Kiné libéral ou salarié ? Quel professionnel en EHPAD ?

Publié par 28 mars 2022

La question de l’organisation des EHPAD est au cœur de l’actualité depuis la publication d’un livre-enquête. De nombreuses études et rapports s’interrogent sur la nécessité de substituer, lorsque cela est possible, des kinés salariés aux kinés libéraux intervenant dans ces établissements.

 

Masseur-kinésithérapeute libéral ou hospitalier, un professionnel de santé au service des personnes âgées

Si le champ d’intervention des masseurs-kinésithérapeutes est vaste, leur action est reconnue comme essentielle pour les personnes âgées, tant dans le domaine de la prévention qu’en ce qui concerne les soins de rééducation. Si cette spécialisation de la profession a déjà fait l’objet de nombreux débats, elle est au cœur aujourd’hui de la vaste réflexion menée sur la nécessaire transformation des Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).

Depuis la publication du livre enquête de Victor Castanet, Les Fossoyeurs, dénonçant le “scandale de certains Ehpad privés”, les multiples commissions (Sénat, IGAS, Assemblée nationale, Cour des Comptes…) ont pointé cette nécessité de repenser la prise en charge des personnes âgées dépendantes. Et les réflexions autour de ces problématiques concernent non seulement l’organisation économique des établissements (publics et privés) mais aussi et surtout les professionnels de santé concernés par ces questions. Et les masseurs – kinésithérapeutes sont pleinement concernés par ces débats et ces questions.

En tant que première profession de santé de la rééducation, les kinés libéraux comme hospitaliers figurent en première ligne quand il s’agit de prévenir la perte d’autonomie pour permettre à leurs patientes et patients de pouvoir continuer à vivre à leur domicile, mais aussi quand il faut prendre en charge l’accompagnement de personnes âgées dépendantes tant à leur domicile qu’en Institution (EHPAD).

 

Le masseur-kinésithérapeute libéral en EHPAD, une situation encadrée

Dans les Instituts comme les EHPADs, la prise en charge du patient doit être globale et ne se limite pas à la seule prise en charge Masso-kinésithérapique. L’objectif visé (autonomie du patient) implique une coordination et un travail d’équipe, au sein duquel la place du masseur-kinésithérapeute est certes essentielle mais insuffisante à elle-seule. Un rapport de la Cour des Comptes, “La prise en charge médicale des personnes âgées en EHPAD, un nouveau modèle à construire” (Février 2022) souligne cette nécessité, tout en mettant en évidence des questions économiques et des problèmes d’attractivité de ces métiers du soin lié au grand âge. Ainsi, si les kinés libéraux peuvent intervenir directement au sein des EHPAD, le rapport souligne les différences résultant des multiples options tarifaires accessibles aux EHPAD, en notant que “les auxiliaires médicaux tels que les kinésithérapeutes peuvent relever d’un financement en soins de ville ou sur le budget de l’établissement.”

 

Vers une nouvelle législation des interventions des kinés libéraux en EHPAD ?

Pour une plus grande efficience de cette prise en charge, plusieurs recommandations sont formulées tant par le rapport de la Cour des Comptes que par celui de la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée Nationale. Outre la refonte du mode de financement des EHPAD et la création d’un véritable service de contrôle de ces établissements, ces recommandations privilégient aussi deux axes essentiels, pour lesquels les masseurs-kinésithérapeutes sont directement liés :

  • Une plus grande efficience des soins prodigués, avec une meilleure coordination entre les différents acteurs,
  • Un effort accru en matière de prévention de la perte d’autonomie.

Pour autant, la sollicitation plus importante des masseurs-kinésithérapeutes dans le projet thérapeutique de ces établissements pose la question du statut des intervenants, statut n’étant pas sans conséquence sur le financement de ces derniers. Exemple à l’appui, le rapport de la Cour des Comptes pointe ainsi que le recrutement de kinésithérapeutes salariés constitue une voie à étudier pour “maîtriser le budget consacré aux interventions des kinésithérapeutes, identifié comme une part importante des dépenses de soins”. Le recours à des masseurs kinésithérapeutes salariés pose alors la question de l’attractivité du statut, et soulève aussi celle de la pénurie de professionnels dans les établissements. C’est une des pistes à creuser et à suivre, selon ces différents rapports, pour rendre ces EHPAD plus efficaces dans leur fonctionnement.

 

Et vous, pensez-vous que les kinés libéraux doivent progressivement être remplacés par des kinés hospitaliers pour assurer l’avenir des EHPAD ? Ou estimez-vous que d’autres voies sont à privilégier ? Lesquelles ?

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