La robotisation et l’avenir de la relation kiné-patient en question !

Publié par 3 novembre 2021

Les robots sont appelés à prendre de plus en plus d’importance dans le système de soins, notamment en ce qui concerne la kinésithérapie. Cela aura-t-il des incidences sur la relation entre le kiné libéral et ses patients ?

La kinésithérapie du futur se prépare aujourd’hui

 

Quand on parle d’innovations pour les cabinets de kinés libéraux et plus généralement de cabinets médicaux, on pense souvent aux outils numériques qui ont permis aux professionnels de santé de faire évoluer leurs pratiques. Le déploiement dans quelques semaines du dispositif « Mon Programme Santé » en est une illustration parfaite. Mais, ces innovations permettent aussi, dans certains cas, de faire évoluer les soins prodigués aux patients. On pense alors à ces robots masseurs, dont le développement inquiète autant qu’il fascine. Et ces kinés robotisés ne sont pas l’apanage des grandes puissances asiatiques, puisqu’en France aussi, on se prépare à la kinésithérapie du futur. 

 

Ainsi, depuis 2016, le projet KERAAL, porté par IMT Atlantique (Institut Mines-Télécom), le CHRU de Brest et la start-up Génération robots, développe le robot Poppy, destiné à coacher les patients pendant leurs séances de rééducation. Déjà testé auprès de plusieurs patients en 2018, Poppy a démontré sa capacité à atteindre les mêmes résultats que des séances de rééducation conventionnelles, et les responsables du projet travaillent actuellement à l’évolution de leur prototype, qui devrait donc pouvoir assister les kinés libéraux ou hospitaliers dans les années à venir.

Les kinés libéraux appelés à être assistés par des robots ?

 

D’une hauteur de 84 cm, ce kiné humanoïde reproduit parfaitement les proportions du coach humain. Après une première phase d’apprentissage (des gestes de rééducation prescrits aux patients), il est en mesure de les reproduire pour montrer au patient ce qu’on attend de lui. Aujourd’hui, les travaux de développement et d’amélioration sont en cours, car Poppy doit aussi analyser les gestes effectués par le patient et pouvoir les analyser en temps réel pour orienter le patient et corriger éventuellement ses erreurs. Mme Sao Mai Nguyen, directrice scientifique du projet Keraal, explique toutes les pistes de développement en cours notamment pour pouvoir mieux accompagner les patients, notamment lorsqu’il s’agit d’intégrer des caméras intégrées :

 

« nous souhaitons observer la chaleur dégagée sur l’ensemble du corps et le visage afin de déterminer le niveau de fatigue musculaire du patient et son état émotionnel. »

 

En phase de test clinique, Poppy nécessitera encore plusieurs années de travaux, mais à terme, il pourrait bien pouvoir se déplacer directement au domicile des patients suivis par un kiné libéral. Outre sa fonction de coach proprement dite, il pourra alors filmer et transmettre les images de la séance au kiné. La responsable scientifique du projet confirme que Poppy répond aux enjeux de santé publique de demain :

 

« Keraal est un projet prometteur qui répond bien aux problématiques de vieillissement de la population et de sédentarité en France »

L’avenir de la relation entre le kiné et ses patients en question ?

 

L’assistance d’un robot au sein d’un cabinet de kinés libéraux ne pose pas de problèmes en soi, dès lors que ces innovations sont au service du patient. En revanche, elle pose aussi la question de la relation kiné – patient. S’agissant du vieillissement de la population et de la volonté des autorités publiques de généraliser l’hospitalisation à domicile, les personnes âgées ont certes besoin de ces séances de kinésithérapie. Mais lorsqu’elles sont pratiquées à domicile, ces séances de kiné représentent aussi une interaction sociale, une relation soignant/patient. La solitude, étant, elle aussi, considérée comme un fléau de notre époque, ne se trouverait pas améliorée par l’arrivée de Poppy dans les foyers.

 

La question se posera avec beaucoup plus d’insistance dans quelques années, quand l’humanoïde Poppy sera autorisé à accomplir sa mission. Mais elle méritera, dans tous les cas, une réflexion poussée pour que les risques éventuels ne soient pas plus importants que les bénéfices attendus.

 

Et vous, que pensez-vous de cette arrivée des robots pour vous assister dans votre pratique quotidienne ? Pensez-vous qu’un réel danger existe en ce qui concerne la relation kiné-patient ? Comment imaginez-vous l’avenir de la kinésithérapie à 10, 20 ou même 30 ans ?

 

Crédit image : Poppy project

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