La rentabilité des kinés libéraux en 2025 : doute ou espoir ?

rentabilité des kinés libéraux
Publié par 20 janvier 2025

Les kinés libéraux peuvent-ils compter sur un pouvoir d’achat protégé en 2025 et dans les années à venir ? En d’autres termes, la rentabilité des cabinets de kinésithérapie est-elle menacée ou non ?

 

Les jeunes générations ambitionnent de mieux concilier leur vie personnelle avec leur vie professionnelle. Les jeunes diplômés en Masso-kinésithérapie partagent cette aspiration. Pour autant, ils ambitionnent également de pouvoir se projeter sereinement dans leur avenir professionnel. Devenir kiné libéral est-il rentable en 2025 ? La question peut se poser au vu des dégradations vécues par la profession depuis plusieurs années.

 

Étudier pour devenir kiné libéral, une promesse pour un avenir épanoui ?

 

Les professions de santé en général, et les masseurs-kinésithérapeutes ne font pas exception à la règle, souffrent, depuis plusieurs années, d’un déficit d’attractivité. On souligne fréquemment les conséquences de l’instauration du numerus clausus et/ou les « traumatismes » ressentis par la PACES pour expliquer le manque de masseurs-kinésithérapeutes en France. Les autorités publiques ont depuis réagi en supprimant le numerus clausus, en créant de nouveaux centres de formation, en modifiant profondément les études en santé… L’objectif consiste bien à former davantage de masseurs-kinésithérapeutes dans les années à venir. Cela permettra de limiter le nombre d’étudiants partant étudier à l’étranger avant de revenir exercer en France. Il faudra attendre quelques années pour savoir si ces décisions conduiront à inverser la tendance.

 

Cependant, le déficit de diplômés en masso-kinésithérapie peut et doit aussi s’expliquer par la baisse continue de l’attractivité de ces professions de santé. Une grande partie des étudiantes et des étudiants en IFMKR (Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie) ont fait le choix de leur orientation post-bac en fonction de leurs aspirations, voire de leur vocation. Informés, ces mêmes étudiants s’interrogent alors sur leur avenir professionnel. Devenir kiné libéral ou hospitalier permet-il de gagner correctement sa vie ? La question du niveau de rémunération se pose alors avec d’autant plus de force que les nouvelles générations ne veulent pas subir les mêmes conditions que leurs ainés. L’équilibre entre vie perso et activité professionnelle constitue aux yeux des futurs diplômés un critère fondamental dans le choix de leur avenir professionnel.

 

La rémunération du kiné libéral, un critère essentiel pour une carrière prometteuse

 

Tous les étudiants, en IFMK comme dans tous les autres instituts d’enseignement supérieur, cherchent à estimer leur niveau de rémunération une fois leur cursus terminé. La rémunération des masseurs-kinésithérapeutes varie naturellement en fonction du mode d’exercice choisi (libéral, salarié, mixte). Concentrons-nous donc sur la voie la plus plébiscitée par les jeunes diplômés en masso-kinésithérapie : l’exercice libéral. Plus de 8 étudiants sur 10 (85 %) choisissent cette voie pour se lancer dans la vie active.

 

Avant même de pouvoir exercer, ces jeunes professionnels de santé ont dû suivre un cursus exigeant et coûteux. C’est un constat que dressaient plusieurs associations étudiantes dans une tribune publiée en juin dernier dans les colonnes du célèbre journal du soir, Le Monde : Études de kinésithérapie : « Devenir professionnel de santé ne devrait pas être un luxe ». Qu’ils étudient en France ou à l’étranger, notamment en Espagne, les étudiants investissent pour leur avenir professionnel. Un investissement qui représentera une charge (remboursement des prêts contractés surtout) au moment de se lancer dans l’aventure de l’exercice en libéral.

 

Cette réalité est pleinement résumée par les propos de Mme Roxane Figueira, kiné libérale dans la ville de Montpellier (34), recueillis par les journalistes de France Bleu :

 

« Une année de concours et quatre ans d’école privée à environ 8.000 euros l’année, selon les écoles, pour se retrouver à toucher 16,30 euros bruts pour une demi-heure, ça devient très compliqué. »

 

Il apparaît ainsi que sur un plan purement financier, étudier pour devenir kiné libéral peut apparaître comme décourageant pour certaines et pour certains. Il faut alors se projeter dans l’exercice professionnel en lui-même.

 

La rentabilité pour un kiné libéral, un réalisme nécessaire face à un système de santé en pleine transformation

 

Comme pour toute activité, les débuts d’un jeune kiné libéral nécessitent des investissements plus ou moins significatifs. L’achat ou la location d’un véhicule pour un kiné remplaçant, le montant de la location ou de l’achat du cabinet de kinésithérapie pour un kiné titulaire, les coûts liés à l’achat des équipements indispensables, le coût du rachat de patientèle pour un professionnel reprenant un cabinet déjà existant…

 

Certes, des aides financières peuvent être accordées sous certaines conditions (des aides à l’installation dans les zones très sous-dotées, le forfait d’aide à la modernisation et à l’informatisation du cabinet…). Devenir kiné libéral s’apparente ainsi à une véritable création d’entreprise, mobilisant des ressources humaines, matérielles et financières.

 

Il faudra enfin se projeter dans l’exercice professionnel au quotidien. Le jeune kiné libéral apprendra alors à estimer les charges dues tout au long de son activité (CARPIMKO, URSSAF, Impôts…).

 

Cette réalité du début d’activité du kiné libéral ne doit pas masquer l’augmentation conséquente des charges, qui concerne l’ensemble des professionnels de santé. Le contexte inflationniste, résultant notamment du conflit Russo–ukrainien, pèse sur les comptes des kinés libéraux. Alors que ces charges ont considérablement augmenté ces derniers mois, les masseurs-kinésithérapeutes libéraux ont vu leur activité stagner (ou très légèrement s’accroitre). Naturellement, ce sont les bénéfices qui pâtissent donc de cette équation. Ainsi, selon le rapport 2022 de l’UNASA (Union Nationale des Associations Agrées), le bénéfice des masseurs-kinésithérapeutes a diminué de 10.6 %.

 

Quelle est l’activité moyenne des kinés libéraux ?

 

Elle est restée stable en 2022 avec des recettes évaluées à 78,350 € (+ 0,5 %), le bénéfice a dévissé de 10.6 % pour atteindre 37,881 €.

 

Pour répondre à cette dégradation de la situation, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM), le syndicat Alizé et la Fédération Française des Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs (FFMKR) ont signé, le 13 juillet 2023, le 7ᵉ avenant à la convention nationale. Celui-ci officialise un investissement de 530 millions d’euros, consacré notamment à la revalorisation des actes des kinés libéraux. Mais, cet effort est largement insuffisant pour une grande partie des kinés libéraux, mais aussi pour le Syndicat National des Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs (SNMKR), qui a refusé de signer cet avenant.

 

D’après les calculs établis par Caducee, les masseurs-kinésithérapeutes ont perdu 21 % de pouvoir d’achat depuis 2010. Une perte qui est loin d’être compensée par ces 530 millions d’euros engagés par la CNAM. D’autant plus que pour obtenir cet investissement, la profession a dû accepter des conditions difficiles, notamment concernant les restrictions à la liberté d’installation des jeunes diplômés.

 

La rentabilité des kinés libéraux en 2025, un enjeu majeur pour une profession en pleine transformation

 

Face à ces difficultés, les professionnels de santé, en général, et les masseurs-kinésithérapeutes n’ont que peu de marge de manœuvre. En effet, dans un contexte difficile, il apparait difficile d’accroitre significativement les recettes des cabinets de kinésithérapie. La prise en charge d’un nombre plus important de patients apparaît opposée à cette recherche d’un meilleur rapport entre vie perso et activité professionnelle, évoqué pour commencer ce dossier.

 

D’un autre côté, l’optimisation des charges professionnelles a déjà été conduite par une grande majorité de professionnels. Et cette gestion optimisée des kinés libéraux semble aujourd’hui avoir atteint ses limites.

 

La rentabilité des kinés libéraux

 

Catégorie    Recettes (€)          Charges déductibles (€) (% du total)            Résultat avant impôt (€) (% du total)
Kiné remplaçant          59.939                         32.067 (53,5 %)                                    27.872 (46,5 %)
Kiné titulaire        78.350                         40.463 (51,64 %)                                   37.881 (48,36 %)

 

Source : Données UNASA 2022.

 

Aussi apparait-il comme nécessaire de se concentrer sur la revalorisation des actes déjà dispensés par les masseurs-kinésithérapeutes d’une part. D’autre part, l’élargissement des compétences (et donc des actes) des kinés répond lui aussi à cette nécessaire revalorisation tout en participant à la transformation indispensable de notre système de santé. Tout cela doit conduire à renforcer la rentabilité des cabinets des kinés libéraux, mais aussi à rendre la profession plus attractive.

 

Ces questions financières se posent avec d’autant plus d’importance que les autorités publiques s’inquiètent déjà d’une financiarisation du domaine de la santé. Il apparaît donc urgent d’apporter des réponses concrètes aux masseurs-kinésithérapeutes. D’autant plus, que comme toutes les autres professions de santé, les kinés libéraux s’inquiètent de l’immobilisme des autorités publiques, nées d’une situation politique instable.

 

Devenir kiné libéral représente donc un véritable investissement pour les étudiantes et étudiants de 2025. Ces mêmes étudiants s’inquiètent de voir se dégrader la rentabilité des cabinets de kinésithérapie depuis de nombreuses années. Il existe pourtant des solutions pour protéger le pouvoir d’achat des kinés libéraux. Mais il faut prendre des décisions. Quand seront-elles décidées ? Voilà la principale question.

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