L’année 2020 restera à jamais comme unique et exceptionnelle, et les conséquences de cette pandémie se feront sentir pendant longtemps encore. Des tendances se font déjà jour, et pour les kinés libéraux, la patience reste de mise pour retrouver une activité normale.
Mais cette crise les aura poussés à retrouver les atouts d’une plus grande coordination, alors même qu’ils espèrent un geste de solidarité de la part des Mutuelles. Trois grandes tendances, qui marqueront à leur tour les mois à venir pour les masseurs kinésithérapeutes.
Les professionnels libéraux de santé attendent un retour à la normale pour la fin 2020
L’activité des kinés libéraux et plus généralement des professionnels de santé s’est effondrée à partir du début du confinement. Cette réalité incontestable est désormais une réalité statistique, puisque la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) a publié les chiffres officiels de la consommation de soins pendant les deux mois du confinement. La fermeture des cabinets de kinés libéraux a nécessairement entrainé l’arrêt brutal des soins (seules les visites à domicile ont été poursuivies pour les situations les plus problématiques). Entre la mi-mars et la mi-mai, la CNAM a ainsi enregistré une baisse de l’activité des chirurgiens – dentistes (entre – 80 et – 90 %) mais aussi des masseurs kinésithérapeutes (- 60 %), avec un pic à – 79 % pour le seul mois d’avril.
L’Assurance Maladie explique cet effondrement par le report ou l’annulation de soins programmés non urgents, par la réorganisation de l’ensemble des soignants (hôpital et ville) pour faire face à l’épidémie galopante de coronavirus, mais aussi par la « peur des patients » de déranger les soignants. Des kinés libéraux se sont associés à d’autres professionnels de santé pour dénoncer la « perte de chance » pour certains patients, qui nont pas pu être pris en charge. Une situation sanitaire qui perdure, puisqu’avec le déconfinement et l’application des gestes barrières, l’activité des centres de santé et des cabinets de kinés libéraux nest pas revenue « à la normale ». L’ensemble des professionnels de santé, dont les kinés hospitaliers ou libéraux, estime que ce retour à la normale ne devrait pas se faire sentir avant la fin de l’automne 2020.
La baisse d’activité des kinés libéraux, une aubaine pour les CPTS ?
Bien que cette baisse de l’activité ne soit pas sans conséquences sur la santé des patients, elle aura néanmoins permis de pousser les kinés libéraux, les infirmières, les médecins… à souhaiter plus travailler ensemble. Avec l’épidémie de coronavirus, la complémentarité et la coordination se sont imposés à l’esprit d’un grand nombre de professionnels. Et les dispositifs existaient déjà en la matière. En effet, créées par la loi Touraine en 2016 et profondément repensées avec la loi Ma Santé de 2018, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) sont destinées à améliorer le parcours de soins de tous les patients sur un territoire donné. La concertation entre les différents professionnels concernés est alors mise en avant.
Pendant toute la période du confinement, les professionnels libéraux de santé ont ressenti ce besoin de s’organiser, de se structurer, afin d’être plus utiles aux patients. De nombreux projets de CPTS ont vu le jour à travers tout le territoire, même s’il faudra attendre quelques semaines ou quelques mois, pour que ces nouvelles communautés trouvent une existence juridique.
Et financièrement, comment s’en sortent les cabines de kinés libéraux ?
Bien que la crise soit à l’origine de cette tendance de réorganisation de l’offre de soins sur le long terme, elle est aussi à la source de la baisse conséquente des revenus des kinés libéraux comme de tous les autres professionnels de santé. Les kinés libéraux, comme tous les autres professionnels, ont bénéficié de plusieurs dispositifs d’aide élaborés en urgence par le gouvernement. Bien qu’imparfaites et contestées par certains, ces mesures ont néanmoins permis à certains de faire face à une situation difficile.
Mais avec une fréquentation en baisse, les kinés libéraux ont encore besoin d’être soutenus, comme une grande majorité des soignants dits de ville. Et ce soutien pourrait provenir des… mutuelles, comme l’a laissé entendre le Ministère de l’Économie, des Finances et de la relance. En effet, l’effondrement de la demande de soins a permis aux mutuelles « d’économiser » 779 millions d’euros entre le 17 mars et le 11 mai. Et au vu du déficit abyssal de la Sécurité Sociale (estimation de 50 milliards de déficits pour cette année 2020), le Ministère a déjà demandé à ces entreprises de venir soutenir les professionnels de santé, qui pourraient en avoir besoin. Bien qu’aucune réponse nait été officiellement adressée, la décision pourrait cependant être prise dans les prochains jours pour renforcer les mesures prises à l’occasion du Ségur de la Santé.
Et vous, quelles conséquences durables voyez-vous s’installer après cette période de confinement et cette épidémie de coronavirus ?
Soyez le premier à laisser un commentaire sur "Patience, coordination et solidarité, les 3 nouvelles vertus des kinés libéraux"