La relation kiné / patient de plus en plus “violente” ?

Publié par 10 mai 2021

Au quotidien, les actes de violences verbales ou physiques se multiplient à l’encontre des soignants en général et des kinés libéraux en particulier. Bien qu’il soit difficile d’en mesurer précisément l’ampleur, cette violence tend à dégrader la relation de soins entre le soignant et son patient.

 

La relation entre un kinésithérapeute et le patient, une source de violence ?

Qu’il exerce à l’hôpital ou au sein de son cabinet de kinésithérapie, le masseur kinésithérapeute, comme tous les autres soignants, doit avant tout créer, entretenir et renforcer la relation avec son ou sa patient(e). Outre les soins prodigués, cette relation est au cœur même de la mission du masseur kinésithérapeute. Comme pour toutes les professions de santé, cette relation soignant / patient est strictement encadré tant par le Code de la Santé Publique que par le Code de déontologie. Et pour garantir la qualité des soins, cette relation de confiance doit être réciproque. C’est notamment ainsi, que les risques de dégradation de la relation ainsi que les risques de violences seront atténués. Et ces risques existent bel et bien, pour de multiples raisons.

Il est difficile de connaitre l’ampleur du phénomène, puisque ces faits de violences, aussi bien physiques que verbales, en ville comme à l’hôpital, sont rarement remontées de manière officielle, comme si les kinés libéraux et les autres soignants les considéraient comme normales ou tout du moins inévitables. C’est également ce qu’il ressort de la publication, le 16 mars dernier, du rapport annuel de l’Observatoire National des violences en milieu de santé.

 

Quelles violences face aux soignants ? Un état des lieux incomplet

Cette édition basée du les données de l’année 2019 confirme que les soignants sont de plus en plus soumis à une forme de violence, qui a tendance à devenir quotidienne. 26.060 signalements ont été adressés de manière officielle à l’Observatoire, ce qui constitue une hausse de 10 % par rapport à l’année 2018. Pour l’essentiel, ces données ne concernent que le milieu hospitalier, tant l’exercice isolé tant pour les médecins que pour les kinés rend difficile de telles remontées. En effet, seul face à son patient et à sa famille, le soignant peut ressentir une certaine complexité à faire état des violences dont il se sent victime. Plus encore lorsque le kiné libéral se déplace au domicile du patient, puisque « certains patients et leur famille font sentir qu’ils sont dans une position de domination sur le soignant ».

On peut néanmoins supposer, que les grandes typologies des causes de cette violence verbale ou physique soient similaires en ville comme à l’hôpital. Le plus souvent, ce sont des reproches relatifs à la prise en charge, qui sont à l’origine de ces actes délictueux, alors que le délai pour obtenir les soins demandés figure lui-aussi parmi les causes les plus souvent invoquées.

 

Un délitement de la relation patient – kiné à ne pas négliger

D’autres situations sont encore plus complexes à gérer s’agissant d’un kiné libéral. Comme nous l’avions déjà analysé dans un précédent dossier, les masseurs kinésithérapeutes se sont vus attribuer un rôle de surveillance s’agissant des violences familiales et des violences faites aux femmes. Ce rôle est par nature une source de violence potentielle, émanant de la patiente elle-même mais aussi et surtout de son entourage, voire de son conjoint violent. Contrairement à une structure hospitalière, le kiné libéral doit alors non seulement faire face à de tels agissements et réussir à les canaliser, tout en veillant à ne pas être victime par la suite de représailles physiques ou verbales (notamment sur les réseaux sociaux). Une complexité, qui ne plaide pas à une connaissance plus fine de ces violences commises à l’égard des kinés libéraux notamment, puisque ne conduisant pas à l’exhaustivité des signalements.

Toujours est-il que ces comportements violents, principalement verbalement, se multiplient à mesure que la relation soignant/patient se détériore. En remettant en cause les connaissances et les compétences du kiné libéral et plus généralement du soignant, les patients dégradent non seulement la confiance inhérente à cette relation mais aussi la juste distance, indispensable à une relation de soins apaisée.

 

Et vous, avez-vous constaté une dégradation des relations avec les patients ? Comment réagissez-vous en cas de violences verbales ? En êtes-vous souvent victime ?

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