Il est aisé et rapide, pour tout un chacun, de connaitre le nombre de kinés libéraux et de masseurs kinésithérapeutes exerçant en milieu hospitalier. En revanche, les analyses se contredisent et les prévisions laissent planer l’incertitude. Connait-on une pénurie de kinés ou les masseurs kinésithérapeutes sont-ils trop nombreux ?
Les kinés libéraux trop nombreux et les masseurs kinésithérapeutes hospitaliers en situation de pénurie ?
Ces derniers mois, des études, parfois jugées contradictoires, ont été publiées s’intéressant à la question de la démographie des kinés en France. Ces études distinguent parfaitement les kinés libéraux des masseurs kinésithérapeutes du milieu hospitalier. On parle alors souvent de déserts médicaux, dans lesquels les régions et les communes peinent à faire venir des kinés libéraux. Dans le même temps, on déplore la dégradation de la qualité de soins dans les centres hospitaliers, faute de personnel et donc de kinés.
Pourtant, au cours de l’été 2018, la direction de la recherche du Ministère de la Santé (Drees) a publié une étude soulignant la progression (trop ?) rapide du nombre de masseurs kinésithérapeutes. Il en ressortait que le nombre de kinés avait augmenté de 61 % depuis l’an 2000, et que cette progression allait se poursuivre avec une prévision d’une augmentation des effectifs de 57 % d’ici 2040.
Entre pénurie et surpopulation, les réponses, mais aussi les prévisions hésitent et alternent, même si les questions se posent de manière radicalement différente selon que l’on s’attache à l’étude de la situation des kinés libéraux ou à celle des masseurs kinésithérapeutes en milieu hospitalier. Et en la matière, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2017, la France comptait 85223 masseurs kinésithérapeutes inscrits à l’ordre : 85.88 % de kinés libéraux pour 14.12 % kinés salariés. Alors si la question de la démographie des kinés libéraux est un sujet essentiel, celle liée au milieu hospitalier nen est pas moins prépondérante, et il semble bien, qu’en la matière, on ait atteint un niveau critique.
Masseur kinésithérapeute, des professionnels de santé très recherchés ?
Loin des statistiques et des études chiffrées en tout genre, les masseurs kinésithérapeutes restent au quotidien des professionnels de santé très recherchés en milieu hospitalier. Certes, les kinés libéraux sont bien plus nombreux que leurs confrères et consœurs, qui décident de s’orienter vers l’univers hospitalier. Mais peut-on réellement parler de «sureffectifs » s’agissant des kinés en général, lorsque le 3ème centre universitaire hospitalier de France lance un appel à l’aide. En effet, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM) souffre d’un manque chronique de masseurs kinésithérapeutes.
Ce manque était estimé à 18 kinés en septembre 2018 et l’ AP-HM évalue ce manque à 24 pour l’année 2019. Hugues Roger, du pôle de Médecine Physique et de Réadaptation à l’hôpital de la Timone explique même qu’en l’état actuel de la situation, « on ne peut faire que les urgences. Il y a des pertes de chance de réadaptation fonctionnelle, sans compter que la pénurie de kiné entraîne un allongement de la durée moyenne de séjour. « Cest bien un manque chronique qui est constaté à Marseille comme dans bien d’autres villes en France.
De plus en plus de kinés pour des soignants de moins en moins nombreux ?
Si la pénurie de masseurs kinésithérapeutes peut passer inaperçue dans les centres hospitaliers généraux, elle est criante dans les établissements spécialisés, comme, dans celui de Calvé à Berck. Pourtant, conscient de la situation, le directeur général de la Fondation Hopale, Benoit Dôlle explique : « Il y a une pénurie générale de masseurs-kinésithérapeutes dans la France entière ». Il poursuit en décrivant une situation ingérable : « Il y a plus de professionnels qu’avant, mais il y a aussi beaucoup plus de demandes ». Monsieur Dôlle conclut sur un constat implacable, en soulignant que sur les 120 postes de kinés du centre Calvé, un sur 5 est à ce jour inoccupé.
Doit-on, dans de telles conditions, s’alarmer sur la supposée surpopulation des masseurs kinésithérapeutes ? Ou ne devrait-on pas trouver des solutions pour inciter les étudiants et étudiantes à privilégier la voie hospitalière par rapport à l’installation en tant que kiné libéral ?
Et vous, quel est votre avis sur la situation démographique des kinés en France ? Et s’agissant plus spécifiquement des kinés libéraux ?
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