvoir passer à l’année suivante. L’intégralité du cursus reste clairement définie. Il s’agit de l’alternance entre les enseignements théoriques dispensés en IFMK et les stages obligatoires (hôpital, cabinet libéral, centre de rééducation…).

 

Depuis 2021, tous les étudiants obtenant ce diplôme d’État peuvent se targuer du grade master (un niveau BAC + 5). Cette évolution, décidée en réponse à une revendication ancienne des masseurs-kinésithérapeutes, reconnait officiellement les 5 années d’études que doivent surmonter tous les étudiants.

 

Ce cursus pour devenir kiné libéral ou hospitalier repose toujours sur une très forte sélectivité. Même si le gouvernement a permis depuis plusieurs années la création de nouveaux IFMK (principalement dans des « déserts médicaux »), le nombre de diplômés ne permet pas de satisfaire à une demande croissante. Aussi, certains étudiants choisissent de partir étudier à l’étranger. Après l’obtention de leur diplôme de kiné (quasi exclusivement dans un autre pays de l’Union européenne), ils peuvent alors revenir en France pour exercer.

 

Certains pays européens se sont même « spécialisés » dans l’accueil des étudiants français, comme l’Espagne. Ce phénomène a tendance à se généraliser, comme le souligne le rapport du Conseil National des Masseurs-Kinésithérapeutes pour l’année 2024. Ainsi, entre 2020 et 2024, le nombre de professionnels titulaires d’un diplôme d’État français a augmenté de 8.9 % (de 67.103 à 73.073), quand les professionnels diplômés hors de France bondissaient de 37,3 % (de 23,728 à 32.574).

 

Une sélectivité importante et des conditions d’accès exigeantes pour des études difficiles

 

Cette réalité souligne la pression mise sur les étudiants en Masso-kinésithérapie. Pour les observateurs, cela conduit inexorablement à une dégradation des conditions d’études pour ces futurs professionnels de santé. C’est ce que dénonçait un collectif, initié par la Fédération Nationale des Étudiants en Kinésithérapie (FNEK) dans une tribune publiée dans les colonnes du Monde en juin 2024. Études de kinésithérapie : « Devenir professionnel de santé ne devrait pas être un luxe ». Les auteurs dénonçaient notamment les inégalités criantes constatées en ce qui concerne les frais de scolarité.

 

Comment se peut-il qu’entre deux étudiants habitant à 50 kilomètres l’un de l’autre et souhaitant exercer la même profession de santé, l’un n’ait d’autre choix que de commencer sa vie active avec le poids d’un prêt de 25 000 euros sur les épaules ? 

 

Les auteurs de la tribune soulignent qu’un étudiant sur trois, inscrit dans des IFMK privés, a contracté un prêt d’une valeur moyenne de 25.000 €. L’intérêt ? Pouvoir faire face à des frais de scolarité jugés prohibitifs. Que dire encore des 4 étudiants sur 10 (42 %) de ces mêmes IFMK privés devant conjuguer leurs études exigeantes avec un emploi étudiant. « La précarité des étudiants en kinésithérapie ne cesse de s’accroître », alerte la tribune.

 

Un avenir professionnel à réenchanter pour les étudiants en masso-kinésithérapie

 

L’avenant 7 à la convention nationale des masseurs-kinésithérapeutes, signé à l’été 2023, devait apporter un premier élément de réponse. D’un côté, les étudiants en Masso-kinésithérapie s’engageaient à un exercice salarié de deux ans ou à un exercice en zone sous-dotée ou très sous-dotée. D’un autre côté, pour répondre à cette entrave à la liberté d’installation, le gouvernement s’engageait à « l’harmonisation des frais de scolarité des IFMK », ou tout du moins des IFMK publics.

 

Cette harmonisation reste encore aujourd’hui une « belle promesse », qui n’est concrétisée par aucune décision concrète. La situation évoluera-t-elle d’ici à la rentrée de septembre 2025 ?

 

Tout cela participe à décourager certains étudiants et à rendre la profession, mais aussi les études supérieures, moins attirantes. Un désintérêt alors même que la France aura besoin, dans les années à venir, de davantage de kinés libéraux et hospitaliers. Dans la tribune publiée dans le monde, les auteurs expliquent que tout cela conduit à « empêcher nombre d’étudiants d’y accéder et accepter de fragiliser le système de santé de demain par un manque de professionnels, synonyme d’un manque de soins pour les populations futures. »

 

Devenir kiné en 2025 implique donc d’être (très) motivé afin de surmonter ces difficultés liées aux conditions d’études. D’autant plus que la profession revendique des revalorisations de leur rémunération en ville comme à l’hôpital.

 

Aujourd’hui, les études pour devenir masseur-kinésithérapeute assurent aux étudiants d’obtenir un diplôme d’État et un grade master. En revanche, les inégalités financières (frais de scolarité) sont criantes et révèlent une grande précarité de ces étudiants. À cette précarité s’ajoutent des conditions d’exercice difficiles, pour lesquelles les professionnels revendiquent de justes et importantes revalorisations. Cela fait de cette vocation (devenir kiné libéral ou hospitalier) une aspiration bien peu attirante. Un constat qui devra être pris en considération et qui appelle des réponses rapides avant que la situation ne se dégrade plus encore. 

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