Cest une histoire bien singulière qui concentre notre attention aujourd’hui. Un masseur kinésithérapeute de 85 ans a décidé de quitter le calme reposant de sa retraite pour recommencer une nouvelle carrière…
La fin de vie, une mission pour les kinés libéraux, mais aussi une réalité
La fin de vie et toutes les problématiques liées à cette période de l’existence concernent les masseurs kinésithérapeutes libéraux comme bien d’autres professionnels de santé. Garantir la qualité et la continuité des soins fait partie des missions de ces professionnels libéraux, surtout lorsque l’on évoque l’hospitalisation à domicile. Mais ces soins, prodigués aux personnes âgées, renvoient aussi les kinés, qu’ils exercent en cabinet ou dans un hôpital, à leur propre existence. Pour un masseur kinésithérapeute libéral, la question de « l’après activité professionnelle » se pose avec encore plus de force, puisqu’ils ne bénéficient pas du cadre rassurant du système de retraite de la fonction publique hospitalière.
Les questions se posent donc à ces professionnels quant à leur état de santé d’une part, mais aussi en ce qui concerne leurs revenus. Cest ce que nous rappelle l’histoire de Jean-Louis Jean, un masseur kinésithérapeute en retraite âgé de 85 ans.
La retraite difficile pour les masseurs kinésithérapeutes ?
Cet octogénaire exerçait sa profession de kinésithérapeute à Elne, et il l’exerçait avec passion, comme il a pu en témoigner auprès des journalistes du Midi Libre « Quand on est dans le médical, on ne compte pas les heures. On s’occupe des autres, mais pas de soi-même. Et on s’en rend compte après. » Un grand nombre de masseurs kinésithérapeutes se reconnaîtront dans cet engagement total au quotidien, qui les amène à prendre soin de leurs patients, quitte à négliger sa propre santé. Toujours est-il que quand l’heure de la retraite a sonné, ce masseur pouvait enfin profiter de cette nouvelle vie qui s’annonçait après avoir tout donné à sa profession. Il est fier de montrer son diplôme d’Etat de masseur kinésithérapeute, qu’il a décroché en 1962.
Les anecdotes ne manquent pas lorsqu’il évoque sa carrière bien remplie et notamment cette obtention : « Je l’ai obtenu à Paris en 1962. À cette époque, pour l’anecdote, quand jenseignais la gymnastique à Paris, Alain Delon était un de mes élèves.
Mais le masseur kinésithérapeute est alors confronté à un drame, qui le terrasse : « Ma femme est décédée il y a deux ans. Vous vous rendez compte, on a vécu 60 ans ensemble. »
Masseur kinésithérapeute à 85 ans, bien plus qu’une simple vocation !
Si ce drame le plonge dans le désarroi et la tristesse, il le place aussi devant une bien triste réalité, plus pragmatique, celle-là : sa situation financière. « Aujourd’hui, je touche 1 500 par mois. » explique -t-il. Cest pourquoi, il a décidé de se remettre à son compte et de réenfiler son costume de masseur kinésithérapeute. Depuis le 24 octobre dernier, il effectue donc des visites à domicile avant de trouver un local pour recevoir ses patients. Il souligne, que les raisons financières ne sont pas seules à expliquer sa reprise d’activités. « Si cest par souci économique que je reprends mon activité, cest aussi pour moccuper et penser à autre chose ». S’occuper et se garantir une meilleure retraite, voilà donc les motivations de ce nouveau masseur kinésithérapeute.
Conscient des difficultés, qui se posent à lui (Certes, je ne peux plus faire des démonstrations physiques, mais les techniques de massage, je maîtrise toujours.), il préfère rester optimiste et confiant : « Je retrouve de la motivation en reprenant mon activité. Je pense que je vais faire comme les artistes, je vais mourir sur scène… »
Il est assisté par son ancienne secrétaire du cabinet de masseur kinésithérapeute d’Elne, qui l’aide à faire face aux obligations administratives qu’il maitrise mal : « Elle va me donner un coup de main surtout pour tout ce qui est informatique, pour envoyer les honoraires plus rapidement, car avant, on signait juste une feuille de maladie. »
Ce retour en activité du masseur kinésithérapeute retraité renvoie à une autre époque, à d’autres règles de gestion, notamment en ce qui concerne la retraite. Mais il interroge aussi sur la place, que notre société veut faire aux masseurs kinésithérapeutes comme aux autres professionnels de santé, qu’ils soient en activité ou non.
Et vous, quel regard portez-vous sur ce masseur kinésithérapeute ? Une vie entière consacrée à ses patients, cet exemple admirable nest-il pas aussi le signe d’un investissement sans limites de la part des kinés ? Et plus généralement, nourrissez-vous des craintes pour votre propre retraite ?
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