Les kinés parisiens sommés de revoir leur pratique tarifaire

Publié par 27 décembre 2017

La fin d’année est difficile pour les masseurs kinésithérapeutes libéraux de Paris. Tous ont reçu une lettre de la CPAM les invitant à se conformer strictement à la loi en matière de dépassement d’honoraires.

Quand l’Assurance Maladie part en guerre contre les dépassements d’honoraires….

 

On connait l’ambition des autorités publiques à contrôler l’augmentation des dépenses de santé.  Mais on ne doit pas oublier que la lutte contre les dépassements d’honoraires est aussi une des actions portées par le Ministère de la Santé depuis plusieurs années. En novembre, l’assurance maladie se félicitait de constater une baisse des dépassements d’honoraires des médecins pour l’année 2017. Quelques jours plus tard, le 11 décembre pour être précis, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de Paris publiait les résultats d’une étude sur ces fameux DE en ce qui concerne les masseurs kinésithérapeutes. Cette publication ne sera pas restée longtemps sans produire d’effets, puisqu’il n’aura fallu que quelques jours pour que la CPAM adresse un courrier à l’ensemble des 2.655 kinésithérapeutes de la capitale.

 

Selon cette étude, 46.9 % des soins prodigués dans un cabinet de kinésithérapie entraînent un dépassement d’honoraires. Le taux moyen de dépassement s’élèverait alors à 32.5 %. Concrètement, puisque l’acte moyen relevé est AMS/K 8,5 (séance à 18.27 €), le dépassement d’honoraires est donc établi à 5.94 € en moyenne. Cette moyenne ne sert qu’à illustrer les propos de la CPAM, puisqu’elle dissimule des pratiques bien différentes en fonction des cabinets de kinésithérapie étudiés.

La CPAM de Paris menace les masseurs kinésithérapeutes libéraux

Consciente de cette réalité plurielle, la CPAM a donc réagi en adressant 3 courriers différents à l’ensemble des kinés libéraux de la capitale.

 

L’Assurance Maladie a ainsi ciblé les 50 « plus gros dépasseurs ». Le taux de dépassement de ces derniers est estimé à 176 % (montant moyen : 32 €), alors que la fréquence de ces dépassements atteint 94 %. Pour ceux-ci, la CPAM a adressé une mise en demeure, en leur laissant un mois seulement pour se mettre à jour dans leur pratique tarifaire.

800 kinés libéraux ont eux reçu un rappel à la loi, avec l’injonction de se conformer aux règles, mais sans fixer pour autant une date butoir.

 

Les autres masseurs kinésithérapeutes de Paris ont reçu un courrier les informant simplement de la législation en vigueur.

Si la CPAM de Paris a donc modulé ses réactions en fonction de la pratique de chaque cabinet de kinésithérapie, sa réaction a néanmoins été brutale et rapide. Depuis, les kinés libéraux ont fait part de leur mécontentement devant cette façon de faire, rappelant alors qu’ils demandent depuis longtemps une revalorisation de la tarification de leurs actes.

Une situation tendue, dénoncée par les masseurs kinésithérapeutes libéraux

 

Masseur-kinésithérapeute libéral à Paris, Stéphane Demorand a réagi à cette opposition entre les kinés et la CPAM dans une tribune publiée dans le magazine Le Point .  Il prend acte de cette condamnation des dépassements d’honoraires alors que les services d’urgence hospitaliers sont saturés et que la tendance est au transfert d’un certain nombre d’actes vers les cabinets de ville. «

Il souligne la justification de ces dépassements d’honoraires : « L’acte pratiqué le plus couramment est facturé 16,13 euros pour 30 minutes, soit 32 euros de l’heure. Cependant, le coût des locaux dans la capitale et du matériel nécessaire à leur pratique sont tels qu’à ce tarif-là, beaucoup de kinés parisiens travailleraient à perte. Ces professionnels sont donc contraints de majorer leurs tarifs, afin de permettre au plus grand nombre d’être soignés dignement, et de s’assurer un revenu adapté au coût de la vie à Paris. »

 

Le kiné parisien ne comprend pas l’attitude de la CPAM devant cette réalité du dépassement d’honoraires, réalité « institutionnalisé au point que la plupart des mutuelles prennent en charge ces dépassements d’honoraires. »

S’interrogeant sur la finalité d’une telle prise de position, M Demorand met en garde contre la menace de voir la quasi-totalité des cabinets de kiné fermer. Les jours et les semaines à venir permettront de connaître plus précisément les ambitions de l’Assurance Maladie en la matière. Avec les fêtes de fin d’année, les bonnes résolutions feront peut-être pencher la balance ….

 

Comment appréciez-vous cette réaction de la CPAM vis-à-vis de ces dépassements d’honoraires ? Quel est votre avis sur les DE en règle générale ?

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