Grade de Master pour les kinés : quelles conséquences au quotidien ?

Publié par 11 octobre 2021

La reconnaissance du grade de Master pour tous les étudiantes et étudiants décrochant le diplôme d’État de masseur kinésithérapeute à partir de 2022 est désormais officielle. Bien que les conséquences de cette décision soient en apparence limitées, la mesure commence déjà à interroger la profession, une interrogation qui pourrait bien prendre de l’ampleur dans les mois à venir.

Une reconnaissance attendue de longue date, les kinés élevés au rang de grade master

Il suffit de reprendre les anciennes revendications des masseurs-kinésithérapeutes, pour comprendre que leur demande de reconnaissance passait aussi par la reconnaissance de leur niveau de formation. Aussi, lorsque le ministre de la Santé, M. Olivier Véran, annonça, en mai dernier, que les kinés bénéficieraient dorénavant du grade Master, la profession s’en était félicitée, même si les kinés libéraux et hospitaliers ne s’étaient pas, il faut bien l’avouer, enthousiasmé. Depuis, l’annonce est devenue réalité, puisque publiée au Journal Officiel au milieu du mois d’août.

Tous les étudiants kinés bénéficieront donc de ce grade Master à partir de 2021. Car la mesure n’est pas rétroactive. Et c’est ce qui explique le peu d’enthousiasme suscité dans les ranges des kinés libéraux et des masseurs kinésithérapeutes salariés. Eric Wagner, président de l’URPS masseurs-kinésithérapeute Réunion-Mayotte, résume parfaitement la situation en répondant aux journalistes de Clicanoo :

« Cela fait cinq ans que les syndicats représentatifs de la profession le réclamaient. C’est donc une juste reconnaissance, mais dans le fond, ça ne va pas changer grand-chose, sauf pour la rémunération des salariés, mais la majorité de la profession, soit 80%, est en exercice libéral«

Quelles conséquences pour les masseurs kinésithérapeutes ?

Puisque la mesure ne concerne que les étudiants appelés à devenir kiné, les professionnels de santé déjà en exercice, y compris ceux ayant obtenu leur diplôme d’État en 2021, se sentent peu concernés par cette décision. Pour les étudiantes et étudiants, la mesure vaut avant tout reconnaissance du cursus suivi. Une mesure symbolique, qui n’a que peu d’incidence pour les jeunes diplômés choisissant de devenir kiné libéral. En revanche, le grade de Master pourra permettre d’ouvrir de nouvelles négociations pour une revalorisation salariale en ce qui concerne les masseurs kinésithérapeutes hospitaliers et plus généralement les salariés.

Le principal changement, induit par cette reconnaissance, est donc à rechercher du côté de la formation en elle-même. En effet, ce grade de master ouvre en grand les voies de la recherche et de la poursuite d’études vers le doctorat. C’était aussi une demande depuis plusieurs années, et de ce côté-là, les étudiants actuels et ceux à venir pourront donc s’inscrire dans un projet professionnel plus ambitieux.

Certains considèrent donc plus cette reconnaissance comme une récompense symbolique de la profession plutôt qu’une véritable prise en compte des revendications les plus fortes, notamment en ce qui concerne la revalorisation des actes. Et la question va vite revenir sur le devant de la scène.

Tous les kinés élevés au grade master ? Quid de la revalorisation des actes ?

En effet, au quotidien, on imagine difficilement que les kinés diplômés à partir de 2022 seront traités différemment de leurs confrères et consœurs déjà en exercice. Les responsables politiques et l’Assurance Maladie devront donc les considérer tous sur un pied d’égalité, et donc tous « masterisés ». Mais ce changement officiel de grade n’impliquerait-il pas nécessairement une revalorisation des actes ? C’est l’affirmation d’un grand nombre de kinés libéraux et hospitaliers, mais aussi des étudiants actuellement encore dans un IFMK. Et Eric Wagner enfonce le clou en posant LA question :

« Concrètement, serons-nous tous masterisés pour la rémunération des actes ? »

Et si cette question commence déjà à faire débat sur des forums ou sur les réseaux sociaux, elle reviendra en force avec la première promotion de masseurs kinésithérapeutes au grade Master. Nul doute que les débats se feront alors plus revendicatifs, et il reste à s’interroger sur l’attitude qu’adopteront à ce moment-là les responsables de la Santé publique en France.

Et vous, que pensez-vous de cette reconnaissance du diplôme d’État de masseur kinésithérapeute au grade de Master ? Estimez-vous que cela doit nécessairement se traduire en termes de revalorisation des actes, notamment pour les kinés libéraux ?

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