Les massages et le kiné libéral, une relation complexe

massages kiné libéral
Publié par 26 juillet 2019

Les massages font naturellement partie des soins que les kinés libéraux et hospitaliers prodiguent, mais ils ne leur sont plus réservés depuis quelques années. En janvier 2016, la loi de modernisation de notre système de santé a mis fin au monopole des kinés sur cette pratique. Avant cette réforme, les kinés libéraux et l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes déposaient de nombreuses plaintes pour exercice illégal de la médecine contre des instituts, des esthéticiennes ou toute autre personne proposant des massages sans le diplôme requis.

 

Jusqu’à cette date, l’article L 4321-1 du Code de la Santé publique définissait la profession de masseur-kinésithérapeute comme « la pratique habituelle du massage et de la gymnastique médicale ». Pour répondre aux nombreuses demandes et clarifier le rôle des kinés, la loi de 2016 a modifié cette définition. Désormais, la masso-kinésithérapie regroupe les actes manuels ou instrumentaux destinés à prévenir, maintenir ou restaurer les capacités fonctionnelles. Elle ne mentionne plus le massage.

Cette précision législative a permis à des personnes sans diplôme de kiné d’exercer des massages bien-être et relaxants sans risquer de poursuites.

 

Quelles différences entre massage bien-être et massage du kiné libéral ?

 

La réforme visait à apaiser les tensions entre kinés et praticiens du massage. Cependant, elle a complexifié la compréhension des massages pour les professionnels comme pour le public. Les textes de loi et la jurisprudence réservent les massages destinés à améliorer les capacités fonctionnelles aux seuls kinés. Toute personne proposant ce type de soin sans diplôme peut être poursuivie pour exercice illégal de la médecine.

En revanche, la définition des massages bien-être ou relaxants reste floue. Ces massages, destinés au mieux-être des individus, échappent à toute réglementation précise. En juillet 2016, Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, expliquait aux députés :

 

« L’article 123 de la loi de modernisation de notre système de santé a précisé la définition de la profession de masseur-kinésithérapeute […]. Ces nouvelles précisions, concertées avec les professionnels, ont eu pour effet de supprimer la notion de “massage” de la définition de la profession […]. Le massage non thérapeutique, dont l’objectif premier est d’apporter un bien-être à la personne, pourra être réalisé […] par un professionnel qui ne dispose pas du titre de masseur-kinésithérapeute. »

 

Cette situation, si elle a apaisé les tensions judiciaires, entretient une certaine confusion dans l’esprit des professionnels et des clients. Le métier de masseur bien-être n’étant pas réglementé, il manque de repères clairs.

 

Le massage bien-être : une menace ou une opportunité pour les kinés libéraux ?

 

Contrairement aux massages des kinés, les massages bien-être ne nécessitent pas de prescription médicale et répondent uniquement à une demande personnelle. Un sondage récent révèle qu’un Français sur cinq s’est déjà fait masser ou le fait régulièrement. Cette demande croissante a favorisé l’émergence de nombreux masseurs bien-être depuis 2016.

Ces nouveaux acteurs, qu’ils soient indépendants ou salariés d’instituts, échappent à toute législation stricte. Deux fédérations tentent d’encadrer leur pratique, mais elles peinent à sécuriser ce secteur en plein essor. Ironiquement, les masseurs bien-être eux-mêmes réclament une réglementation pour renforcer leur crédibilité.

La diversité des techniques proposées – massages californien, coréen, hawaïen, suédois ou chinois – rend ce marché très concurrentiel. Les esthéticiennes, qui étaient historiquement les principales concurrentes des kinés, proposent encore des modelages, une pratique relaxante qui évite d’utiliser le terme « massage ».

Face à cette concurrence, certains kinés diversifient leur activité en proposant des massages bien-être. Bien qu’ils ne soient pas considérés comme médicaux, ces massages permettent aux kinés de valoriser leur expertise et de repérer d’éventuels troubles fonctionnels grâce à leur formation.

 

Une législation qui reste floue

La loi de 2016 voulait rendre plus lisible l’offre de massages en France. Pourtant, la réalité sur le terrain montre que cette ambition reste incomplète. Aujourd’hui, le massage recouvre des pratiques variées, mêlant bien-être et thérapie, sans cadre légal précis.

 

Et vous, que pensez-vous de cette évolution ? La réforme a-t-elle bénéficié ou nuit aux kinés libéraux ? Pourquoi ?

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