L’accès direct aux masseurs-kinésithérapeutes devenu réalité au printemps 2023
Si les kinés libéraux devaient retenir un événement marquant de 2023, il y a de fortes chances que ce soit l’octroi récent de l’accès direct. On se souvient des débats animés lors des discussions sur la proposition de loi portée par Stéphanie Rist. En avril dernier, l’accès direct a été accordé aux masseurs-kinésithérapeutes d’une part et aux infirmiers en pratique avancée d’autre part, en réponse aux revendications de longue date de la profession pour lutter contre la désertification médicale. Cependant, des hostilités ont entraîné une limitation et un encadrement plus strict des dispositifs.
Ainsi, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ont été exclues de cet accord. Les kinés libéraux comme les infirmières et les infirmiers de pratique avancée se sont offusqués de cette limitation. Ils ont, en effet souligné que tout était fait, aujourd’hui pour les inciter à s’engager massivement dans ces CPTS. Malgré tout, une évolution a conduit le texte à instaurer une expérimentation de cet accès direct en CPTS dans 6 départements pour une durée de 5 ans. L’ordre national des infirmiers (ONI) avait même dénoncé cette approche dans un communiqué de presse :
“Cette décision instaure ainsi un accès aux soins à deux vitesses sur les territoires et porte un coup majeur au déploiement des CPTS, par un manque de confiance des parlementaires dans les professionnels de santé” .
Un accès direct à faire évoluer ? Des professionnels de santé dubitatifs !
La loi représente une avancée incontestable. Elle constitue avant tout un compromis entre les différentes positions des uns et des autres. On se souvient de l’hostilité des médecins face à ces propositions. Ils considéraient cette mesure comme une « perte de chance pour les patients ». Toujours est-il que la loi autorise le kiné libéral à dispenser jusqu’à 8 séances à un patient. Ce dernier n’est plus obligé désormais de passer par la case médecin traitant. A condition toutefois de respecter les obligations qui lui sont faites : “Un bilan initial et un compte rendu des soins réalisés par le masseur-kinésithérapeute sont systématiquement adressés au médecin traitant du patient, ainsi qu’à ce dernier et reportés dans le dossier médical partagé de celui-ci” .
Enfin, pour ce qui concerne l’expérimentation de cet accès direct aux kinés libéraux en CPTS, la Haute Autorité de Santé a rendu un avis le 9 novembre dernier. Dans son avis, la HAS souligne que tous les masseurs-kinésithérapeutes diplômés avant 2019 doivent bénéficier d’une formation complémentaire. En outre, l’avis officiel de la HAS conseille de limiter cet accès direct à certaines pathologies dont la liste est à définir. Enfin, il est recommandé un suivi détaillé de cette expérimentation. Cela permettrait de se projeter dans une éventuelle généralisation à l’ensemble du territoire français. Force est de constater que cet accès direct aux kinés libéraux continue à susciter beaucoup d’interrogations. Il est donc appelé à évoluer.
Comprenez-vous ces hésitations à généraliser l’accès direct ? Estimez-vous que ces mesures de « précaution » soient nécessaires et bénéfiques ? Pensez-vous qu’à terme, l’accès direct aux kinés libéraux soit exempt de ces limitations ?
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