5 chiffres pour mieux appréhender la réalité de cette profession de masseur-kinésithérapeute en France. 5 chiffres pour réussir à se projeter dans l’avenir de la profession.
Comme chaque année, le Conseil de l’Ordre des Masseurs Kinésithérapeutes (CNOMK) a publié son rapport sur la démographie de la profession pour l’année 2024. Il ne s’agit pas uniquement de dresser une cartographie de la profession, mais bien de réfléchir à l’avenir, comme l’explique la présidente du Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes, Mme Pascale Mathieu.
« Ce rapport n’est pas seulement un état des lieux : il est un appel à l’action. »
Quels sont les principaux enseignements à tirer de cette étude ? Et quelles perspectives peut-on en tirer pour imaginer l’avenir des masseurs kinésithérapeutes en France ?
5 chiffres pour comprendre la profession et éclairer son avenir.
109.000 le nombre de masseurs-kinésithérapeutes en France
La France compte aujourd’hui 109.000 professionnels inscrits au tableau de l’Ordre. En 2018, ils étaient 86.116, soit une progression de 26,57 % en 6 ans. La démographie des kinés croit nettement plus vite que celle de la population française dans son ensemble, mais aussi que la démographie des autres professions de santé. En 2018, une étude de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) alertait même d’une progression du nombre de kinés de 57 % d’ici à 2040. S’était alors ouvert un débat consacré à la problématique du trop grand nombre de kinés en France.
En d’autres termes, tous les acteurs de la santé se sont efforcés, entre 2020 et 2022, de répondre à une question : le nombre de kinés en France est-il trop important par rapport à la population ? Pour Pascale Mathieu, il faut se féliciter pour la situation, car cette « dynamique positive » est une chance dans le contexte actuel de carence généralisée et qu’il faut davantage faire appel aux kinésithérapeutes. «
154,5 : le nombre de kinés pour 100.000 habitants
En réfléchissant à la question du nombre de kinés, se pose naturellement la question de la densité de la profession. En 2024, on comptait, en regroupant tous les modes d’exercice, 154,5 kinés pour 100.000 habitants. Si on s’attache aux kinés sous statut libéral ou mixte, la densité est calculée à 131,3, alors qu’elle n’est que de 23,2 pour l’exercice salarié.
Là encore, pour bien comprendre les conséquences d’un tel constat, il faut analyser deux autres aspects essentiels :
· L’historique et l’évolution de cette densité : cette densité était de 87 en 2000, de 127 en 2016 et donc de 154,5 aujourd’hui, soit une augmentation de 77.59 % en un quart de siècle. Il faut mettre en rapport cette évolution avec l’augmentation de la demande de soins (vieillissement de la population, efforts en matière de prévention …)
· La densité moyenne des autres pays européens : cette comparaison a été effectuée par le rapport du CNOMK en se basant sur les chiffres officiels, arrêtés au 30 juin 2023.
Densité des kinés au 30 juin 2023 (Source : CNOMK)
| Pays | Nombre de kinés pour 100 000 habitants |
|---|---|
| Estonie | 595 |
| Belgique | 355.9 |
| Danemark | 283.8 |
| Luxembourg | 276.6 |
| Suisse | 250.9 |
| Allemagne | 245 |
| Pologne | 208.3 |
| Suède | 167.1 |
| France | 151 |
| Espagne | 139 |
| Italie | 114.7 |
| Irlande | 110.1 |
| Portugal | 103.4 |
| Royaume-Uni | 98.1 |
D’un autre côté, cette densité nationale ne doit pas masquer de grandes inégalités entre les différentes régions de l’Hexagone. Ainsi, la situation de la Normandie (106,8) ou du Centre-Val-de-Loire (114,9) ne peut être comparée à celle de l’Occitanie (218,7) ou de la Corse (225,3). Il faut cependant souligner qu’aucune région de France ne connaît une densité de kinés inférieure à 100.
85 %, l’exercice libéral ultra-majoritaire dans la profession
Sans surprise, la plus grande partie des masseurs kinésithérapeutes exercent en libéral. En 2024, ils étaient ainsi 89 809 kinés libéraux ou mixtes, représentant 85 % de la profession.
Évolution du nombre de kinés (Source : CNOMK)
| Année | Nombre de kinés salariés | Nombre de kinés libéraux ou mixtes | % de kinés libéraux ou mixtes |
|---|---|---|---|
| 2020 | 13 323 | 77 517 | 85.33 % |
| 2022 | 15 594 | 83 196 | 85.08 % |
| 2024 | 15 849 | 89 809 | 85 % |
On peut constater une légère diminution de la part des kinés libéraux. Bien que modeste, cette tendance est continue. Elle peut s’expliquer par les efforts déployés par les autorités publiques pour rendre le métier de masseur-kinésithérapeute hospitalier plus attrayant. Ces efforts se sont intensifiés après la crise sanitaire du coronavirus.
Pour les kinés libéraux et mixtes, il existe une multitude de situations, chacune et chacun pouvant être titulaire, collaborateur ou remplaçant.
| Année | Activité libérale | Cabinets secondaires et tertiaires | Activité d’assistants | Activité de collaborateurs | % d’activité des assistants | % d’activité des collaborateurs |
|---|---|---|---|---|---|---|
| 2020 | 84 598 | 13 982 | 23 834 | 5 416 | 28.17 % | 6.4 % |
| 2021 | 91 385 | 15 646 | 26 973 | 6 254 | 29.52 % | 6.84 % |
| 2022 | 94 754 | 16 504 | 28 353 | 6 271 | 29.92 % | 7.11 % |
| 2023 | 96 743 | 18 016 | 27 894 | 6 761 | 28.83 % | 6.99 % |
| 2024 | 103 278 | 20 374 | 31 132 | 7 511 | 30.14 % | 7.24 % |
40,99 : l’âge moyen des masseurs-kinésithérapeutes
La profession de masseur-kinésithérapeute, quel que soit le mode d’exercice, reste souvent qualifiée de « jeune ». L’âge moyen de la profession s’établit pour l’année 2024 à 40,99 ans. L’âge médian, quant à lui, est calculé à 38,16 ans (la moitié des effectifs se situant en dessous et l’autre au-dessus de cette médiane). La profession rajeunit quelque peu, puisque l’âge moyen en 2020 était de 41,3 avec un âge médian à 38,55.
Jeune, la profession s’est largement féminisée. Depuis 2020, les femmes sont majoritaires au sein des effectifs de la profession. En 2024, les femmes représentaient ainsi 52.2 % des professionnels de santé (contre 49.9 % en 2018).
La pyramide des âges, établie dans le rapport du CNOMK, souligne l’importance des jeunes kinés en France. En 2024, ils sont ainsi 19.746 à avoir entre 25 et 29 ans. Cela conforte les analyses de Pascale Mathieu, qui veut voir dans le dynamisme démographique de la profession une réponse aux problématiques de la santé publique en France dans les années à venir.
3157 € : la rémunération d’un kiné libéral titulaire
Les rémunérations moyennes de la profession sont plus difficiles à estimer, tant elles diffèrent d’une situation à l’autre. Pour un kinésithérapeute hospitalier, le salaire mensuel brut en début de carrière était de 2102 €. En fin de carrière, le professionnel de santé peut espérer percevoir un salaire mensuel brut de 3 578,86 €.
La rémunération d’un kiné libéral va dépendre de la nature de son exercice (titulaire, assistant, remplaçant …) de sa charge de travail et de l’efficience de sa gestion comptable. Ainsi, en 2024, un kiné libéral remplaçant percevait en moyenne une rémunération annuelle de 27.872 €, soit 2.323 € mensuels. Pour le kiné titulaire, la rémunération annuelle se situe à 37,887 €, soit 3.157 € mensuels.
Démographie, salaire, répartition, âge moyen… ces quelques chiffres informent sur le dynamisme d’une profession qui est aujourd’hui mobilisée pour participer à la transformation du système de santé. À la lecture de ces données, des questions peuvent se poser et de nouvelles opportunités peuvent se dessiner. Il appartiendra donc à l’ordre professionnel, aux organisations syndicales de porter ces revendications pour que l’avenir de la profession soit à la hauteur des espérances.
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