Quelle place pour les kinés dans le traitement de la bronchiolite ?

Publié par 28 septembre 2020

Un nourrisson sur 3, en moyenne, est atteint chaque année de bronchiolite au cours de l’hiver. Et l’hiver 2020-2021 sera, comme l’année dernière, l’occasion de voir le débat « Kiné respiratoire et bronchiolite » remis sur le devant de la scène médiatique. Mais depuis les recommandations de la HAS, la crise du coronavirus est venue compliquer encore un peu plus la situation.

La kiné respiratoire, écartée du traitement des bronchiolites du nourrisson depuis un an

 

On se souvient du tollé qu’avait provoqué, auprès des kinés libéraux, mais aussi de bien d’autres professionnels de santé, la publication du rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS). Cette dernière s’interrogeait alors sur l’efficacité et l’utilité de la kiné respiratoire pour les nourrissons, atteints de bronchiolite. Cette épidémie, qui revient chaque hiver, affecte environ 480.000 enfants tous les ans. 2 à 3% de ces jeunes patients sont hospitalisés. Le phénomène est donc bien d’ampleur, et depuis longtemps, les cabinets de kinés libéraux recevaient ces nourrissons pour un traitement curatif bien sûr, mais aussi préventif, notamment en éduquant les parents à adopter les bons gestes et les bonnes habitudes.

 

En novembre 2019, la HAS publiait donc « Prise en charge du premier épisode de bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois ». À cette occasion, la HAS soulignait que le recours à la kiné respiratoire dans le traitement de la bronchiolite aiguë n’avait pas fait ses preuves, et que son efficacité était loin d’être avérée. Le vice-président de la commission recommandations de la HAS, le Pr Pierre-Louis Druais, allait même encore plus loin en répondant aux questions des journalistes de BFM-TV :

 

“Nous n’avons aucun niveau de preuve de cette méthode. Chez les enfants hospitalisés, atteints des formes les plus graves, la kinésithérapie respiratoire est non seulement inutile, mais sûrement contreproductive. Cela va aggraver l’état de l’enfant, qui est déjà fatigué et a du mal à respirer”

Le déremboursement de la kiné respiratoire, une décision à contre-courant ?

 

Dans ses recommandations, la HAS qualifiait donc la kiné respiratoire de « contre-indiquée » à l’hôpital et de « non recommandée » en médecine de ville. En quelques jours, les kinés libéraux s’étaient mobilisés pour dénoncer une décision jugée incompréhensible. Alors que partout en France, les cabinets de kinés libéraux s’organisaient, depuis des années, pour garantir des services d’urgence Bronchiolite, la communication de la HAS jetait le discrédit sur leurs interventions. Certes, le rapport n’invite pas à interdire ou déconseiller le recours au masseur – kinésithérapeute, mais dans l’esprit des patients, il a fait naitre le doute et même la peur.

 

Les techniques visées, le clapping et la vibration, ne constituent pas l’intégralité de cette kiné respiratoire, qui regroupe aussi le mouchage, la surveillance, l’auscultation, l’éducation des parents… Le kiné libéral était, et doit rester, le professionnel de premier recours pour les parents, inquiets devant les bronchiolites de leurs enfants.

 

La présidente de l’Ordre professionnel des Masseurs Kinésithérapeutes, Mme Pascale Mathieu, soulignait même un autre danger en expliquant que « si on arrêtait cette prise en charge, il y aurait un recours massif aux urgences de parents très inquiets.”

Une situation délicate pour cette année 2020 pour les kinés libéraux

 

Nous étions alors en plein hiver 2020-2021, et aujourd’hui, alors que la saison hivernale s’annonce, la situation a évolué. Crise du coronavirus oblige, les services hospitaliers sont déjà sous tension, et certains kinés libéraux soulignent, qu’avec l’arrivée de l’épidémie de bronchiolite, les difficultés vont s’aggraver. Et l’exemple de la Nouvelle-Calédonie est donné en exemple par plusieurs kinés libéraux. Cette année, les bronchiolites à VRS semblent plus nombreuses et plus virulentes, avec un début d’encombrement des services hospitaliers. Certains masseurs-kinésithérapeutes soulignent la corrélation entre le désengagement des kinés libéraux et cette augmentation inhabituelle des hospitalisations.

 

Pour Nicolas Volk, président du syndicat des masseurs-kinésithérapeutes de Nouvelle-Calédonie, les recommandations de la HAS n’ont pas pris en compte l’importance du rôle du kiné se bornant à une « vision comptable ».  Il explique ainsi :

 

« […] le kiné avait ce rôle curatif, on apprenait à moucher les bébés, on désencombrait, et puis on appartenait à un réseau de soins »

 

Le même débat s’ouvrira, dans quelques semaines, dans l’Hexagone, à un moment où le Ministère de la Santé s’efforce de réduire au maximum la fréquentation des services hospitaliers.

 

Et vous, quelle est votre position sur le sujet ? Quelle devrait être la mesure à prendre pour cet hiver 2020-2021 ?

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