La CPAM s’engage contre le mal de dos en oubliant les kinés ?

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Publié par 23 avril 2018

Depuis plusieurs semaines maintenant, une grande campagne d’information à destination du grand public ambitionne de lutter contre les idées reçues sur le mal de dos. Certains kinés libéraux se sont étonnés de ne pas être associés à la démarche.  

Mal de dos ou « mal du siècle », le fléau des lombalgies !

 

Qualifié de « mal du siècle », le mal de dos reste pourtant méconnu du grand public, alors qu’il concerne une grande partie de la population.  La lombalgie est ainsi le second motif de consultation d’un médecin généraliste. À lui seul, le lumbago serait responsable d’un arrêt de travail sur 5, et on comprend mieux les enjeux que cela peut représenter. Des enjeux de santé publique d’une part, puisque la lombalgie aiguë nuit à la qualité de vie des patients. Mais aussi des enjeux financiers, car l’Assurance Maladie estime le coût de ce dernier à 661 millions d’euros pour la branche Maladie. Il convient d’ajouter à ce coût, le milliard d’euros que représentent les lombalgies dans le budget de la branche accidents du travail / maladie professionnelle (580 millions d’euros pour les arrêts de travail).

 

Entre lumbago, mal de dos, tour de reins, l’Assurance Maladie reconnait en outre, que «?Ces chiffres sont certainement sous-évalués?», notamment à cause de la difficulté à identifier ces cas de lombalgie aiguë dans les bases du Sniiram (Système National d’Information Inter Régimes de l’Assurance Maladie). Les cabinets de masseurs kinésithérapeutes libéraux connaissent bien le sujet, puisqu’une partie de ces patientes et patients poussent régulièrement les portes de leur cabinet.

Une vaste campagne pour agir contre le mal de dos !

 

Il n’est pas étonnant que ce mal, qui concerne une grande partie de la population, fasse partie des objectifs prioritaires pour l’Assurance Maladie. Aussi, depuis le mois de novembre dernier, une vaste campagne de médiatisation a été lancée pour faire connaître le mal de dos aux patients. Cette campagne est ambitieuse puisqu’elle est appelée à durer 3 ans, avec une diffusion récurrente de spots publicitaires, mais aussi d’informations diffusées sur les canaux digitaux (Facebook, site Internet…). Si l’objectif est louable, certains masseurs kinésithérapeutes se sont sentis choqués de ne pas avoir été consultés et trouvent anormal que les kinés libéraux ne soient pas plus mis en avant au cours de cette campagne. De son côté, l’Assurance Maladie se défend en insistant sur le caractère éducatif et incitatif de cette campagne.

 

En effet, selon un sondage BVA, si 24 % des Français estiment que la lombalgie est une pathologie grave, ils sont 78 % à penser que le meilleur remède consiste à se reposer. C’est pour combattre ces fausses croyances, que la campagne a été logiquement baptisée : « Mal de dos?? Le bon traitement, c’est le mouvement ».

Du mal de dos à la consultation des kinés libéraux ….

 

Le message est clair et répété sur tous les supports : «?en cas de mal de dos, le maintien de l’activité physique est la meilleure voie de guérison?». Le site Internet de l’Assurance Maladie ainsi qu’une page Facebook permettent de retrouver les principaux messages destinés à mieux faire connaître la lombalgie aiguë. Mais la campagne d’information entend bien donner des conseils pratiques et des exercices physiques à réaliser tant dans ses brochures papier que sur l’application gratuite dédiée : Activ ’dos.

«?Seul le mouvement entretient la tonicité musculaire, la force ligamentaire et permet de lutter contre la lombalgie et sa chronicisation?» explique donc cette ambitieuse campagne d’information.

Certains kinés libéraux ont dénoncé cette approche, qui s’est faite sans consultation ni concertation. Le Collège de la Masso-Kinésithérapie est bien cité en fin de brochure avec toutes les autres structures ayant participé à la rédaction de ces livrets. Enfin, la Société Française de Physiothérapie a publié, en mars 2018, un avis sur cette campagne de prévention. Reconnaissant la nécessité d’informer le grand public, cet avis souligne quelques points à corriger en fonction des supports utilisés et préconise notamment une plus grande implication de la kinésithérapie en général et des kinésithérapeutes libéraux notamment. On peut ainsi y lire :

 

«  Plusieurs études récentes et de bonne qualité sur l’accès direct du patient à la kinésithérapie montrent qu’un accès tardif rallonge le parcours de soin pour les patients. Ceci engendrerait plus de coûts supplémentaires pour la société (imageries, médication, séances de kinésithérapie supplémentaires, chirurgie).”

 

Comme la campagne est appelée à durer encore de longs mois, ces arguments seront-ils pris en compte dans un avenir proche. Il nous faudra le vérifier.

 

Et vous, que pensez-vous de cette campagne d’information à destination du grand public ? Estimez-vous que les kinés libéraux auraient dû être plus mis à contribution ?

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