Aujourd’hui, se décider pour devenir kiné libéral ne suffit plus. Le jeune masseur kinésithérapeute doit alors se décider sur la structure qu’il souhaite rejoindre ou créer. De nouveaux enjeux appellent à l’évolution de la profession, même si à ce stade, il nexiste aucune certitude.
Combien de masseurs kinésithérapeutes pour garantir l’efficacité de notre système de soins ?
La question peut paraitre directe et abrupte, et pourtant elle demeure au cœur des réflexions menées par les masseurs kinésithérapeutes eux-mêmes, mais aussi par les autorités sanitaires. Personne, pas même les comités d’experts spécialement constitués pour répondre à ces questions – car elles concernent chacune des professions de santé – nest en mesure d’apporter une réponse chiffrée et étayée. Les efforts déjà entrepris sur la formation des futurs masseurs kinésithérapeutes (réforme des études de santé, suppression du numerus clausus…) et les stratégies déployées pour harmoniser la répartition des kinés sur l’ensemble du territoire (définition de zones surdotées, incitation à l’installation dans des déserts médicaux…) commencent à peine à se traduire dans la réalité, qu’il faut déjà se projeter encore plus loin.
Au niveau des territoires de l’hexagone, les situations sont bien trop hétérogènes pour que l’on puisse en tirer des enseignements généraux. Comment peut-on espérer organiser le travail de ces kinés libéraux de la même manière en Provence Alpes Côte d’Azur (où la densité est de 194.9 kinés pour 100.000 habitants) qu’en région Centre Val de Loire (où on ne compte que 89.6 kinés pour 100.000 habitants) ? La mission est délicate et renvoie à bien d’autres problématiques.
Les professionnels de santé au cœur d’une stratégie globale pour être efficace !
À cette question de la répartition géographique s’ajoute une autre dimension, tendant au choix des structures pour les futurs kinés libéraux. Certes, on sait, depuis le déploiement de la stratégie publique Ma Santé 2022, que l’exercice solitaire pour un kiné libéral comme pour tout soignant nest plus envisageable pour les autorités publiques. Emmanuel Macron, président de la République, déclarait même en septembre 2018 :
« Je veux que l’exercice isolé devienne une aberration. »
Pour un jeune diplômé en Masso-kinésithérapie, créer ou reprendre un cabinet seul serait donc désormais impossible (ou tout du moins fortement déconseillé). Est-ce à dire que les kinés doivent se regrouper pour pouvoir exercer ? Ou alors qu’ils doivent, quelle que soit la forme de leur activité, intégrer ces Communautés Professionnels Territoriales de Santé (CPTS) ? À moins qu’il ne s’agisse d’inciter les soignants de ville à se regrouper pour constituer une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) ? …
Les conséquences de tel ou tel choix ne sont pas les mêmes, et chaque kiné libéral étudie chaque opportunité en tenant aussi en compte ses aspirations et ses préférences. Puisque l’exercice coordonné et les relations interprofessionnelles sont aujourd’hui présentées comme les priorités en matière de Santé Publique, les kinés libéraux, à l’instar des autres acteurs concernés, privilégient donc des nouveaux modes d’exercice.
Les objectifs de Santé publique, un cadre pour guider les kinés libéraux dans leur choix
Si le choix se complexifie pour les kinés libéraux, la décision de privilégier le libéral risque, elle aussi, de connaitre une profonde évolution. Au 1?? janvier 2020, seuls 14.7 % de la profession étaient concernés par le salariat, une large majorité (85.3 %) exerçant sous statut libéral ou mixte. La reconnaissance du grade de Master pour les jeunes diplômés et les efforts consentis pour rendre la profession de kiné hospitalier plus attractive (rémunération, conditions de travail, possibilité de recherche, perspective d’évolution…) pourraient modifier la perception des futurs masseurs kinésithérapeutes. On a déjà observé et commenté ce frémissement tendant à faire de l’exercice mixte une nouvelle tendance en pleine évolution.
Car si la 4? profession de santé en France (par le nombre) reste un support traditionnel pour accompagner le vieillissement de la population et l’évolution du système de santé publique vers les soins ambulatoires, elle devra également être capable de prendre en charge les importants besoins en rééducation à venir, comme ceux liés à l’infection par le coronavirus (Covid long). Toutes ces problématiques interrogent quant à l’avenir de la profession, principalement en ce qui concerne les formes d’exercice. Et cest ce même constat que dresse l’Ordre des Masseurs kinésithérapeutes en étudiant la démographie de la profession :
« La kinésithérapie constitue non pas une charge pour les finances publiques, mais un véritable atout pour répondre aux enjeux de santé du 21? siècle. »
Et vous, comment voyez-vous l’avenir en ce qui concerne les formes d’exercice des masseurs kinésithérapeutes ? Des maisons de santé en perpétuelle croissance, une augmentation de l’exercice mixte… ?
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