Kinés et professionnels de santé mobilisés pour un système de santé plus efficace

Publié par 9 décembre 2020

Le récent tollé contre la proposition de créer une profession intermédiaire de santé souligne deux approches totalement différentes : créer un nouveau dispositif pour les autorités sanitaires et optimiser l’organisation actuelle pour les kinés libéraux et plus généralement pour tous les professionnels de santé.

La profession intermédiaire de santé pour lutter contre la désertification médicale

 

C’est une disposition, issue des discussions qui ont eu lieu au cours du Ségur de la Santé, qui était passée inaperçue. Le Ministère de la Santé soulignait sa volonté de réfléchir à la création d’une profession intermédiaire de la Santé, souhaitant entamer des discussions sur le sujet avec les ordres concernés, principalement les médecins et les infirmières. Sauf, que cette disposition a trouvé une concrétisation plus rapide que prévue avec la proposition de loi  « visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification ».

 

L’idée de créer une profession intermédiaire de santé, entre le médecin d’une part et l’infirmière d’autre part, a immédiatement conduit à un tollé de tous les ordres et tous les syndicats. Même les doyens des facultés de santé se sont opposés à ce projet. Patrice Diot, président de la conférence des doyens de médecine, soulignait qu’alors qu’il pensait que des négociations devaient être entamées, « nous découvrons par hasard que c’est inscrit dans une proposition de loi, ce n’est pas possible ». Devant cette opposition unanime, la proposition a depuis été retirée, même si elle reste toujours valide et reviendra sur le devant de la scène après la tenue des concertations annoncées.

Quelles solutions efficaces pour rendre le système de soins plus efficients ?  

 

Contrairement à l’objectif clairement affiché (la simplification), les professionnels de santé libéraux, dont les masseurs kinésithérapeutes, se sont ainsi inquiétés de la confusion pouvant naître de cette mesure, alors même que les réformes successives ont rendu la compréhension de notre système de santé difficile par les patients et les patientes. Dans un texte commun, le Centre national des professionnels de santé (CNPS) et la Fédération française des praticiens de santé (FFPS) ont donc proposé au contraire de « de capitaliser sur les nouvelles logiques libérales d’organisations coordonnées des soins de proximité et d’engager un travail de fond sur les contours des différentes professions. »

 

Si la proposition de loi relative à la création de cette profession intermédiaire ne concernait pas directement les masseurs kinésithérapeutes, il présupposait néanmoins l’approche des autorités sanitaires. Libérer du temps médical en réorganisant si besoin le parcours de soins serait donc la voie à suivre, alors que de nombreux professionnels de santé considèrent que des voies d’amélioration sont mobilisables plus rapidement pour rendre le Système de Santé plus efficient. Ainsi, le Syndicat National des Masseurs-Kinésithérapeutes Rééducateurs (SNMKR) soulignait lors d’un échange avec Mme Nathalie Delattre, Vice-Présidente du Sénat :

 

La crise sanitaire a mis en évidence une sous-utilisation, regrettable, des kinésithérapeutes et de leurs compétences malgré un volontarisme évident de la profession.

 

Les pistes avancées pour résoudre cette problématique sont demandées depuis de nombreuses années par les kinés libéraux ou hospitaliers, et cela commence par la reconnaissance de la kinésithérapie comme profession médicale à compétences définies. Cette reconnaissance répondrait à de multiples exigences, à commencer par une optimisation du maillage sanitaire de l’Hexagone. Cette reconnaissance permettrait aussi de renforcer les efforts déjà entrepris en ce qui concerne l’accès direct aux masseurs-kinésithérapeutes dans le cas des lombalgies aiguës et des torsions de cheville. Bien que ces mesures aient été prises pour simplifier le parcours de soins, mais aussi pour libérer du temps médical, la réalité met en évidence des complexités et des lourdeurs, rendant le dispositif moins bénéfique tant pour le masseur kinésithérapeute et son patient que pour la simplification du système de santé.

 

C’est donc une approche différente – et cela ne surprendra personne – qu’ont décidé de suivre les professionnels de santé en général et les masseurs kinésithérapeutes en particulier. Une approche pragmatique, visant à s’appuyer sur les professionnels de santé, prêts à se mobiliser. La demande sera-t-elle entendue par le Ministère de la Santé ? Il faudra attendre les mois qui viennent pour le savoir.

 

Pour vous, quelles seraient les solutions à rendre pour rendre le système plus efficace ? La création d’une profession intermédiaire vous semble-t-elle aller à « contre-courant « ?

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