Depuis des mois, les représentants des masseurs kinésithérapeutes négocient avec l’Assurance Maladie. Aujourd’hui, la profession en appelle au gouvernement pour sortir ces négociations d’une impasse.
Les négociations entre l’Assurance Maladie et les kinés, source de crispation
Depuis près d’un an, les masseurs kinésithérapeutes et l’Assurance Maladie négocient. Pour les kinés libéraux et hospitaliers, il s’agit notamment d’obtenir une revalorisation de leur rémunération. Une ambition, qui s’est renforcée ces dernières semaines avec l’inflation galopante qui impacte l’économie française. Si la situation économique impacte tous les professionnels de santé, elle est encore plus lourde de conséquences pour les kinés libéraux. Cest ce que souligne le syndicat Alizé en expliquant que « kinésithérapie est la seule profession de santé libérale dont les revenus moyens ont décroché par rapport à l’inflation ». Les revalorisations salariales doivent donc être à la hauteur des attentes.
Pour l’Assurance Maladie, ces négociations doivent permettre de préparer les nécessaires transformations de notre système de santé, surtout en luttant plus efficacement contre les déserts médicaux. Elles doivent également s’inscrire dans l’ambition publique d’optimiser la gestion des finances de la Sécurité Sociale. Aussi, l’Assurance Maladie a détaillé la hausse des moyens consacrés à la kinésithérapie, qui s’explique en partie, selon elle, par l’augmentation continue du nombre de professionnels de santé (une hausse moyenne annuelle de 3 % du nombre de masseurs kinésithérapeutes depuis 2011).
La démographie des kinés libéraux en question ?
Pour pouvoir concrétiser ses ambitions, l’Assurance Maladie a déjà émis plusieurs propositions. Pour ce qui concerne la lutte contre les déserts médicaux (et donc les efforts pour garantir l’égalité d’accès aux soins), il a été rappelé l’importance des kinés libéraux, notamment depuis que l’accès direct à la kinésithérapie est expérimenté. Mais l’Assurance Maladie veut aussi mieux encadrer la répartition de ces professionnels. Il s’agit d’une ambition visant deux objectifs :
- Optimiser le maillage territorial des kinés libéraux, en constatant que certaines régions sont largement surdotées alors que d’autres peinent à attirer les kinés libéraux sur leur territoire,
- Accroître de manière significative le nombre de masseurs kinésithérapeutes en centres de santé (hôpital, EHPAD…)
Plusieurs propositions ont été faites en ce sens. L’Assurance Maladie propose ainsi de remplacer la règle du « 1 départ pour une arrivée » dans les zones sur-denses, par la règle du « 1 arrivée pour deux départs ». D’autre part, l’Assurance Maladie propose que les nouveaux kinés souhaitant s’installer en libéral doivent alors s’installer pendant 3 ans en « zone sous-dense » ou alors travailler pendant 3 ans dans un établissement de santé. Ces propositions ont suscité la colère de toute la profession.
Les masseurs kinésithérapeutes opposés à une nouvelle régulation
Pour la Fédération Française des Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs (FFMKR), ces propositions ne peuvent être entendues. La fédération souligne les prévisions annonçant « un accroissement du besoin en soins kinésithérapiques pour accompagner le tsunami des maladies chroniques et du vieillissement de la population ».
En outre, la profession dénonce les impacts qu’auraient de telles dispositions sur les jeunes kinés préparant leur insertion professionnelle. La profession souligne que travailler 3 ans en établissement de santé (en préalable de leur future installation) constitue un obstacle économique pour des étudiants ayant dû s’endetter parfois pour poursuivre leurs études.
Pour la profession, ces propositions sont inacceptables en l’état. Cest ce que conclut également la FFMKR qui écrit :
« Le durcissement de la régulation démographique s’intensifie sans véritable compensation financière nouvelle. »
Les kinés libéraux d’un côté et l’Assurance Maladie de l’autre restent campés sur leur position, rendant l’issue des négociations très incertaine. Cest pourquoi, les kinés en appellent au gouvernement pour « débloquer la situation ». L’appel sera-t-il entendu, alors que le gouvernement a lancé, il y a quelques jours, le CNR Santé censé imaginer l’avenir de notre système de santé ?
Comment jugez-vous les propositions faites par l’Assurance Maladie ? Quelles seraient selon vous les dispositions à prendre pour mieux réguler la démographie de la profession ?
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