Les CPTS, un nouveau coup porté à l’indépendance des kinés libéraux ?

Publié par 12 février 2019

En donnant plus de poids et de force aux CPTS, la réforme « Ma Santé 2022 » ambitionne d’optimiser l’efficience des soins dits de ville. Mais n’est-ce pas aussi une nouvelle entrave faite à la liberté d’installation du kiné libéral comme aux autres professionnels de santé ?

Quand les kinés libéraux sont incités à se regrouper pour optimiser leur activité professionnelle

 

Les masseurs kinésithérapeutes libéraux ne sont pas les seuls concernés, lorsque les autorités publiques soulignent qu’elles souhaitent lutter contre la désertification médicale. À ce sujet, des études contradictoires existent sur la démographie de la profession. Cependant, à l’instar des médecins et des infirmières libérales notamment, les kinés libéraux sont appelés à s’engager dans cette ambition visant à garantir une égalité d’accès aux soins sur l’ensemble du territoire. Les initiatives prises ces dernières années par le Ministère de la Santé ont toutes le même objectif : assurer une répartition plus harmonieuse des professionnels de santé sur l’ensemble du territoire hexagonal.

 

C’est ainsi que depuis plusieurs années, les kinés libéraux comme les autres professionnels concernés sont incités à exercer en Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP). Mutualiser les charges de l’exercice libéral de ces professions représente un argument de poids, alors les autorités publiques soutiennent ce genre d’initiatives en multipliant les aides en tout genre. Mais le kiné libéral peut aussi vouloir s’installer seul et exercer sa profession comme il l’entend. Sans interdire définitivement cette possibilité, le gouvernement entend réduire cet exercice isolé, qu’il s’agisse du kiné libéral ou de toute autre profession médicale ou paramédicale. C’est ce qu’il ressort notamment de la loi de Réforme de la Santé publique en France et dévoilée en septembre dernier sous le terme « Ma Santé 2022 ».

Les CPTS, une nouvelle manière d’orienter les kinés libéraux vers plus de concertation

 

C’est en 2016 que la loi Santé, dite loi Touraine, créa les Communautés professionnelles territoriales de Santé (CPTS). L’objectif originel était alors simple puisque ces CPTS devaient permettre d’optimiser l’organisation des professions de santé de ville, en les adaptant aux différents bassins de la population. Avec « Ma Santé 2022 », les CPTS sont remis au cœur du dispositif visant à accompagner kinés libéraux, médecins et autres infirmières libérales. Il faut dire que les CPTS, si elles sont séduisantes sur le papier, n’ont pas suscité l’engouement espéré, puisqu’au 30 juin 2018, on n’en recensait qu’une vingtaine réellement créée sur l’ensemble du territoire.

 

Les ambitions d’Emmanuel Macron, Président de la République, et d’Agnès Buzyn, Ministre de la Santé, sont énormes en la matière, puisqu’ils visent 1.000 CPTS d’ici 2022 et un maillage complet du territoire avant l’été 2021. Ces CPTS ne remplacent aucunement les MSP, car dans le même temps, le gouvernement a souligné sa volonté d’atteindre 5.000 MSP et autres centres de santé à la même échéance.

La fin de l’indépendance pour le kiné libéral et les autres professionnels de santé ?

 

Les CPTS sont appelées à devenir le mode d’organisation des professionnels des soins de ville, et elles se développeront en même temps que le label « Hôpital de proximité » sera créé. Ainsi, avec « Ma Santé 2022 », la concertation entre les professionnels de santé et le regroupement sont devenus des bases essentielles du système de santé publique en France. Parmi les nombreuses missions assignées à ces CPTS, la réforme du gouvernement a tenu à rappeler avec force 6 objectifs principaux :

 

  • La prévention (mise en place d’actions de prévention notamment).
  • La garantie de pouvoir trouver un médecin de ville pour tous les habitants.
  • Une réponse pour les soins non programmés.
  • L’optimisation des consultations pour les spécialistes, notamment en ce qui concerne les délais.
  • Renforcer l’efficacité entre soins de ville et hôpital.
  • Contribuer au maintien des personnes fragiles à leur domicile.

 

Si l’objectif est louable, les autorités publiques ont déjà entamé des négociations avec les différents ordres professionnels concernés.

La question du financement, et donc des aides accessibles, ainsi que la bonne et juste répartition des rôles entre tous les professionnels concernés seront au centre de ces discussions. Et certains de ces professionnels, qu’il s’agisse des kinés libéraux ou des médecins généralistes, s’alarment déjà que ces mesures représentent une entrave supplémentaire à la liberté de choix du professionnel lorsqu’il s’installe. En d’autres mots, certains craignent que l’accumulation de ces mesures ne porte un coup fatal à l’indépendance du kiné libéral et des autres professionnels concernés. Les négociations déjà en cours devraient permettre de lever (ou pas) ces inquiétudes.

 

Et vous, que pensez-vous de cette nouvelle place donnée aux CPTS ? Estimez-vous que l’indépendance des professionnels de santé soit remise en cause ?

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