Quand on incite les kinés libéraux à… partir

Publié par 13 août 2019

Quel drôle de titre à une époque, où certains territoires se démènent pour attirer des professionnels de santé sur leur territoire. Pourtant, un fait divers souligne, que tous ne sont pas disposés à accueillir les bras grands ouverts l’installation d’un jeune kiné libéral. Pourquoi ?

L’installation d’un kiné libéral dans les déserts médicaux, une aubaine ….

 

On le sait depuis longtemps, la démographie des kinés libéraux pose question et fait débat en France. Si les autorités publiques ont instauré des règles liées aux zones surdotées et sous dotées en professionnels de santé, l’égalité d’accès aux soins n’est pas garantie sur l’ensemble de la métropole. On a déjà souligné les trésors d’imagination, déployées par certaines municipalités et autres collectivités locales, pour attirer les jeunes masseurs kinésithérapeutes, ayant choisi d’exercer leur profession sous la forme libérale.  Certaines de ces initiatives sont même soutenues par les patients eux-mêmes, qui souhaitent voir l’installation d’un kiné libéral dans leur commune. Ces initiatives sont appelées à se multiplier dans les années à venir.

 

La multiplication des Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP) et les incitations à s’engager plus fortement dans l’exercice partagé ne seront, en effet, pas suffisants pour garantir une régulation homogène des kinés libéraux sur l’ensemble du territoire.

 

Certains dispositifs sont même testés dans certains IFMKR, pour que les étudiants s’engagent avant même l’obtention de leur diplôme d’État à s’installer sur certains territoires prédéfinis à l’avance. Toutes ces mesures soulignent à quel point l’installation d’un kiné libéral peut répondre à une problématique forte pour les habitants d’un territoire ou pour les autorités de ce dernier.

…. Sauf dans certaines situations, où le kiné libéral est poussé à partir

 

Dans ces conditions, on a du mal à comprendre l’histoire de ce kiné libéral, qui avait décidé de s’installer dans la ville de Gorron, en Mayenne. D’origine roumaine, M. Marius Lupusoru se réjouissait de pouvoir ouvrir son cabinet de kiné libéral dans cette ville de Gorron, afin de remplacer le départ à la retraite de l’un de ses confrères. Une ouverture, qui eut lieu le 3 juin dernier. Pourtant, la joie de l’installation de ce kiné libéral n’aura été que de courte durée, puisque dès son installation, des actes de malveillance, des coups de téléphone injurieux et menaçants, du vandalisme… ont commencé par freiner sa joie et ses ambitions.  Interrogé par la presse locale, le kiné libéral explique :

 

« J’ai reçu des appels d’une personne qui m’a insulté, j’ai retrouvé de la merde sur ma porte et des sacs poubelles devant mon entrée. Je ne veux pas imposer cela à ma femme. »

 

Quelques jours après son installation, le professionnel de santé prenait donc une décision radicale, en annonçant son départ de la ville. Il est déjà attendu le 1er aout prochain dans une ville de Charente-Maritime.

 

On peut s’étonner de ces actes malveillants, et s’interroger pour savoir qui peut en être l’instigateur (ou instigatrice). Car M. Lupusoru répondait à une véritable attente de la part des patients, comme le souligne un communiqué publié par l’ordre des masseurs kinésithérapeutes du département de la Mayenne :

 

« Sa venue répondait à une problématique sur le nord Mayenne, qui manque de professionnels de santé. C’était inespéré pour Gorron.”

 

Les questions sont multiples et à ce jour sans réponses. Par contre, du côté des habitants comme de la municipalité, on regrette déjà ce départ, et tous condamnent les actes, qui ont poussé le kiné libéral à prendre cette décision. Est-ce un autre professionnel de santé, qui s’est senti menacé par l’arrivée de ce kiné roumain, ou faut-il rechercher des motivations racistes à ce déferlement d’actes délictueux ? Toujours est-il, que la ville de Gorron est désormais privée de kiné libéral, et que l’on peut craindre que les futurs candidats soient anxieux de venir s’installer dans une ville, où un kiné libéral a été poussé vers le départ en quelques jours à peine.

 

Et vous, connaissez-vous de telles situations, où les kinés libéraux sont incités à faire leur valise ? Quelles sont selon vous les motivations, qui ont poussé à ces actes répréhensibles ?

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