Les rétrospectives 2022 et les perspectives 2023 se multiplient en cette période. La tendance reste aujourd’hui encore à la sinistrose. Si des problèmes persistent, encore faut-il souligner, qu’à force de ténacité, les kinés libéraux et hospitaliers obtiennent parfois des réponses positives à leurs revendications à condition de savoir faire preuve de… patience.
Les kinés libéraux à nouveau maillon essentiel face à l’épidémie de bronchiolite
Alors que les kinés libéraux restent très circonspects quant à l’année 2023, après une année 2022 en demi-teinte, ils peuvent néanmoins se féliciter de certaines « bonnes nouvelles » concernant directement leur profession. En attendant les conclusions et les décisions découlant du CNR Santé, les masseurs kinésithérapeutes libéraux ou hospitaliers ne peuvent ainsi que se réjouir que les autorités publiques aient officiellement reconnu leur rôle et leur importance dans le traitement de la bronchiolite pour les nourrissons. Le 22 novembre dernier, une instruction du ministère de la Santé et de la prévention rappelait la nécessité de « mobiliser l’ensemble des ressources extra hospitalières pouvant venir en soutien des services hospitaliers de pédiatrie, dont les kinésithérapeutes. »
Elle soulignait ainsi la nécessité de faire appel aux kinés libéraux pour la surveillance et le traitement des enfants atteints de bronchiolite, lorsque ceux-ci restaient à leur domicile. Enfin, le ministère rappelait que les kinés libéraux avaient un rôle à jouer en matière de prévention, d’information et de sensibilisation, souhaitant par là-même dépasser la simple question des manipulations de désencombrement bronchique, qui avait conduit à la publication de l’avis de la Haute Autorité de Santé (HAS) en 2019 (un avis qui avait semé le trouble dans l’esprit des patients en général et des parents en particulier).
Quand la lutte contre les déserts médicaux profite aux futurs kinés libéraux !
Si la profession de masseurs-kinésithérapeutes est porteuse de nombreuses revendications, certains sujets sont récurrents et mobilisent les efforts de chacun depuis bien des années. Ainsi en est-il des frais de scolarité pour les Instituts de Formation en Masso Kinésithérapie (IFMK). Lorsque la gestion de ces établissements publics de formation a été déléguée aux Régions en 2017, certaines d’entre elles ont augmenté considérablement le montant de ces frais. À Rouen, les futurs kinés libéraux ou hospitaliers ont ainsi vu ces frais passer de 184 à 4.700 . La Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (Fnek) s’était alarmée de cette décision, poursuivant même la région devant les instances compétentes.
Du côté des autorités politiques, on expliquait cette hausse (les frais ont été multipliés par 25) par la volonté de garantir l’équité entre les instituts de formation publics et ceux relevant du privé. Pour lutter contre la désertification médicale, la région soulignait aussi que les étudiants, s’engageant dans la voie salariée ou s’installant en libéral dans un secteur sous-doté, pouvaient prétendre au remboursement de ces frais. En revanche, un jeune kiné libéral s’installant dans un autre secteur ne pouvait prétendre à rien.
En novembre dernier, le Conseil d’État rendait une décision sur ce dossier. La plus haute juridiction administrative de France fixait alors un délai de deux mois à l’État pour que ce dernier définisse les tarifs. Cest donc en ce mois de janvier que l’État devrait, selon toute vraisemblance, fixer ces tarifs sur la base de ceux pratiqués pour une inscription à l’université. Et cela créerait alors une jurisprudence tendant à apaiser ce débat, qui, chaque année, revient sur le devant de la scène.
À travers ces deux réalités, qui concernent deux aspects bien différents de la réalité du quotidien d’un kiné libéral en 2023, la profession peut donc éviter de tomber dans une morosité persistante. Des solutions existent bien pour faire avancer les revendications portées par la profession, même s’il faut reconnaître que ces deux exemples soulignent à quel point il est nécessaire d’être … patient. Peut-on encore faire preuve de patience, quand le système de santé apparaît, aux dires mêmes des autorités publiques, au bord de l’asphyxie ?
Comprenez-vous qu’il faille des années pour faire évoluer les choses ? Estimez-vous qu’il faille accélérer sur les réformes à adopter ou qu’il faille d’abord se concentrer pour accélérer les prises de décision ? Et pour vous, quelle est la priorité absolue pour la profession ?
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