La santé a été définie comme une des priorités du gouvernement. Pour réussir à transformer durablement et efficacement l’organisation des soins en France, les autorités ont décidé de changer d’approche en donnant plus de latitude et de liberté aux acteurs de terrain. Comment ? Pour quel objectif ?
Repenser la gestion de la santé en France, un ambitieux projet
Lorsqu’il lançait le CNR (Conseil National de la Refondation) Santé le 03 octobre dernier au Mans, François Braun, ministre de la Santé et de la prévention, entendait donner la parole à tous les acteurs du soin. Les kinés libéraux comme les Agences régionales de santé, les médecins généralistes comme les gestionnaires des antennes locales de l’Assurance Maladie…
Tous devaient devenir force de proposition pour repenser l’organisation de la santé en France pour les prochaines années. 7 mois après, le ministre de la Santé et de la prévention présidait une réunion plénière de ce CNR Santé. Il ne s’agissait pas de dévoiler un plan de réforme, mais bien d’expliquer un changement de paradigme pour ce qui concerne la politique de la santé en France.
« Cest bien notre organisation globale qui doit être repensée »
Détaillant les innombrables propositions émanant du terrain, le ministre a ainsi souligné son ambition de vouloir prolonger ce mode de fonctionnement. Il faut désormais selon lui inciter et favoriser les co-constructions locales de solutions en matière de santé. Les réponses ne peuvent plus (et ne doivent plus) être centralisées tant les disparités se multiplient sur les territoires. Il a ainsi rappelé que les agences régionales de santé se sont vues confiées de nouvelles missions :
- Garantir l’adaptation des politiques de santé aux territoires,
- S’engager dans la simplification des démarches pour tous les professionnels de santé, y compris les kinés libéraux, en abandonnant l’idée que tous les efforts doivent se concentrer sur le seul corps médical.
Kinés libéraux et soignants appelés à « aller vers les patients »
Pour le ministre de la Santé et de la prévention, l’État doit prendre le rôle de facilitateur et donc accompagner les initiatives locales. Pour lui, le ministère de la Santé doit changer d’approche et s’efforcer « d’être en appui, de renforcer les outils disponibles, et de garantir la qualité et la sécurité des soins pour nos concitoyens” .
Cest donc un profond changement de paradigme pour le ministère qui entend se doter des moyens nécessaires (une enveloppe budgétaire de 30 millions d’euros a ainsi été affectée pour accompagner les ARS dans leurs nouvelles missions).
Outre cet aspect économique, l’État va également s’efforcer de créer un cadre adapté pour déléguer ces pouvoirs de décision aux acteurs territoriaux. Dès ce mois de mai, une mission doit identifier les pistes à suivre pour optimiser le déploiement des « guichets uniques », ces lieux qui doivent faciliter l’installation d’un professionnel de santé (kiné libéral, médecin, infirmière…) mais aussi accompagner les professionnels dans le montage de dossiers plus complexes (CPTS, maison de santé…) .
Si le ministère entend donc déléguer les prises de décisions au niveau des territoires, il entend cependant continuer à fixer les engagements et les objectifs à suivre, comme celui de réussir à désengorger les urgences dès la fin de l’année 2024. Cela passera notamment par la création de tous les Services d’accès aux soins (SAS) avant la fin 2023 :
« L’objectif est d’aller toucher cette frange de nos concitoyens – 20 %, dit-on – qui sont éloignés durablement de notre système de santé, en lien avec les dispositifs de patients-partenaires, de pairs-aidants et les associations représentantes d’usagers.”
Si l’esprit est salué par de nombreux kinés libéraux et plus généralement par de nombreux acteurs du soin, la méthode reste, quant à elle, à être éprouvée pour son efficacité. Il faudra attendre quelques semaines pour découvrir si cette nouvelle conception représente une voie d’avenir ….
Et vous, estimez-vous aussi que les solutions en matière de santé doivent venir du terrain et ne plus être imposées par le ministère ? Pensez-vous que la méthode est la bonne ? Sera-t-elle, selon vous, couronnée de succès ?
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