Kinés libéraux, chiropracteurs et ostéopathes, des complémentarités ou des oppositions ?

Publié par 2 juillet 2020

C’est un sujet récurrent dans l’univers des masseurs kinésithérapeutes. Quelle doit être leur position et leur attitude face à des chiropracteurs et des ostéopathes ? Représentent-ils une certaine forme de concurrence « déloyale », dans la mesure où seuls les masseurs kinésithérapeutes doivent respecter leur statut de professionnels de santé ? 

Une concurrence nombreuse et variée pour les masseurs kinésithérapeutes

Qu’ils exercent à l’hôpital ou dans un cabinet de kinés libéraux, les masseurs kinésithérapeutes prodiguent leurs soins dans le cadre (très strict et réglementé) de la loi. En tant qu’auxiliaires de santé, dont le remboursement des soins est pris en charge par l’Assurance Maladie, ils doivent veiller à respecter les règles sanitaires et déontologiques. Ils doivent notamment se soumettre à l’interdiction de publicité et de promotion qui leur est faire, même si face à eux, leurs concurrents ne sont pas toujours soumis aux mêmes réserves.

 

Il faut dire, que pour les patients, le choix d’un kiné libéral peut être difficile à effectuer tant il existe de disciplines proposant la prise en charge de bien des pathologies. Les rhumatologues comme les ostéopathes, les rebouteux comme les chiropracteurs… répondent eux aussi aux attentes de leurs patients. Ces derniers peuvent avoir du mal à se repérer et à choisir entre la réflexologie plantaire, l’étiopathie ou encore le shiatsu.

 

La tendance d’un « retour à la nature » se traduit sur un plan médical par une (re)découverte de bon nombre de ces médecines douces.  Certains praticiens usent alors de méthodes jugées déloyales pour détourner une partie de la clientèle des masseurs kinésithérapeutes. Et chaque cabinet de kinés libéraux doit être en mesure de réagir pour ne pas mettre en danger la poursuite de son activité. Mais comment ?

Kinésithérapie, chiropraxie et ostéopathie, une reconnaissance officielle pour guider les patients

 

L’autorité publique reconnait la Masso-kinésithérapie, la chiropraxie et l’ostéopathie. Spécialiste de la colonne vertébrale, le chiropracteur doit suivre une formation s’étalant sur 6 années d’études, et se caractérisant par une formation répondant à un standard international. À l’inverse, pour devenir ostéopathe, l’étudiant peut soit décider de suivre un cursus de 5 ans, ou alors se décider pour une formation de 200 à 400 heures après des études de médecine et/ou de kinésithérapie. En France, seule une très faible minorité (environ 5 %) a suivi le cursus complet d’ostéopathie. Sur les 29612 ostéopathes répartis en France en 2018, on comptabilisait 17897 professionnels n’exerçant que l’ostéopathie, alors que 11715 étaient des professionnels de santé, exerçant à titre complémentaire cette discipline, comme le masseur kinésithérapeute ostéopathe notamment.

 

Bien que les 3 professions soient à la fois différentes et complémentaires, les kinés libéraux et hospitaliers ont fait entendre leur mécontentement en 2018, quand le Ministère de la Santé a fait évoluer l’encadrement de la chiropraxie.

Des kinés en conflit avec la chiropraxie et l’ostéopathie ? Une situation à apaiser

 

Si les oppositions entre les deux professions sont anciennes, la colère des masseurs kinésithérapeutes s’est renforcée, après la publication d’un arrêté encadrant la formation des chiropracteurs en février 2018. A l’origine de cette grogne, deux évolutions de la législation :

  • Le diplôme de chiropraxie a été reconnu au grade de Master, une reconnaissance que les masseurs kinésithérapeutes réclamaient depuis plusieurs années et toujours refusée par les autorités de tutelle.
  • Les kinés libéraux notamment estiment que les nouveaux soins accordés aux chiropracteurs relèvent de leurs compétences.

 

Bien que le Ministère de la Santé ait tenté d’apaiser la situation, l’ordre des masseurs kinésithérapeutes s’alarmait de la situation et reprochait à cette nouvelle organisation de la chiropraxie de faire «  (…)  mention dans ses annexes de l’enseignement dans les écoles de chiropraxie de multiples techniques de soins qui vont bien au-delà de la simple manipulation articulaire et empiètent très largement sur le champ de la rééducation fonctionnelle ».

 

Ce reproche était adressé en même temps que les masseurs kinésithérapeutes rappelaient que les chiropracteurs n’étaient pas des professionnels de santé et donc non soumis à certaines obligations, qui s’imposent aux kinés libéraux.  De leur côté, les chiropracteurs s’étaient défendus de vouloir se substituer aux masseurs kinésithérapeutes. Deux ans après, la tension reste vive entre les deux professions, dont chacune n’est pas prête à concéder du terrain. Et en cette période de réforme profonde du système de la santé en France, de nouveaux sujets de discorde pourraient être mis à l’ordre du jour des débats dans les semaines à venir.

 

Et vous comment considérez-vous la « concurrence » des chiropracteurs et des ostéopathes ? Estimez-vous que de nouvelles règles, visant à sécuriser chacune de ces professions, devraient être édictées ?

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