Quand l’hôpital veut séduire les masseurs kinésithérapeutes libéraux ?

Publié par 27 octobre 2017

Le thème des déserts médicaux occupe le devant de la scène depuis des années lorsqu’il s’agit de parler de santé publique. Si on évoque souvent les décisions prises en ce qui concerne les masseurs kinésithérapeutes libéraux, on pense moins aux efforts et aux difficultés, que doivent afficher les établissements hospitaliers.

Masseur kinésithérapeute, entre libéral et secteur hospitalier, un choix à faire en toute connaissance de cause

On a déjà évoqué le choix pour un masseur kinésithérapeute de s’installer en tant que professionnel libéral de santé. L’ouverture d’un cabinet de kinésithérapie mobilise certes beaucoup d’énergie et d’attention, mais ce choix de l’exercice libéral concentre une majeure partie des MDKE. Certains exerceront aussi en milieu hospitalier, alors que d’autres préféreront une voie conciliant les deux modes d’exercice. Chacun s’appuie sur ses propres envies et sur ses motivations profondes pour prendre ses décisions, mais force est de constater que depuis plusieurs années, le milieu hospitalier redouble d’efforts et d’imagination pour attirer à lui des candidats qui se font (trop) rares.

La désertification médicale concerne aussi les masseurs kinésithérapeutes hospitaliers, et il suffit de parcourir les nombreux postes vacants sur tout le territoire national pour comprendre que l’exercice libéral de la profession n’est pas le seul concerné. Le manque d’un seul masseur kinésithérapeute dans un hôpital peut poser des problèmes à tout un service de l’établissement. Du côté des patients, cette désertification, qu’elle soit en libéral ou en milieu hospitalier, implique les mêmes désagréments avec des délais de consultation, qui se rallongent, mais aussi avec des difficultés de plus en plus fortes pour trouver un professionnel de santé.

Quand le milieu hospitalier fait les yeux doux aux masseurs kinésithérapeutes

Pour attirer les professionnels de santé, les collectivités locales ne manquent pas d’idées. Les régions et les départements ont ainsi imaginé des incitations financières pour séduire les masseurs kinésithérapeutes, mais aussi les médecins ou les infirmières libérales. Aujourd’hui, il existe presque autant de dispositifs de ce genre que de déserts médicaux, et la réussite de ces systèmes incitatifs n’est pas la même partout. C’est la réponse apportée pour lutter contre les déserts médicaux en ce qui concerne les professions libérales. Ces réponses continueront à se généraliser, puisque le gouvernement a d’ores et déjà annoncé que la lutte contre cette désertification faisait partie des priorités du gouvernement pour les prochaines années.

Mais cette lutte doit aussi répondre aux besoins et aux attentes des établissements hospitaliers. Même si on ne peut pas, par nature, parler de désertification médicale pour les hôpitaux, on ne peut pas passer sous silence les postes de masseurs kinésithérapeutes, ou d’autres professionnels de santé, qui restent vacants dans ces établissements. Les problématiques engendrées par ces difficultés à recruter sont d’autant plus importantes, qu’elles ont des conséquences plus ou moins directes sur les autres services hospitaliers (infirmières ou personnel soignant du service de kinésithérapie, coordination des soins entre le service de kinésithérapie et les autres…)

Comment l’hôpital peut-il faire face aux masseurs kinésithérapeutes libéraux ?

Les moyens de l’hôpital ne sont pas comparables à ceux, que les collectivités locales peuvent consacrer pour recruter des kinés ou des professionnels libéraux de santé. Il leur est néanmoins indispensable de réagir pour pouvoir continuer à assurer leur mission. C’est ce que nous confirme Valérie Guay, chargée d’encadrer les masseurs kinésithérapeutes et les ergothérapeutes de l’hôpital Victor-Dupouy à Argenteuil. « Cela devient compliqué de jongler avec les plannings et de laisser partir le personnel en formation. À l’approche de Noël, c’est encore plus difficile ». Alors lorsqu’il s’agit de recruter un nouveau masseur kinésithérapeute, la tâche devient quasi impossible. Comment l’hôpital peut-il lutter contre l’attrait financier, que représente l’ouverture d’un cabinet de kinésithérapie pour un jeune diplômé ?  Il ne suffit pas de vanter les atouts du domaine hospitalier pour réussir à atteindre cet objectif.

Conscient de cette impossibilité de lutter, lorsque 80 % d’une promotion préfère devenir masseur kinésithérapeute libéral plutôt que de choisir le domaine hospitalier, l’établissement d’Argenteuil a décidé de miser sur l’humour en proposant une vidéo de promotion et de recrutement sur un ton décalé. Un masseur kinésithérapeute depuis 4 ans à l’hôpital, Yann Kerlizin, a accepté de participer au projet en défendant ses convictions. « Nous travaillons en équipe, nous avons une meilleure qualité de vie, nous avons nos soirées et nous pouvons organiser notre vie. Bien sûr, nous gagnons moins, mais le travail est beaucoup plus diversifié.”

 

https://www.youtube.com/watch?v=gEorhfntVKk

 

Une initiative, qui a le mérite de mettre en avant les spécificités du masseur kinésithérapeute à l’hôpital. Si l’hôpital d’Argenteuil a réussi à faire parler de lui avec un film vu plus de 3.000 fois depuis sa mise en ligne sur YouTube, il n’est pas certain, que cela suffise, à moins que d’autres initiatives ne viennent renforcer cette ambition.

Et vous, masseur kinésithérapeute en milieu hospitalier, y avez-vous pensé au moment de votre installation ? Quelles seraient, selon vous, les pistes à suivre pour inciter les jeunes diplômés à choisir d’exercer en milieu hospitalier ?

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