La crise sanitaire du Covid-19 laissera cette rentrée de septembre comme inédite et unique. Cependant, les étudiants en Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie dénoncent en 2020 les mêmes dérives qu’en 2019 ou même en 2018. Le coût de la scolarité est, une fois encore, au centre de toutes les critiques.
Les études en kinésithérapie de plus en plus chères ?
Chaque année, le mois de septembre voit le retour des dénonciations de coûts de rentrée jugés trop élevés par la totalité des associations étudiantes. Étudier pour devenir kiné libéral ne fait pas exception à la règle, bien au contraire. Cest la conclusion de la dernière étude publiée par la Fédération Nationale des Étudiants en Kinésithérapie (FNEK). Lorsqu’un étudiant en licence doit débourser 2.361 pour financer sa rentrée, l’étudiant en Masso-kinésithérapie devra, quant à lui, payer 7,572.20 , soit 5,211 de plus.
Bien évidemment, les moyennes masquent des situations bien différentes, mais on peut néanmoins s’interroger sur cette différence si importante. Pour la FNEK, inutile de chercher trop longtemps, puisque ce surcoût repose sur les frais de scolarité. Ces derniers sont estimés à 5.262 pour cette rentrée 2020 pour intégrer un Institut de Formation en Masso-kinésithérapie (IFMK). Ces frais de scolarité sont chaque année l’objet de revendications de la part des étudiants kinés. L’année 2020, malgré les conditions si particulières de cette rentrée, ne fait pas exception à la règle, d’autant plus que cette moyenne des frais de scolarité souligne une inflation galopante, avec une hausse de 17 % par rapport à l’année précédente. Pour autant, tous les élèves kinés ne sont pas logés à la même enseigne.
La grande disparité des frais de scolarité, injustice flagrante ou simple adaptation ?
En effet, les frais de scolarité des étudiants en kiné vont être définis par le statut de l’IFMK concerné. Pour cette rentrée 2020, 51 IFMK accueilleront celles et ceux qui se destinent à devenir kinés libéraux ou hospitaliers. Mais on peut les catégoriser en 3 grands groupes distincts, chaque groupe affichant une stratégie différente en ce qui concerne la détermination de ces frais de scolarité.
1. Les instituts publics
On en recense 24 en France, et 7 d’entre eux se contentent d’appliquer les mêmes frais qu’à l’université, à savoir 170 en licence et 243 en master. Les autres appliquent des frais de scolarité pouvant s’envoler, puisque définis à 5.770 à Brest, par exemple. En moyenne, ces instituts publics restent cependant les plus accessibles des IFMK avec une moyenne de 1027,90 annuels. On peut expliquer cette différence de coûts entre instituts de même statut par le financement des études sociales et sanitaires par les régions. Ces dernières nont pas toutes les mêmes priorités.
2. Les instituts privés à but non lucratif
Pour cette catégorie, la moyenne s’établit à 5.387.50 , avec là encore une très grande disparité, puisque pour cette rentrée 2020, la FNEK souligne qu’ils sont compris entre 1234 et 8.880 .
3. Les instituts privés à but lucratif
Sans surprise, cette catégorie reste celle où la moyenne des frais de scolarité est la plus élevée (9021,90 ).
Un système de formation à revoir pour accompagner la transformation du système de santé
Si les étudiants et les syndicats étudiants dénoncent ces disparités flagrantes, targuant notamment de l’injustice que cela représente pour les kinés eux-mêmes, ils insistent sur les conséquences plus durables d’un tel coût. De nombreux étudiants sont contraints de contracter un prêt bancaire conséquent pour le financement de leurs études, d’autant plus qu’à ces frais de scolarité s’ajoute le coût de la vie étudiante (logement, transport …).
Cet endettement peut être incitatif pour les étudiants obtenant leur diplôme d’État à se tourner vers la voie libérale pour une question de rémunération. Un objectif contraire aux engagements pris par le ministère de la Santé, bien décidé à rendre le métier de masseur-kinésithérapeute hospitalier plus attractif.
Enfin, si la FNEK conclut son étude en demandant des frais de scolarité dans les IFMK calqués sur les frais appliqués en université, la Fédération souligne aussi que ce « coût prohibitif » a également des conséquences sur la santé des étudiants. 28 % de ces derniers confirmeraient une telle dégradation depuis le début de leurs études, dégradation dont l’origine pourrait être le job saisonnier et/ou d’étudiant, qui constitue la réalité pour 62 % des étudiants.
Chaque année, les mêmes causes sont dénoncées par les étudiants, mais avec cette rentrée 2020, ces derniers espèrent réellement voir les choses changer. Rendez-vous donc à la rentrée 2021 pour voir s’ils ont été entendus.
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