Le bras de fer entre l’Assurance Maladie et les masseurs kinésithérapeutes se poursuit…
Depuis plusieurs semaines maintenant, les masseurs kinésithérapeutes libéraux notamment se mobilisent pour dénoncer l’attitude provocatrice et méprisante de l’assurance maladie. L’avenant 7 à la convention nationale de la profession a été rejeté en ce début d’année 2023, après que deux syndicats représentatifs de ces professionnels de santé ont refusé de la signer. Au-delà de la question de l’efficacité de la représentation des kinés libéraux qui se pose, ce rejet d’un accord a provoqué la colère de nombreux professionnels de santé, qui attendaient impatiemment une revalorisation de leur rémunération.
En effet, alors que l’inflation entraîne, depuis plusieurs mois, une flambée des charges pour tout cabinet de kinésithérapie, les kinés libéraux dénoncent une absence totale de revalorisation depuis plus de 10 ans. Pour la profession, cette exigence se fait de plus en plus forte et menace aujourd’hui la survie « économique » de certains cabinets. Dans le même temps, alors que la proposition de loi RIST permettait d’espérer la généralisation de l’accès direct aux kinés, les parlementaires ont mis un coup d’arrêt à cette ambition, probablement en raison de l’hostilité affichée du corps médical. Autant dire qu’en ce début d’année 2023, les kinés libéraux ont de quoi s’irriter et s’agacer, tout en faisant entendre leur envie de voir s’ouvrir de nouvelles négociations.
Comment les kinés libéraux peuvent-ils faire pression sur les autorités publiques ?
L’échec des dernières négociations autour de l’avenant 7 a mis en lumière les problèmes de représentativité, même si les professionnels se sont depuis mobilisés pour dépasser ce cadre syndical. Pourtant, la question des moyens de communication se pose avec force depuis plusieurs semaines. Les kinés libéraux sont-ils suffisamment armés pour réussir à faire entendre leurs voix ? La question est d’autant plus importante que le corps médical, lui, s’est fortement mobilisé pour faire reculer la généralisation de l’accès direct à la kinésithérapie, mais aussi pour rejeter en bloc leur propre avenant officiel. Les revendications des kinés seront-elles entendues alors que celles du corps médical ont déjà impliqué des effets ? Il faut pour la profession non seulement se faire entendre de l’Assurance Maladie et plus généralement du ministère de la Santé, tout en réussissant à « parler plus fort » que les médecins. La mobilisation de certains parlementaires, bien que nécessaire, ne sera pas suffisante. Ainsi, lorsque la sénatrice de Gironde, Mme Laurence Harribey, explique :
« Au regard du contraste entre la sévérité de cet avenant et les attentes réelles des patients et des professionnels, la réouverture des négociations semble nécessaire pour garantir l’exercice de la kinésithérapie dans les meilleures conditions, et assurer une meilleure répartition de l’offre sur l’ensemble du territoire. »,
elle sollicite certes le gouvernement à se positionner, mais ne dispose pas de moyens de coercition. Les kinés libéraux ne sont pas mieux dotés, même si l’agacement d’une grande partie de la profession a conduit certains professionnels (et même certains syndicats) à imaginer de nouvelles formes de protestations. Ainsi peut-on lire sur les forums ou les réseaux sociaux des appels à multiplier les feuilles de soins papier pour accentuer la pression sur les autorités publiques. Mais la marge de manœuvre reste faible, puisque les kinés libéraux, comme beaucoup d’autres soignants, incitent les patients à les soutenir. Dans ces conditions, les conséquences de leurs actions sur ces derniers (allongement des délais de remboursement, détérioration du parcours de soin …) limitent grandement les possibilités offertes à ces professionnels de santé.
Avez-vous des idées pour que la profession puisse se faire entendre sans pour autant mettre en danger la relation de confiance liant kinés libéraux et patients ? Êtes-vous inquiets pour l’avenir même de la profession au vu des décisions prises ces dernières semaines ?
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