De plus en plus d’étudiants français décident d’aller obtenir leur diplôme de kiné à l’étranger. Face à ce constat, l’Ordre National des Masseurs Kinésithérapeutes a organisé une conférence destinée à s’interroger sur la possibilité de créer un cadre commun pour la formation de ces professionnels de santé en Europe.
Des kinés libéraux formés à l’étranger pour exercer en France
Nous nous sommes déjà interrogés sur la formation des masseurs kinésithérapeutes en France. Au-delà des questions et des débats, que les études en Institut de Formation en Masso Kinésithérapie (IFMK) soulèvent, il faut souligner une tendance se développant depuis plusieurs décennies : le départ d’étudiants vers d’autres pays européens pour concrétiser leurs ambitions. Ces étudiants, de plus en plus nombreux chaque année, décident de s’expatrier pour étudier afin de surmonter les deux principaux obstacles des études de kiné en France :
- La sélectivité des études. La suppression de la PACES na pas changé en profondeur la donne, et les promesses d’accroitre les places disponibles dans les différents cursus de formation ne sont pas encore à ce jour en mesure de produire leurs premiers résultats.
- Le prix (prohibitif ?) des études. Les frais de scolarité pratiqués par certains IFMKR rendent ces études difficilement accessibles à un grand nombre d’étudiants. En outre, certains pays européens apparaissent comme bien plus accessibles pour tout ce qui concerne la vie quotidienne.
Ce sont donc des raisons structurelles, qui expliquent ces migrations vers d’autres contrées, et de l’Espagne à la Belgique, les destinations se multiplient pour ces étudiants en étude de santé (Les kinés ne sont pas les seuls concernés par le phénomène). La situation a pris tellement d’ampleur, que certains de ces pays ont dû adopter des mesures pour l’encadrer. Ainsi, depuis 2006, la Belgique a limité le quota d’étudiants étrangers à 30 % des effectifs, afin de ne pas prendre le risque de ne former que des kinés français.
S’inscrire à l’étranger et suivre une scolarité hors de France ne constitue pas un problème majeur, d’autant plus que les étudiants bénéficient de l’expérience de leurs ainés. Cette simplicité à franchir le pas et les frontières caractérise l’ensemble du cursus.
Une fois le diplôme obtenu, les futurs kinés libéraux peuvent donc choisir de venir s’installer en France ou d’aller exercer dans un autre pays européen. Ainsi, avec un diplôme de masseur kinésithérapeute belge, le jeune professionnel de santé devra remplir un dossier auprès de la Direction Régionale de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DREETS) afin d’obtenir la précieuse autorisation d’exercer en France.
Vers un cadre commun de formation pour les masseurs-kinésithérapeutes ?
Cest dans ce contexte et à l’occasion de la présidence française de l’Union Européenne, que le Conseil National de l’ordre des masseurs – kinésithérapeutes (CNOMK) a organisé une conférence, réunissant des décideurs et des acteurs de toute l’Europe, autour d’une seule problématique : « Vers un cadre commun de formation pour les masseurs kinésithérapeutes ». Bien que la question centrale ne soit pas directement liée à cet exode des étudiants français, la question du cadre commun pourrait donner à ce phénomène une nouvelle dimension, puisqu’il a été rappelé que le principal objectif d’une telle ambition consiste bien à :
« De favoriser la reconnaissance des qualifications transfrontalières des kinésithérapeutes et ainsi de faciliter leur mobilité ».
Une reconnaissance automatique de tous les diplômes, une harmonisation des formations et du contenu de chacune de celles-ci, les objectifs à atteindre… toutes les questions afférentes à ces questions ont été abordées, et si l’ambition peut être concrétisée dans les années à venir, il faudra cependant, au préalable, tenir compte des multiples attentes de chacun des pays concernés. Ainsi, le responsable de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes portugais, António Manuel FERNANDES LOPES, s’est félicité pour l’initiative :
« Ce cadre commun de formation est un souhait de longue date pour le Portugal. Il permettra de faciliter le processus de reconnaissance des qualifications ».
Les prochaines discussions permettront de savoir si le projet sera mené à terme, avec une autre question qui apparait déjà : ce cadre commun ne va-t-il pas amplifier l’exode des étudiants français ?
Et vous, que pensez-vous de la situation : de plus en plus d’étudiants français à l’étranger et l’ambition d’un cadre commun de formation ? Estimez-vous que des mesures devraient être prises pour faire évoluer la situation ? Lesquelles ?
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