La crise sanitaire a mis en évidence la place singulière et essentielle des masseurs kinésithérapeutes dans l’offre de soins. Certains demandent d’aller plus loin, en élargissant le droit de prescription de l’activité physique à la profession, soulignant au passage les multiples bienfaits d’une telle décision.
Quand les masseurs-kinésithérapeutes veulent s’engager plus activement dans la prévention
Depuis le début de la crise sanitaire, au printemps 2020, toutes les professions de santé se sont mobilisées à double titre :
- Accompagner et répondre aux demandes des autorités publiques à chaque étape de la lutte contre l’épidémie de coronavirus (tests, vaccinations, hospitalisations…)
- Défendre l’intérêt de leur patientèle, en s’organisant pour pouvoir accueillir les patients dans les meilleures conditions possibles sans renoncer à la continuité des soins.
Les masseurs kinésithérapeutes, comme les autres, ont ainsi accepté la fermeture de leur cabinet en mars 2020, tout en soulignant que cela pouvait représenter un danger pour leurs patients. Depuis, les kinés libéraux, mais aussi hospitaliers ont été fortement impactés par la situation, d’autant plus que cette dernière a engendré de nouveaux besoins pour la profession. Cest ce qu’ont voulu exprimer Alexandre KUBICKI, Président de la commission scientifique de la Société Française de Physiothérapie et Nicolas PINSAULT, Président du conseil scientifique du Conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes dans une tribune libre.
Cette dernière vise à promouvoir l’importance de l’activité physique à un moment où de nombreuses salles de sport gardent porte close et pendant lequel les activités physiques sont contraintes par de multiples règles (couvre-feu, confinement…).
L’activité physique, une stratégie de prévention contre l’épidémie de Covid-19 ?
Plus encore, les kinés libéraux ont, selon les deux auteurs de cette tribune, un rôle à jouer pour promouvoir cette nécessaire activité physique. Celle-ci est déjà, en temps normal, bénéfique pour lutter contre bien des pathologies, tant physiques que psychologiques. Mais ce rôle est renforcé aujourd’hui par les enjeux liés directement à la crise sanitaire. En soulignant qu’ « il est démontré qu’il est possible de renforcer l’organisme humain par des actions non médicamenteuses et non vaccinales », les auteurs entendent participer à l’effort en matière de prévention du covid-19 et ainsi accroitre l’importance de la profession dans cette lutte quotidienne contre le virus.
Incluse dans ce que l’on dénomme « hygiène de vie », l’activité physique s’impose comme la lutte contre la sédentarité et naturellement contre les pathologies, qui peuvent lui être associées : l’obésité, les maladies cardio-vasculaires, la dépression…. Les auteurs soulignent, à juste titre, que bon nombre de ces pathologies sont définies comme des facteurs de comorbidité en ce qui concerne le Sars-Cov2. Bien que visant le moyen et le long terme, l’activité physique devrait donc, aux termes de l’analyse des deux auteurs cités, être au centre d’une ambitieuse campagne de promotion. Il faut aujourd’hui réussir à contourner les obstacles, dressés par l’état d’urgence sanitaire, et les kinés libéraux ou hospitaliers ont un rôle essentiel à jouer.
Les masseurs kinésithérapeutes, des prescripteurs de l’activité physique ?
Si depuis 2016, le médecin peut prescrire de l’activité physique à ses patients atteints de maladies chroniques, la profession médicale reste, selon ses propres dires, peu mobilisée. Les masseurs kinésithérapeutes ont, eux aussi, été associés à ce dispositif, notamment à travers le système de prévention pour les affections de longue durée par l’Activité Physique Adaptée (APA). Cest pourquoi la tribune propose la mobilisation de la profession dans son ensemble : « Les kinésithérapeutes sont prêts à contribuer activement et à assumer cette mission. […]. Cette prescription devrait être possible par les kinésithérapeutes en prévention secondaire sans condition limitative d’une maladie chronique ».
Cette demande d’élargissement du droit à prescription doit être prise en compte, dans les meilleurs délais, puisque selon les auteurs de celle-ci, la situation actuelle impose de faire « sauter les verrous et les blocages » rapidement et sans attendre. Cela sera-t-il entendu par les autorités publiques ? Et ces dernières tiendront-elles, comme les masseurs kinésithérapeutes, cette activité physique comme un atout essentiel dans la stratégie de prévention ? Il faudra attendre plusieurs semaines avant de le savoir…
Et vous, que pensez-vous de cette proposition d’étendre ce droit de prescription aux kinés libéraux ? Quelles sont, selon vous, les modalités à organiser pour que le dispositif soit le plus efficace possible ?
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