Ces derniers mois, les tensions entre les médecins généralistes et d’autres professionnels de santé, dont les kinés libéraux, se sont tendues. L’examen de la loi RIST explique en partie ces tensions, qu’il faut désormais apaiser pour pouvoir se projeter dans l’avenir.
Relation médecin généraliste et kiné libéral : une discussion difficile ou impossible ?
Les débats qui ont entouré l’adoption de la loi RIST ont montré à quel point les relations entre les kinés libéraux et les médecins généralistes étaient loin d’être apaisées. En officialisant la possibilité de l’accès direct aux kinés libéraux (et à d’autres professionnels de santé), le législateur a réveillé la colère des médecins. D’un côté, les kinés libéraux, qui se sont toujours dits prêts à participer à la lutte contre les problématiques d’accès aux soins pour tous les patients, ont félicité l’initiative. Ils ont ainsi pu détailler les atouts d’un tel partage/délégation de compétences pour « libérer du temps médical » tant pour les patients d’une part que pour l’ensemble des professionnels de santé d’autre part. Certains ont alors accusé les médecins d’une position corporatiste à un moment où l’organisation du système de santé pose vraiment problème sur certains territoires. À la fin de l’année 2022, la présidente du syndicat MG France, la docteure Agnès Giannotti expliquait donc aux journalistes d’Egora :
« Ce nest pas notre part du gâteau que nous voulons préserver, contrairement à ce qui est présenté. Le partage d’actes en soi est envisageable, mais tout dépend du cadre et du parcours de soins. Si ce partage d’actes se fait au détriment du parcours de soins du patient ou qu’il le désorganise, nous nallons pas être d’accord. »
Certes, la loi a été officiellement adoptée. Mais il faut maintenant, et toutes les parties prenantes en conviennent, réussir à renouer le dialogue et ne pas rester sur des positions irréconciliables.
Rapprocher les kinés libéraux des médecins généralistes, un premier pas pour apaiser les relations
De nombreuses initiatives se multiplient partout en France pour rapprocher les médecins généralistes et les kinés libéraux. Ainsi, le 24 mai dernier, les masseurs kinésithérapeutes de la CPTS Pictave Santé, localisée à Poitiers et dans les villes voisines, avaient ainsi organisé un « speed dating » pour réunir kinés libéraux et médecins traitants. L’objectif des masseurs kinésithérapeutes était clair et simple : « Que les médecins sachent qui fait quoi et puissent faire la prescription la plus adaptée possible aux patients”. En duo (un kiné et un médecin), les soignants ont donc pu échanger et apprendre à mieux connaitre les spécialités de chacun. Un médecin interrogé a reconnu l’utilité d’une telle opération :
« Cest hyper intéressant de voir à quel point vous avez chacun vos spécialités et à quel point vous êtes spécialistes d’un domaine”.
Car si l’un des objectifs est de renouer le contact, une autre finalité consiste bien à améliorer le parcours des soins des patients, en donnant la possibilité à chaque soignant de savoir vers quel soignant orienter leurs patients vers tel ou tel professionnel de santé. Cette initiative locale a séduit l’ensemble des participants et pourrait être envisagée, sous une autre forme, à plus grande échelle. La coordinatrice de la CPTS a ainsi déjà souligné que l’expérience pourrait être étendue au « territoire départemental » en concluant cette rencontre : « On se rend compte que les praticiens ne se connaissent pas entre eux. » Ce genre d’initiative sera-t-il généralisé à tout le territoire ? On peut l’espérer pour au moins essayer amorcer une reprise de relations plus apaisées…
Estimez-vous que ce genre d’échanges puisse améliorer, sur le moyen et le long terme, les rapports entre kinés libéraux et médecins généralistes ? Comment expliquez-vous la persistance de ces tensions entre les professionnels de santé ?
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