L’opinion publique reste indifférente ou parfois même hostile à la mobilisation des kinés libéraux en cette période estivale. Et si la raison nétait pas à chercher dans la nature même des revendications, mais dans l’image qui est trop souvent donnée de la profession ?
Les kinés libéraux, des professionnels de santé en mal de reconnaissance !
Jeudi 5 juillet dernier, plus de 2.000 kinés libéraux et hospitaliers ont défilé dans les rues de Paris comme cela avait été annoncé. Le mot d’ordre était simple puisque les masseurs kinésithérapeutes demandaient plus de reconnaissance. Si une délégation a été reçue au Ministère de la Santé le jour même, la ministre des Solidarités et de la Santé, Mme Agnès Buzyn, absente ce jour-là, a déjà annoncé qu’elle recevrait les kinés libéraux et hospitaliers à la rentrée de septembre. Il faudra donc attendre quelques semaines avant de savoir si les revendications portées par la profession la semaine passée ont été entendues.
Toujours est-il, que les masseurs kinésithérapeutes ne peuvent pas compter sur l’adhésion massive de l’opinion publique, plus concernée par les vacances estivales et la coupe du monde de football. Or, les syndicats, représentant la profession, ont beau insister sur l’objectif d’intérêt général supporté par les kinés, les Français et les Françaises ne se sentent pas concernés par ces revendications. Il faudra donc, dans les semaines à venir, faire preuve de pédagogie afin de rallier une partie de l’opinion. La tâche s’annonce difficile, d’autant plus pour les kinés libéraux qui doivent en outre faire face à des faits divers, pas toujours flatteurs pour la profession.
La profession de kiné libéral, une activité souvent sous les feux de la rampe
On évoque rarement la profession de masseur kinésithérapeute dans les médias nationaux, ou alors lorsque cest le cas, cest pour détailler des faits divers qui ne valorisent pas la profession. Il s’agit, le plus souvent, de kinés libéraux poursuivis devant les tribunaux. Ces cas rarissimes ternissent l’image de la profession même de kiné libéral.
Cest en Côte-d’Or, et plus précisément à Dijon, qu’un tel récit défraie la chronique depuis quelques jours. Tout a commencé, lorsque la Caisse Primaire d’Assurance Maladie du département prévient le Procureur de la République après avoir détecté des « anomalies de remboursement » chez un kiné libéral. La brigade financière de la sureté urbaine avait alors pris le relais pour mener l’enquête. Une soixantaine de patients ont été entendus, des gardes à vue ont été prononcées à l’encontre du kiné libéral et de son épouse, des perquisitions réalisées …. Toujours est-il, que le kiné libéral et son épouse seront jugés en octobre prochain et devront répondre aux accusations d’escroqueries aggravées et de recel d’escroqueries aggravées.
Les kinés libéraux, des professionnels de santé honnête et dévoués
Les enquêteurs ont ainsi pu mettre à jour, que le kiné libéral falsifiait les ordonnances médicales, afin d’augmenter le nombre de séances de soins. Et en comparant l’agenda du kiné et les dates des soins remboursés, les enquêteurs ont démontré l’incohérence de ces rapprochements. L’enquête a enfin pu permettre de mettre en avant, que les remboursements étaient effectués sur le compter personnel de… L’épouse du masseur kinésithérapeute libéral, d’où l’accusation de recel d’escroqueries aggravées pour elle. La Caisse primaire d’Assurance Maladie a d’ores et déjà estimé le préjudice à 465.000 euros.
La grande majorité des masseurs kinésithérapeutes (85.88 % en 2017 pour être précis) exerce en activité libérale. La profession ne peut certes pas nier l’existence de certains faits délictueux commis par certains des membres, mais elle souligne que la proportion de ces cas est infime. Pourtant, chaque nouveau fait divers jette le discrédit sur toute une profession sur la mode du « ils sont tous pareils ». Et comme le préjudice se fait, dans la quasi-totalité des cas, aux dépens de la collectivité, l’amalgame est encore plus direct et généralisé. Cest en cela, que l’activité même du kiné libéral souffre de cette situation, et que lorsque la profession se mobilise pour soutenir des revendications générales, l’opinion publique se révèle soupçonneuse et peu encline à adhérer à de telles revendications. La période estivale permettra-t-elle à l’opinion publique de se ressaisir et de comprendre que les kinés libéraux nagissent pas ici par esprit de corporation, mais bien pour l’avenir d’une profession si plébiscitée par les patients et les patientes ?
Et vous, constatez-vous cette méfiance des patientes et des patients au quotidien ? Pensez-vous que les kinés libéraux peuvent réussir à convaincre leurs patients de l’utilité de leur mobilisation ?
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