Les kinés libéraux face à un surcroit d’activité ?

Publié par 4 avril 2022

Les kinés libéraux pourront-ils faire face à l’augmentation de la demande de soins, qui devrait augmenter significativement dans les années à venir ? Au-delà du questionnement légitime sur les solutions à trouver pour faire reculer les déserts médicaux, l’interrogation pose les bases pour imaginer la place et le rôle du kiné libéral de demain.

Les masseurs kinésithérapeutes, des missions toujours plus nombreuses

 

Depuis des années, les masseurs kinésithérapeutes voient leurs missions s’accroitre et leurs prérogatives s’élargir. Alors qu’une expérimentation de l’accès direct aux kinésithérapeutes a été décidée dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022, cet accès direct était déjà possible pour les douleurs lombaires et les torsions à la cheville. Le rôle des kinés libéraux et hospitaliers s’est également fortement accru à destination des personnes âgées, notamment pour tout ce qui concerne la prévention. Ces évolutions sont appelées à se poursuivre et même à s’accélérer dans les années à venir. Le vieillissement de la population explique en partie ces tendances qui se dégagent pour les prochaines décennies.

 

Une récente étude de la Direction de la Recherche des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (Drees) a ainsi souligné une forte hausse de la demande de soins en kinésithérapie d’ici 2040 en raison de ce vieillissement de la population. « Les personnes de plus de 75 ans consomment en effet cinq fois plus que les autres » (les soins des kinés). Ce constat renvoie bien évidemment à la problématique des déserts médicaux, pour lesquels l’Ordre de la profession a déjà tiré, à de maintes reprises, la sonnette d’alarme.

Les kinés libéraux seront-ils suffisamment nombreux pour prendre en charge les patients ?

 

S’installer en tant que kiné libéral constitue la première aspiration des étudiantes et étudiants des IFMK (Institut de Formation en Masso Kinésithérapie). Selon une étude de l’ordre, cela participe à faire de l’hôpital public le premier désert médical en France. Il manquerait ainsi aujourd’hui 3090 équivalents temps pleins (ETP) dans les établissements de santé et les prévisions de l’Ordre projette un doublement de cette pénurie dans les 5 ans à venir. Pourtant, des efforts ont été faits pour revaloriser la voie hospitalière pour les masseurs-kinésithérapeutes.

 

Cette pénurie de masseurs kinésithérapeutes hospitaliers implique un « surcroit » d’activité pour les kinés libéraux. Et dans les zones sous-dotées, cela peut rapidement représenter un véritable casse-tête tant pour les patients que pour les professionnels de santé. Il faut souligner, à ce sujet, que la profession est pleinement mobilisée, puisque plus de deux kinés sur 3 (67 %) se déclarent prêts à s’installer dans une zone sous-dotée, si des mesures réellement incitatives étaient créées (zones franches, incitations financières et fiscales…). Aujourd’hui, la situation inquiète dans certains territoires, comme l’expliquait une kiné libérale de Picardie aux journalistes de France 3 :

 

« Je pars à la retraite bientôt. Je donne le cabinet, le matériel et la patientèle, qui, de toute façon, ne se vendent même plus. Pourtant, je ne trouve personne. »

 

Il faut dire qu’on compte 7,4 kinés pour 10 000 habitants en Picardie, quand la moyenne nationale est de 14.5.

L’avenir des kinés libéraux en question ?

 

Mais si les solutions à apporter à cette délicate question des déserts médicaux sont essentielles et nécessaires pour l’organisation de la santé en France, cela pose également des questions dépassant cette seule répartition géographique. Ainsi, la kinésithérapeute de Picardie souligne que l’allongement de l’espérance de vie multiplie, inéluctablement, la demande de soins à laquelle doivent faire face les plus de 100.000 masseurs kinésithérapeutes de France. Après une carrière professionnelle en tant que kiné libérale, elle souligne ainsi :

 

Quand j’ai commencé à travailler en 1981, on était 4 ou 5 kinés pour le secteur. Aujourd’hui, nous sommes 16 et nous n’arrivons pas à fournir. À l’époque, nous y parvenions sans problème.

 

Les tensions sont déjà importantes, mais la situation n’est pas encore devenue ingérable. En revanche, plus elle se dégrade, et plus elle sera difficile à résoudre, alertent les professionnels de santé. Car ce constat noir, dressé par les masseurs kinésithérapeutes, n’est pas propre à la profession, mais concerne bien d’autres acteurs du soin en France.

 

Et vous, considérez-vous que la situation des kinés libéraux soit encore appelée à se dégrader dans les années à venir ? Ou bien estimez-vous qu’il soit encore possible de réagir pour changer rapidement la donne ? Comment ?  

Soyez le premier à laisser un commentaire sur "Les kinés libéraux face à un surcroit d’activité ?"

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.