Les professionnels de santé en général, et les kinés libéraux en particulier, sont les premiers à devoir s’adapter aux conséquences de la crise sanitaire liée au coronavirus. Des changements, qui peu à peu transforment le quotidien des cabinets de kinésithérapie. Mais pour combien de temps ?
Les patients rechignent-ils encore à pousser la porte des cabinets de kinés libéraux ?
En 2020, les patients ont moins fait appel aux professionnels de santé, qu’il s’agisse des médecins généralistes, mais aussi des masseurs kinésithérapeutes et infirmiers. Ce constat, que chacun explique par la crise sanitaire du coronavirus, mais aussi par les fermetures ou restrictions drastiques imposées aux professionnels de santé, nest contesté par personne. Et les chiffres de l’Assurance Maladie et des Mutuelles de Santé attestent d’une baisse conséquente des remboursements effectués. Une étude de la CNAM avait ainsi révélé une baisse de l’activité des kinés de l’ordre de 50 à 60 % pendant les 10 derniers jours du mois de mars (correspondant au premier confinement).
Certes, les kinés libéraux peuvent désormais continuer à recevoir leurs patients en cabinet comme l’ensemble des autres professionnels de santé. En effet, les autorités sanitaires ont considéré que ce « renoncement » aux soins, volontaire ou imposé, générait des conséquences plus néfastes en termes de pertes de chance ou de dégradation de l’état physique des patients. Pourtant, bien que les cabinets de kinésithérapie gardent donc leur porte ouverte aujourd’hui, de nombreux patients rechignent encore à poursuivre leur séance de soins, par crainte d’être contaminé ou par peur de devoir sortir au dehors de son domicile.
Lors de la généralisation du couvre-feu à 18 h 00 le 16 janvier dernier, certains médias avaient par erreur souligné que les rendez-vous auprès d’un cabinet de kinésithérapie ne constituaient pas une exception. Cependant, les visites à domicile comme les soins au cabinet du kiné libéral constituent bien un motif légitime pour sortir après 18 h 00. Il faut alors cocher la case
« déplacements pour des consultations et soins ne pouvant être assurés à distance et ne pouvant être différés ou pour l’achat de produits de santé ».
La crise sanitaire du Covid frappe l’épidémie annuelle de bronchiolites
Mais l’impact de la crise sanitaire pour les kinés libéraux ne se limite pas à ce seul constat. Comme toutes les infections virales d’hiver, la bronchiolite ne réapparait pas à un niveau incomparable avec celui des années précédentes. Les gestes barrières, que la quasi-totalité des Françaises et des Français ont assimilés, expliquent en partie cet effondrement de cas de bronchiolites, mais aussi de gastro-entérites. Traditionnellement, en janvier et février, les kinés libéraux et hospitaliers s’organisent bien en avance pour faire face à ces contaminations nombreuses. Thomas Silvini, masseur-kinésithérapeute dans le centre de kiné respiratoire de Chambéry (Savoie) explique ce constat :
“Un des facteurs qui diffuse la bronchiolite, cest la réunion en groupe de tous les petits, en crèche ou chez la nounou. Et tout ça a été mis en pause pendant les périodes clé du développement de la bronchiolite habituellement. Donc, il ny a plus de cluster de bronchiolite cette année.”
Cest donc une véritable période de transition que connaissent les kinés libéraux, qui s’organisent dans différentes régions de France pour assurer des services de garde, mais aussi les masseurs kinésithérapeutes hospitaliers. À titre d’exemple, on est passé dans la région Auvergne-Rhône-Alpes à plus de 800 passages aux urgences pour bronchiolites en décembre 2019, à une quarantaine aujourd’hui.
Le quotidien d’un cabinet de kiné libéral bouleversé en 2021 ou pas ?
Cest une évolution pour tous les professionnels de santé en général et les kinés libéraux en particulier. Ils sont aussi mobilisés pour la prévention (test de dépistage Covid-19), engagés dans les soins aux patients sortant d’une hospitalisation à la suite d’une infection au coronavirus, et peuvent, sous certaines conditions, recourir au télésoin, comme nous l’avons déjà évoqué dans un précédent dossier. Ces évolutions nimpactent pas tous les cabinets de la même manière et avec le même impact. En revanche, contrairement à ce que certains observateurs ont pu souligner il y a quelques mois, ces évolutions sont appelées à perdurer. Pour combien de temps ? Nul ne le sait encore, même si tous les acteurs concernés estiment que 2021 sera bien une nouvelle année inédite.
Et vous, quelles sont les conséquences de la crise sanitaire sur votre quotidien de kiné libéral ? Quelles évolutions voyez-vous s’installer durablement ?
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