L’exercice coordonné est devenu un objectif prioritaire pour le Ministère de la Santé, et ce, depuis plusieurs années. Bien que les raisons soient compréhensibles et légitimes, les kinés libéraux comme d’autres professionnels de santé nentendent pas que cet exercice coordonné soit une obligation contraignante à l’avenir.
Les Français jugent le système de santé publique
Chaque année, la Mutualité Française étudie le système de santé publique en France pour souligner les problématiques à corriger, mais aussi mettre en avant les points forts relevés parmi l’ensemble des acteurs du soin. L’édition 2020 de cet Observatoire de la Santé (réalisée avant la crise sanitaire du Covid-2019) dresse un constat similaire aux années précédentes, à savoir que la consommation de soins ne cesse d’augmenter en France. Si le vieillissement de la population explique en partie cette augmentation, l’étude souligne que cette hausse concerne tous les âges de la vie et toutes les spécialités médicales et/ou paramédicales.
La deuxième constante résulte de l’offre disparate de soins à travers le territoire hexagonal et la problématique des déserts médicaux s’accroit un peu plus encore. Quil s’agisse de kinés libéraux ou de médecins généralistes, cette disparité dans la densité de soignants constitue à la fois une réclamation de la part des patients mais aussi un des objectifs principaux des autorités sanitaires, qui ont fait de l’égalité des Français devant l’accès aux soins un objectif à atteindre le plus rapidement possible. La volonté d’accélérer les créations de CPTS (Communautés Professionnelles territoriales de Santé) en est une des nombreuses preuves, mais pas la seule.
La coordination des soins, nouvel objectif pour les kinés libéraux et les soignants de ville
La lutte contre la désertification médicale répond à une véritable préoccupation des pouvoirs publics, mais aussi des citoyens. L’Observatoire souligne ainsi la dégradation de la situation. En 2012, 7.6 % de la population résidaient dans un désert médical contre 11.1 % (soit 7.4 millions de personnes) en 2018. Toutefois, des initiatives ont été prises pour faire face à cette évolution, qui nest pas inéluctable. L’exercice coordonné est ainsi favorisé pour la prise en charge des pathologies les plus complexes, mais aussi pour tenter de répondre à cet objectif d’égalité (d’accès aux soins). À ce titre, les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) ont connu une forte augmentation, puisqu’on comptait à fin 2018 1612 MSP, soit une augmentation par rapport à 2019. La même tendance se retrouve avec les Centres de Santé (2283 en 2020).
Et les kinés libéraux sont investis dans toutes ces démarches et initiatives. Ainsi, parmi les CPTS existantes, la Mutualité Française souligne que la composition de celles-ci souligne la mobilisation de tous les professionnels de santé, puisqu’on y retrouve principalement des médecins généralistes, des infirmiers, des pharmaciens et des masseurs kinésithérapeutes avant de retrouver les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes… On retrouve cette même répartition dans les MSP, attestant de l’importance de cet exercice regroupé pour rééquilibrer l’offre de soins.
L’exercice coordonné, le nouveau socle pour les kinés libéraux
Si les données recueillies avant la crise sanitaire inédite que nous traversons encore soulignent la volonté de développer l’exercice coordonné, cette tendance s’est encore accrue à la suite de cette épidémie de Covid-19. Cest ce qui explique que le conseil de l’Union National des Caisses d’Assurance Maladie a ouvert les négociations pour l’avenant 2 à l’accord conventionnel interprofessionnel (ACI). Les objectifs de ces négociations sont clairement affichés :
- Le développement de l’exercice coordonné
- Le déploiement des CPTS
Si les kinés libéraux peuvent comprendre l’importance donnée à ces regroupements de professionnels de santé, ils contestent néanmoins, avec d’autres professions, que cette nécessité devienne une règle contraignante, et que l’installation d’un kiné libéral seul soit, à l’avenir, impossible. Cétait le sens d’une des propositions formulées par cette même Mutualité Française au cours du Ségur de la Santé au début de l’été. Proposition qui na pas été adoptée certes, mais qui ne manquera pas de revenir sur la table des négociations, tant la réforme des soins de ville s’impose désormais comme la prochaine priorité des autorités sanitaires.
Et vous, comprenez-vous cette tendance visant à privilégier l’exercice coordonné quitte à réduire la liberté d’installation du kiné libéral ?
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