Les besoins en Masso-kinésithérapie ne sont pas tous pourvus, tant à l’hôpital qu’en ville. Pour autant, les autorités sanitaires ont décidé de concentrer leurs efforts pour attirer toujours plus de nouveaux kinés à l’hôpital pour accompagner la réforme de notre système de santé. La stratégie retenue va-t-elle modifier en profondeur la répartition entre les kinés libéraux et les kinés hospitaliers ?
La reconnaissance des études des kinésithérapeutes, un premier pas pour une revalorisation salariale ?
Les masseurs kinésithérapeutes de France se félicitent d’une meilleure reconnaissance de leur cursus. Le ministre de la Santé, Olivier Véran a confirmé que l’obtention du diplôme d’État de Masseur Kinésithérapeute leur conférait désormais le grade de Master 2 et non plus de Master 1. En faisant droit à cette revendication déjà ancienne de la profession, le ministère de la Santé fait plus que changer le grade de la formation de kinésithérapie, mais ouvre de nouvelles perspectives à tous les étudiants et étudiantes. Les diplômés en kinésithérapie nauront plus à faire une année supplémentaire pour pouvoir préparer leur thèse et leur doctorat. Cela facilite les recherches pour les kinés et permet donc d’envisager plus sereinement l’avenir. Cest ce que confirme Cécile Huiban, directrice de l’institut paramédical des métiers de la rééducation à Nevers, aux journalistes du journal du centre : « Cest notamment pour cela qu’il y avait jusqu’ici très peu de docteurs en kinésithérapie. Moins d’une dizaine en France sur 35 écoles. Cela peut pousser les étudiants à poursuivre et avoir un pied dans l’aspect clinique de la profession et un pied dans celui de la recherche ».
Car cette décision répond aussi à d’autres ambitions du ministère de la Santé, qui ne cesse de souligner sa volonté de réformer profondément le système de santé et notamment les professions paramédicales pour rendre la voie hospitalière plus attractive pour les jeunes diplômés.
Reconnaissance et revalorisation salariale pour changer l’image de la carrière du kiné hospitalier
« Seuls 50 % des postes de kinésithérapeutes sont pourvus dans les hôpitaux » souligne Mme Huiban, et cette pénurie chronique et continue a poussé les autorités publiques à recruter de plus en plus de kinés étrangers, mais aussi de transformer les postes recherchés, en élargissant le recrutement à des éducateurs spécialisés notamment. Et cette reconnaissance du diplôme pourrait changer la donne, en assurant aux jeunes kinésithérapeutes la possibilité de concilier leur pratique quotidienne avec de la recherche. Une opportunité qui profitera également de la multiplication des partenariats hôpitaux publics – laboratoires privés.
La fonction hospitalière dispose désormais de plus d’atouts pour attirer les jeunes diplômés de kinésithérapie. Et la revalorisation salariale, actée par le Ségur de la Santé, participe de ce mouvement, d’autant plus que le ministère de la Santé a déjà affirmé vouloir renforcer cette stratégie. Dans les prochains mois, de nouvelles revalorisations salariales pourraient être dévoilées tant pour les kinés que pour bon nombre de professions.
Choix de vie ou rémunération, comment les kinés choisissent leur mode d’exercice ?
Aujourd’hui, la très grande majorité des kinésithérapeutes choisissent la voie de l’exercice libéral à la sortie de leurs études. Au 1er janvier 2020, l’Ordre comptabilisait 90.315 masseurs kinésithérapeutes, dont 13.280 salariés (14.7 %) et 77.035 libéraux (85.3 %). Bien que la rémunération, parfois 3 ou 4 fois plus importante que la fonction hospitalière, soit un élément déterminant dans ce choix de devenir kiné libéral, la tendance pourrait connaître une évolution dans ces prochaines années. En effet, non seulement les carrières pourront désormais offrir plus d’opportunités aux kinés hospitaliers et la revalorisation salariale rendra ce choix plus intéressant, mais les étudiants pourront aussi entendre les discours des autorités sanitaires, mettant en avant la qualité de vie (salariat, congés payés, possibilité d’évolution…). Des arguments, qui sont bien entendus des plus jeunes générations. Ce sont en tout cas les espoirs du ministère de la Santé, qui devra néanmoins attendre quelques années avant de s’assurer que la stratégie déployée était la bonne.
Et vous, considérez-vous que le rapport entre kinés libéraux et kinés hospitaliers va connaître une telle évolution dans les années à venir ? Le choix d’une carrière hospitalière vous apparaît-il aujourd’hui plus attrayant qu’il y a quelques années ? Et si vous deviez faire votre choix en 2021, choisiriez-vous de devenir kiné libéral ou hospitalier ?
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