Le lancement, en janvier 2022, de « Mon Espace Santé » implique une mobilisation des patients d’une part et des professionnels d’autre part. Alors, quels sont les grands changements induits par cette évolution pour les soignants en général et pour les kinés libéraux en particulier ?
La gestion de la patientèle, une autre mission du kiné libéral au quotidien
Dans son cabinet de kinésithérapie comme au domicile de ses patients, le kiné libéral doit s’astreindre à prodiguer ses soins dans les règles de l’art, et conformément au code de déontologie de sa profession. Mais les kinés libéraux doivent aussi satisfaire à bien d’autres missions, à commencer par cette gestion de la relation avec sa patientèle. Là encore, des règles précises lui sont imposées, impliquant obligations et contraintes. L’information de ses patients, le respect du secret professionnel, mais aussi de la confidentialité des données recueillies, l’obligation de continuité des soins…
En la matière, les grandes lignes directrices sont fixées par les autorités sanitaires, et depuis plusieurs années, le ministère de la Santé entend guider le système de santé publique vers une numérisation. Non seulement, la France veut récupérer le retard, qu’elle a en la matière par rapport à d’autres pays européens, mais elle souhaite aussi se hisser comme le leader de la numérisation de la Santé à moyen terme.
L’ambition a trouvé une nouvelle orientation depuis 2018, date à laquelle un rapport détaillé sur le sujet a été remis au gouvernement. Et dans quelques mois, cette stratégie se concrétisera pour les patients, mais aussi pour tous les acteurs de la santé, dont font partie les masseurs kinésithérapeutes libéraux.
« Mon Espace Santé », une évolution pour les kinés libéraux dans leur gestion des relations avec les patients
L’objectif est clair : replacer le patient au cœur de la politique de santé tout en lui assurant sécurité, praticité et confidentialité. Pour y parvenir, les initiatives se multiplient depuis plusieurs années et impliquent tant les patients que les professionnels de santé eux-mêmes. Cette numérisation passe notamment par la dématérialisation des échanges entre ces acteurs de la santé et les autorités sanitaires.
Ainsi, le déploiement de la e-Cps pour les kinés comme pour tous les soignants traduit cette volonté d’en finir avec les tracasseries administratives, et on comptait déjà 163.000 e-CPS en avril 2021. Du côté des patients, cela passera également par la généralisation, à compter de 2022, de l’application carte Vitale ou encore du renforcement des efforts en matière de e-Prescription.
Mais cette stratégie implique aussi un changement majeur, qui sera déployé à travers tout le pays à compter du 1?? janvier 2022 : la création d’un espace individuel à chaque patient : « Mon Espace Santé ». Testé dans 3 départements au cours de l’été 2021(Loire-Atlantique, Haute-Garonne, Somme), cet espace personnel à chaque Français sera créé pour toutes et tous dans les premières semaines de 2022. Et pour que la réussite soit totale, le gouvernement a décidé de changer les règles de création, en adoptant le principe de l’Opt-Out.
Les Français seront ainsi informés de la création de leur espace santé, et il leur appartiendra de s’y opposer, en cas de refus. Appliquant à la lettre le dicton populaire « Qui ne dit mot consent », cette pratique permettra de créer des millions d’espaces, afin de rendre la stratégie plus attrayante et efficace, y compris pour les professionnels de santé.
Les changements pour le kiné libéral avec la création de « Mon Espace Santé »
Si les patients vont devoir s’habituer à cette nouvelle manière de prendre soin de leur santé, les kinés libéraux et les professionnels vont devoir inclure de nouvelles tâches dans leur activité du quotidien. Pour mieux le comprendre, il suffit de détailler les blocs, composant « Mon Espace Santé ». On en recense aujourd’hui 4, même si cet espace numérique est appelé à évoluer avec le temps.
- Le Dossier Médical Partagé (DMP) : Les kinés comme les autres soignants sont invités à le compléter tant pour les soins prodigués que pour ceux déjà réalisés. Le patient pourra lui aussi compléter ce DMP.
- L’agenda médical : Là encore, les kinés libéraux devront veiller au bon enregistrement des plans de soins et autres rendez-vous avec leurs patients, afin que cet agenda partagé soit utile.
- La messagerie sécurisée par mail : Cest une grande évolution, puisque désormais le patient pourra entrer en contact avec ses soignants à travers une application protégée. Pour le kiné libéral, cela impose donc de répondre, dans les meilleurs délais, à cette nouvelle forme d’échanges avec sa patientèle.
- Des applications de santé, conformes au référentiel édicté par le Ministère de la Santé et source d’une véritable valeur ajoutée pour les patients.
Une vaste campagne de communication à destination du grand public veillera à détailler chacune de ces parties, et en fonction de l’appropriation de « Mon Espace Santé » par les patients eux-mêmes, les soignants se verront alors contraints de veiller à se mobiliser à leur tour. Dans quelle mesure ? Avec quelles incitations ? Il faudra encore attendre quelques semaines avant de le savoir.
Et vous, que pensez-vous de ce lancement de “Mon Espace Santé” ? Considérez-vous que cela va engendrer un alourdissement des obligations au quotidien ? Quespérez-vous de cette numérisation du système de santé ?
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