Une odieuse histoire d’agressions sexuelles a été jugée ces derniers jours à Carcassonne. Cest un masseur kinésithérapeute, qui s’est rendu coupable de ces actes inexcusables et injustifiables, nous amenant à évoquer ce délicat problème des agressions sexuelles.
Les masseurs kinésithérapeutes et les risques d’accusation d’agressions sexuelles
Cest un récent fait divers, comme il en existe beaucoup, qui nous amène à évoquer ce sujet, souvent passé sous silence, lorsqu’il s’agit de parler du quotidien des kinés. Mercredi 20 septembre 2017, un kinésithérapeute comparaissait devant le tribunal correctionnel de Carcassonne. Il devait répondre des accusations portées contre lui par l’une de ses anciennes patientes. Le 29 juillet 2015, cette dernière, sur laquelle le kiné d’une soixantaine d’années pratiquait un massage, ressent des gestes déplacés de son praticien de santé. Elle découvre alors, en ouvrant les yeux, le masseur kinésithérapeute penché sur elle et lui caressant son intimité. S’enfuyant sans plus attendre, la patiente dépose plainte immédiatement.
Devant le tribunal, le masseur na pas cherché à nier les faits en expliquant : « Javais pris un anxiolytique, je nétais pas moi-même. Quand je me suis entendu lui demander d’enlever sa culotte, je ne sais pas ce qui ma pris, jai voulu arrêter. Mais comme elle avait dit oui pour l’enlever, je nai pas voulu la vexer ». De son côté, la patiente a tenu à préciser : « Je me suis fiée à son jugement, je ne comprends pas qu’il puisse penser que javais des pensées autres que médicales ».
Une situation dangereuse et un contexte condamnable et condamné
Depuis le début de l’enquête, le professionnel s’est vu interdire l’exercice de sa profession. S’il a donc avancé son état de surmenage et de fatigue comme simple élément de justification, il a dû néanmoins faire face aux témoignages d’autres patientes, dont certaines lui reprochent un comportement tendancieux. Certaines s’interrogent de la demande de ce masseur kinésithérapeute de se débarrasser de leur soutien-gorge même pour le traitement d’un symptôme localisé au genou.
Face à la multiplication des témoignages à charge, le praticien a justifié ces demandes en évoquant une méthode d’ostéopathie, nécessitant de «faire vibrer la peau, et ça ne fonctionne pas par-dessus les vêtements ». Pourtant, kinésithérapie et ostéopathie ne devraient pas être associées et encore moins pratiquées simultanément, comme nous le signalions, il y a peu.
Aucune de ces explications ou tentatives de justification na réussi à convaincre le tribunal. Ce dernier a donc condamné le masseur kinésithérapeute à un an de prison (avec sursis et mise à l’épreuve), au paiement de 10 560 à la victime et à l’obligation de soins psychologiques.
Il ne s’agit pas uniquement de relater ce tragique épisode de la carrière d’un kinésithérapeute, mais bien de s’interroger plus largement sur cette problématique des « agressions sexuelles » au sein des cabinets de kiné. Les cas restent extrêmement rares, mais doivent rappeler qu’en la matière le masseur kinésithérapeute doit aussi se protéger afin de se prémunir de toute erreur d’interprétation de ses actes.
Le cabinet de masseur kinésithérapeute, un endroit dangereux ?
La question est volontairement provocatrice pour faire réagir. Mais il nempêche que ce fait divers illustre bien à quel point, les masseurs kinésithérapeutes, comme d’autres professions, doivent être plus vigilants encore pour se protéger d’éventuelles plaintes pour agressions sexuelles. Il existera toujours des kinés qui se rendront de tels actes condamnables, et pour lesquels, il nexiste, et nexistera jamais, de circonstances atténuantes. Mais à une époque, où la prévention et la sécurité sont deux aspects essentiels du quotidien de chacun, le masseur kinésithérapeute se retrouve fréquemment seul avec ses patientes ; certaines d’entre-elles devant même se dévêtir en partie. Cette proximité et cet isolement du kiné avec ses patientes doivent alors conduire au respect strict des règles déontologiques de la profession de masseur kinésithérapeute.
En effet, certains actes, comme l’auscultation, l’examen visuel, la palpation, le déshabillage, le massage, le toucher, …, peuvent être mal interprétés par les patients, alors qu’ils résultent d’une pratique habituelle d’un masseur kinésithérapeute. Le contrat de confiance, liant le kiné d’une part et son patient ou sa patiente d’autre part, reste la base d’une relation apaisée, au sein de laquelle le praticien de santé veillera toujours à expliquer ses pratiques et à ne jamais dépasser les limites de sa mission de masseur kinésithérapeute.
Le masseur kinésithérapeute et son obligation d’explication
Pour éviter ce genre de mauvaises interprétations, le Code de la Santé Publique (CSP) impose un devoir d’explications préalables au masseur kinésithérapeute comme à tous les professionnels de santé :
Toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé. Cette information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de prévention qui sont proposés au patient, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent, ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les conséquences prévisibles en cas de refus. […]
(Article 1111-2)
« Le masseur-kinésithérapeute, dans les limites de ses compétences, doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il conseille une information loyale, claire et appropriée sur son état et les soins qu’il lui propose. […] ».
(Article 4321-83)
Il s’agit ici, pour le masseur kinésithérapeute, d’obtenir l’assentiment de son patient ou de sa patiente, après lui avoir expliqué les actes et les traitements qu’il s’apprête à exercer. Cette explication permettra d’éviter tout malentendu et d’imposer un cadre défini pour la relation patient – kiné.
Cest en respectant ces règles opposables à tous les masseurs kinésithérapeutes qu’il sera possible, pour chaque professionnel de santé, de se préserver d’éventuelles incompréhensions qui pourraient éventuellement impliquer une erreur d’interprétation des intentions du kiné. Cela ne doit en rien minorer la gravité des actes commis par le masseur kinésithérapeute, dont nous relations l’histoire pour commencer, et de ceux commis par des kinés coupables d’agressions sexuelles. Cependant, il faut souligner que ces actes, aussi odieux et intolérables soient-ils, restent rarissimes, bien que certains continuent à jeter le discrédit sur toute une profession à chaque nouvelle révélation.
Et vous, avez-vous déjà eu à gérer des situations délicates, nées d’une mauvaise interprétation de vos gestes ? Plus généralement, quel est votre avis et votre position sur le sujet ?
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