Les professions libérales de santé toujours en attente de leur Ségur !

Publié par 23 juillet 2020

Bien que l’état d’urgence sanitaire soit terminé depuis le 10 juillet dernier, les autorités publiques ont prolongé la possibilité pour les kinés libéraux et hospitaliers de pratiquer le télésoin. Les dispositifs, mis en place pendant la crise de coronavirus, sont dont maintenus jusqu’au 30 octobre prochain. D’autre part, les masseurs kinésithérapeutes libéraux « intervenant dans les centres ambulatoires dédiés au Covid-19 » peuvent désormais également facturer la « prestation d’accompagnement à la consultation d’un médecin (TLL) ». Ces décisions seront évaluées avant le 30 octobre pour décider de leur maintien à plus long terme ou de leur abandon.

 

Des décisions ont bien été prises pour permettre aux kinés libéraux et à tous les professionnels des soins dits de ville de se préparer au mieux en cas d’une seconde vague. Les kinés comme les infirmières pourront recevoir gratuitement les masques de protection du stock national, distribution assurée par les pharmaciens.

 

Ces dispositifs transitoires ont été pris dans l’urgence de la situation. En revanche, depuis la crise sanitaire, le gouvernement a laissé entendre qu’une vaste réforme du système de la santé publique en France serait engagée. Le Ségur de la Santé s’est transformé en un Ségur de l’Hôpital, ce qui provoque la colère de nombreux professionnels de santé, parmi lesquels on retrouve de nombreux kinés libéraux.

Du Ségur de la Santé au Ségur de l’hôpital, les professionnels de santé libéraux oubliés ?

 

Très rapidement, le ministère de la Santé a fait savoir que les premières mesures prises dans le cadre de cette vaste négociation le seraient au bénéfice du service hospitalier. C’est ce qui a été fait, et ce mardi 21 juillet un 2nd acte vient de s’écrire avec la publication des préconisations des différents groupes de travail. C’est donc une seconde série de mesures, devant se déployer sur plusieurs années, qui a été officialisée. Là encore, l’objectif principal, et quasi unique, est de réformer le système hospitalier, ce qui pourra profiter aux masseurs kinésithérapeutes choisissant cette voie. En revanche, la médecine de ville est encore la grande oubliée de ces 33 mesures.

 

On retrouve pour les kinés libéraux notamment un renforcement de l’accompagnement pour un exercice plus collaboratif entre les différentes professions (médecins, infirmières, kinés…) ainsi que de nouvelles pistes pour renforcer la coopération et la coordination entre médecine de ville et hôpital. En revanche, aucune des professions libérales de santé ne voit une ou l’autre de ses principales revendications prises en compte, et l’exaspération se fait sentir tant chez les kinés libéraux que dans d’autres professions.

Rendre l’hôpital plus attractif aux dépens de l’activité libérale ?

 

On sait aujourd’hui, qu’une (trop ?) grande majorité des étudiants en masso-kinésithérapie choisissent la voie libérale pour exercer, notamment en raison des conditions de rémunération. Depuis des années, la rémunération des masseurs kinésithérapeutes et des autres professions médicales et paramédicales est insuffisante pour certains et même indécente pour d’autres. La revalorisation salariale est déjà actée pour les prochaines semaines, et un engagement de ce Ségur de la Santé est de porter la rémunération de ces professionnels à un niveau acceptable et comparable aux autres pays européens.

 

Choisir d’être kiné hospitalier doit devenir, dans les années qui viennent, un véritable choix, et non pas une « issue de secours ». Dans le même temps, des efforts conséquents sont programmés dans les années à venir pour permettre à ces kinés hospitaliers d’exercer une activité libérale, mais aussi pour faciliter un exercice mixte pour les actuels kinés libéraux.

 

Comme pour les autres professions paramédicales, la Masso-kinésithérapie semble n’avoir reçu d’attention de la part des autorités publiques que du côté de l’activité hospitalière, et de nombreux kinés libéraux se considèrent comme « trahis » ou tout du moins « déconsidérés ». Cette situation ne pourra pas perdurer, puisque plusieurs syndicats se sont dressés contre ce mépris affiché. Le Centre National des professions Libérales de Santé (CNPS) avait déjà dénoncé une telle tendance il y a quelques semaines en publiant un véritable appel au secours :

 

« La Mutualité française a récemment publié sa contribution au Ségur de la santé avec des propositions qui, si elles étaient appliquées, mèneraient à la disparition pure et simple de la médecine libérale de ville au profit des « réseaux de soins » mutualistes. »

 

Et vous, estimez-vous aussi que les professions libérales de santé sont en danger ? Comment imaginez-vous la réalité du kiné libéral dans 5, 10 ou 15 ans ?

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