Depuis février dernier, les relations entre les kinés libéraux et hospitaliers d’une part et les chiropracteurs d’autre part se sont tendues. Un texte relatif à la formation et à l’encadrement des chiropracteurs est à l’origine de cette opposition, qui devient de plus en plus vive.
Une attaque violente contre les masseurs kinésithérapeutes de France ?
On se souvient des vives réactions du conseil national de l’Ordre des masseurs kinésithérapeutes, mais aussi de certains syndicats professionnels, lorsque le texte référentiel de la formation des chiropracteurs a été publié. Les kinés libéraux et hospitaliers s’alarmaient, en effet que ce texte s’appuie sur des compétences et des actes jusqu’ici réservés à leur profession. Une grève, organisée au début de l’été, avait même permis de dénoncer publiquement ce qui est considéré par les masseurs kinésithérapeutes comme une attaque frontale à la profession. Pour les kinés libéraux ou hospitaliers, il s’agissait de dénoncer ce décret, en soulignant à quel point il pouvait être néfaste à la bonne compréhension des patients eux-mêmes. La réaction des kinés était à la hauteur de l’agression, dont ils se sentaient alors victimes, comme l’expliquait le président du conseil de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes d’Occitanie, Jean-François Couat :
« Je ne remets pas en cause la compétence des chiropracteurs, ils sont bien formés. Il est rare qu’un conseil de l’ordre s’engage dans un mouvement, mais l’attaque de la Ministre envers nous est violente. »
Bien que la profession s’en défende, les chiropracteurs, de leur côté, ont dénoncé une forme exagérée et déplacée de corporatisme.
Les masseurs kinésithérapeutes, une profession au corporatisme exacerbé ?
Demandant le retrait de ce texte, les masseurs kinésithérapeutes soulignent craindre la “dérégulation des professions de santé et à terme un possible déremboursement des actes de kinésithérapie pour les patients.” Ils ont été rejoints par d’autres professions paramédicales, comme la Fédération Nationale des Orthophonistes (FNO).
Bien évidemment, les chiropracteurs appréhendent la problématique d’un point de vue radicalement différent, en se félicitant de cette reconnaissance. Ils soulignent leur volonté d’aller encore plus loin sur la voie de la complémentarité et de l’interdisciplinarité au service des patients. Aussi, dans un communiqué, l’Association Française de Chiropraxie (AFC) s’étonne des réactions des masseurs kinésithérapeutes, qui sont qualifiées de « corporatistes et protectionnistes (…) pour le moins inappropriées, voire anachroniques.» Les chiropracteurs s’étonnent donc de cette réaction hostile de la part des masseurs kinésithérapeutes, en s’attachant à préciser que le chiropracteur, reconnu comme professionnel de santé depuis 2002, « est le seul thérapeute non-médecin autorisé à pratiquer des manipulations vertébrales sans avis médical préalable, après une formation de type universitaire sanctionnée par un diplôme équivalent au Master 2. »
Autant dire que de part et d’autre, les arguments deviennent de plus en plus agressifs et stigmatisants, ce qui impose au Ministère de la Santé de prendre une décision dans les meilleurs délais, sous peine de voir cette opposition se durcir.
Masseurs kinésithérapeutes contre chiropracteurs, la décision du Ministère de la Santé !
Pourtant, il nest pas garanti que le Ministère de la Santé fasse évoluer sa position, puisqu’un communiqué s’étonnait de la réaction des parties concernées : ce décret ne change absolument pas les conditions d’exercice des chiropracteurs. Ils ne seront pas plus ou moins reconnus. L’objectif était uniquement de préciser le niveau d’encadrement de cette profession. Il y a manifestement un malentendu. » Il reste que le malentendu sera difficile à lever, puisqu’à cette opposition sur un texte législatif s’ajoutent désormais des remises en cause des fondements scientifiques de la chiropraxie. Le président de l’AFC, Philippe Fleuriau s’en offusque en déclarant : « Il serait temps que les kinés viennent assister à nos congrès. Les chiropracteurs font de la recherche depuis des années. Si la chiropraxie navait pas de fondement scientifique, pourquoi serait-elle prise en charge par la Sécurité sociale en Suisse ? »
Dans ces conditions, masseurs kinésithérapeutes et chiropracteurs auront du mal à s’entendre pour trouver une solution acceptable par les deux parties, d’autant plus que le Ministère de la Santé ne semble pas prêt à vouloir jouer le rôle d’arbitre ou de conciliateur.
Et vous, comprenez-vous les réactions des kinés libéraux et hospitaliers d’autre part et celles des chiropracteurs ? Selon vous, quelle serait la position à adopter pour apaiser la situation ?
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