Comme tous les professionnels de santé, les masseurs kinésithérapeutes doivent s’adapter à la multiplication des structures d’Hospitalisation à Domicile. L’HAD modifie doucement, mais en profondeur la nature même des soins de ville. Cela sera-t-il tenable longtemps encore ?
Les masseurs kinésithérapeutes également concernés par l’étendue de l’HAD
Apparue en France, dans le courant des années 1950, l’Hospitalisation à Domicile (HAD) est aujourd’hui plus qu’hier une forme à part entière d’hospitalisation. Revêtant de multiples réalités, elle s’inscrit dans les différents plans de Santé Publique et apparaît comme une des voies privilégiées pour maintenir les dépenses de santé. Comme tous les professionnels libéraux de santé, les masseurs kinésithérapeutes doivent aujourd’hui prendre en compte cette nouvelle orientation donnée aux soins de ville. Car l’hospitalisation à domicile implique désormais la multiplication de structures, au sein desquelles les professionnels libéraux sont appelés à intervenir. Même si les soins de ville restent appréciés des patientes et des patients, ils sont en effet appelés à se réorganiser, afin de pouvoir faire face à la santé de demain.
Ainsi, depuis le 1er mars 2017, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EPHAD) peuvent désormais, à leur tour, recourir à l’hospitalisation à domicile, telle que définie dans le Code de la Santé Publique. Cette décision a été prise pour « offrir aux personnes âgées vulnérables des soins toujours plus adaptés, un accompagnement personnalisé, une attention de chaque instant. L’HAD nest pas un mode d’hospitalisation par exception, cest un mode d’hospitalisation de droit commun. »
Cela revient-il à dire, que les masseurs, infirmières libérales et autres professionnels de santé doivent renoncer, en partie, à leur autonomie pour intervenir plus fréquemment dans ces nouvelles structures. La question est à présent posée.
Du kiné à l’infirmière libérale, vers une complexification de l’hospitalisation à domicile
Maisons de santé, EPHAD… les structures de HAD se multiplient de même que les règles se complexifient. En effet, en permettant le recours à l’HAD dans les EPHAD notamment, le Ministère de la Santé écarte les kinés et autres professionnels libéraux de ces établissements. Et pourtant, les besoins existent, et nul doute que ces structures de HAD feront appel aux kinés libéraux pour y faire face. Le glissement semble anodin, mais implique néanmoins de réels changements et de profondes transformations pour les MKDE et pour tous les auxiliaires médicaux. Pour pallier au manque d’effectifs dans le milieu hospitalier, il sera donc de plus en plus souvent fait appel aux kinés libéraux. Tout en conservant leur indépendance, mais aussi les contraintes liées à l’exercice libéral de la kinésithérapie, les MKDE concernés seront donc de plus en plus liés à ces structures hospitalières.
Déjà, des mesures sont prises pour inciter à renforcer le travail en équipe (avec notamment une hausse de la rémunération forfaitaire des kinés et des auxiliaires médicaux), entraînant de nouvelles exigences à respecter et une nouvelle organisation à mettre en place. Nest-ce pas le début d’une réorganisation pour les kinés comme pour tous les professionnels libéraux de santé ?
Une logique financière en opposition avec l’éthique des masseurs kinésithérapeutes ?
On comprend la logique financière, qui pousse les autorités sanitaires du pays à préférer l’hospitalisation à domicile par rapport à une hospitalisation traditionnelle. Cette même logique est à l’origine de la multiplication des hôtels hospitaliers, dans lesquels les kinés interviennent sous la responsabilité (et donc le contrôle) des centres hospitaliers concernés. Cest également elle qui explique la généralisation de l’ambulatoire et la diminution toujours plus importante de la durée d’hospitalisation.
Mais choisir d’exercer en libéral pour un kiné répond aussi à une démarche éthique, volontairement choisie. Il s’agit, outre les soins prodigués, de satisfaire à deux exigences récurrentes des patientes et des patients : la disponibilité et la proximité. En se généralisant à outrance, lHospitalisation à domicile ébranle ces deux objectifs du MKDE libéral. D’autant plus, que la volonté affichée de tout faire pour éviter ou réduire la durée de l’hospitalisation classique, tant par le biais de la HAD que par celui de l’ambulatoire, implique inéluctablement une hausse des besoins en termes de rééducation et de récupération.
Les masseurs kinésithérapeutes seront donc (et ils le sont déjà) de plus en plus sollicités pour accompagner cette ambition du tout sauf l’hôpital… La question consiste à savoir si la situation sera pérenne, et si les nouvelles structures de HAD ne risquent pas de s’opposer plus brutalement encore aux soins de ville.
Et vous, quel est votre avis sur cette généralisation de l’Hospitalisation à Domicile ? Et que pensez-vous de ces structures de plus en plus nombreuses ?
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