Alors qu’ils constituent une infime minorité de la profession, les kinés libéraux non-vaccinés créent un certain malaise en soulevant de nouvelles problématiques.
Entre interdiction d’exercer et remboursement des aides perçues, une rentrée difficile pour les kinés libéraux
Cette rentrée 2021 s’annonçait au départ pour de nombreux professionnels libéraux de santé, dont les masseurs kinésithérapeutes, un premier pas vers un « retour à la normale ». Tous savaient, que ce retour ne serait pas immédiat et rapide, et beaucoup se retrouvent aujourd’hui désabusés et parfois en colère. Dès le début de l’été, une première menace s’était faite jour à l’encontre d’un grand nombre de soignants libéraux. L’Assurance Maladie avait ainsi prévenu vouloir récupérer les aides DIPA (Dispositif d’indemnisation lié à la perte d’activité), dont le calcul précipité avait conduit à des erreurs et donc à des trop-perçus. Depuis les premiers jours de septembre, les kinés libéraux, mais aussi bien d’autres professionnels, dont les chirurgiens-dentistes, contestent cette demande de remboursement, en soulignant des modes de calculs obscurs et incompréhensibles.
Cet aspect financier ne masque cependant pas l’autre débat essentiel, qui échauffe les esprits dans les rangs des soignants libéraux ou hospitaliers : l’obligation vaccinale. Depuis le 15 septembre, un kiné libéral doit pour pouvoir exercer être en mesure de justifier qu’il est engagé dans un processus vaccinal (et donc avoir reçu au moins une dose, notamment pour les vaccins nécessitant deux injections) et de sa non-contamination par la Covid-19.
Et l’échéance du 15 octobre se rapproche, avec l’obligation faite aux professionnels de santé d’être vaccinés. Et pour celles et ceux, qui ne seraient pas vaccinés à cette date, la règle applicable est simple : une interdiction absolue d’exercer. Le Conseil National de l’Ordre rappelle qu’en cas de violation de cette interdiction, le kiné libéral peut être poursuivi pénalement pour exercice illégal de la kinésithérapie.
L’obligation vaccinale, une décision soulevant bien d’autres problématiques
Rappelons, avant d’aller plus loin, que la très grande majorité des kinés libéraux et plus généralement des soignants est en conformité avec cette nouvelle obligation. Plus de 95 % des professionnels libéraux de santé sont déjà entièrement vaccinés. On ne peut cependant pas masquer qu’il existe une très faible minorité de soignants, qui refuse de se faire vacciner. Il ne s’agit pas d’opposer les uns et les autres, comme cest déjà le cas sur les réseaux sociaux, quand les #soignantsvaccinés répondent aux #NonAuVaccinObligatoire.
En revanche, depuis le 15 septembre, les décisions prises par les autorités sanitaires sont appliquées, et si les hôpitaux ont suspendu des professionnels pour non-respect de l’obligation vaccinale, des cabinets de kinés libéraux ont également dû fermer leur porte.
Ainsi, Martine Lorent, kiné libérale à Lacaune (81) depuis 25 ans, a dû fermer son cabinet pour satisfaire aux exigences de l’Autorité Régionale de Santé. Elle a néanmoins voulu adresser un courrier pour dénoncer cette situation, qu’elle juge intolérable, un courrier rendu public et largement commenté par la presse locale. Si la kiné lacaunaise explique les raisons de ne pas se faire vacciner, elle pose aussi deux questions, découlant de cette situation :
« Quest devenu le secret médical en France ? Quen est-il de la désertification médicale de nos zones rurales et du manque de personnel hospitalier qui va s’accroître plus encore à cause de cette obligation vaccinale ? »
D’autres kinés plus revendicatifs ont adopté une autre stratégie. Voulant assumer leur décision (non-vaccination), trois kinés de Châteaulin (29) ont ainsi décidé de quitter l’ordre des Masseurs Kinésithérapeutes. « Nous ne serons pas hors la loi, nous partirons de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes. Nous ne serons donc plus soumis à cette obligation ». Et ces 3 kinés expliquent vouloir continuer à prendre soin de leur patientèle, que ce soit avec de la micro-kiné ou de la « thérapie manuelle énergétique ». Outre le fait que leurs patients ne seront plus remboursés par l’Assurance Maladie, ces 3 professionnels risquent également d’être poursuivis pour « exercice illégal de la médecine » prévient le conseil régional de l’ordre.
Bien que minoritaires, ces kinés non vaccinés soulèvent donc bien d’autres problématiques, et créent un certain malaise, qu’il faudra veiller à apaiser à la sortie de cette crise sanitaire.
Et vous, êtes-vous vaccinés ? Quel est votre avis et vos remarques sur ce sujet ?
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