Pour réussir et simplement exister, un cabinet de kinés libéraux doit-il être obligatoirement connecté à Internet ? La question peut prêter à sourire, et pourtant elle répond aux nouvelles attentes des patients tout en soulevant de nombreuses problématiques.
Répondre aux nouvelles attentes et aux nouveaux usages des patients !
Comme tous les professionnels de santé, les masseurs kinésithérapeutes, qu’ils exercent sous statut libéral ou à l’hôpital, doivent s’adapter aux nouvelles habitudes de leur patientèle. Les patients de 2022 ne ressemblent pas à ceux des années 1970, 1980 ou 1990. Plus informés, ils soulignent mieux connaître le parcours de santé, dont ils ont besoin. La digitalisation de notre société a également rendu l’accès au « savoir médical » beaucoup plus facile et rapide, et kinés libéraux comme médecins doivent quotidiennement rappeler à certaines et à certaines des vérités établies.
Si les patients d’aujourd’hui sont mieux informés, ils se montrent aussi plus exigeants vis-à-vis de leurs soignants, et les masseurs kinésithérapeutes libéraux néchappent pas à cette pression plus insistante. D’un côté, les patients expriment leur volonté de « co participer » à l’élaboration de leur parcours de soins. Il en est ainsi, quand un patient affirme sa volonté de privilégier les médecines douces ou naturelles. D’un autre côté, les patients ont pris l’habitude d’un quotidien ultra-connecté, où tout peut se régler en quelques clics.
Cette digitalisation extrême népargne pas le domaine de la santé, bien qu’il faille souligner les inégalités persistantes en la matière. Dans certains territoires, frappés par la désertification médicale, la priorité sera de trouver un kiné libéral ou un médecin généraliste, capable de proposer un rendez-vous dans des délais raisonnables. Dans d’autres, il suffira de quelques secondes pour décrocher un rendez-vous dans la journée grâce aux nouveaux outils numériques.
Dans tous les cas, les patients ont pris l’habitude de recourir à ces outils numériques pour obtenir un rendez-vous auprès de leur soignant. Et cette habitude s’est considérablement renforcée au cours de ces deux dernières années. En effet, la crise sanitaire du coronavirus a mis en lumière les atouts du numérique en matière de santé, et le lancement, depuis le 1?? janvier dernier, de Mon Espace Santé a définitivement consacré l’avènement de la e-santé.
Plateforme de mise en relation ou création de site Internet, comment se faire connaître pour un kiné libéral ?
En 2022, les patients recourent donc, pour une bonne partie d’entre eux, à la Toile pour trouver un kiné libéral et obtenir un rendez-vous. Cela implique nécessairement de la part de tous les professionnels de santé d’être présent en ligne ne serait-ce que pour se faire connaître. Bien que la communication des soignants en général et celle des kinés libéraux en particulier ait connu un assouplissement des règles d’encadrement ces dernières années, elle reste cependant très contrôlée et organisée. Ainsi, l’article R. 4321-67 du Code de la Santé Publique pose le principe que l’activité d’un masseur kinésithérapeute ne peut pas être « pratiquée comme un commerce ».
Le cabinet de kiné libéral peut certes se faire connaitre de ses patients sur la Toile, sans toutefois recourir à des formes jugées trop publicitaires, commerciales ou promotionnelles. En d’autres termes, si le kiné libéral peut créer son propre site Internet pour informer les patients de ses horaires d’ouverture, de ses spécialités, …, il ne peut promouvoir son existence par l’achat d’espaces publicitaires ou encore par l’investissement dans des campagnes de référencement.
Il peut donc être difficile d’être rapidement trouvé par les Internautes en quête des coordonnées d’un kiné libéral. Des plateformes de prises de rendez-vous en ligne constituent une alternative à cette problématique de visibilité. Le leader incontestable et incontesté de ces plateformes, le site Doctolib, peut attirer plus de 20 millions de visiteurs par mois. Cette popularité, renforcée par le rôle de Doctolib dans la campagne de vaccination Covid-19, fait de cette plateforme un levier incontournable pour les soignants pour se faire connaître. Et cette réalité pose questions aujourd’hui à une part grandissante de soignants, dont certains kinés libéraux.
Et vous, comment assurez-vous votre présence en ligne ? Craignez-vous que la place prédominante de Doctolib pose un problème en termes d’éthique et de déontologie dans les années à venir ?
Soyez le premier à laisser un commentaire sur "Les kinés libéraux de 2022, des professionnels de santé (obligatoirement) connectés ?"