La démographie des kinés libéraux en France : juste répartition ou surpopulation ?

Publié par 17 juillet 2020

À l’heure où de nombreux chantiers d’envergure s’ouvrent dans le domaine de la santé, la question de la surpopulation des kinés libéraux en France revient sur le devant de la scène. Un danger existe-t-il réellement quant à cette surpopulation ? Et cette dernière sera-t-elle dénoncée par le Ministère de la Santé, qui promet une gestion plus « humaine » et moins arithmétique des professionnels de santé ?

Masseurs-kinésithérapeutes, comptez-vous ! La démographie des kinés révélée

La profession de kiné libéral, comme celle de son confrère hospitalier, et plus généralement l’activité de tous les professionnels de santé médicaux et paramédicaux, reste très réglementée. Les autorités publiques légifèrent sans cesse pour encadrer ces activités, que ce soit pour le bien-être des patients et l’optimisation de leur prise en charge, ou qu’il s’agisse d’organiser chacune de ces professions, notamment par la limitation ou la libéralisation du nombre de professionnels, pouvant exercer chaque année.

Pour pouvoir prendre les décisions les plus efficientes, le Ministère de la Santé s’appuie sur des études aussi nombreuses que variées, et l’analyse de la démographie de chaque profession fait partie des outils servant à définir la stratégie à déployer pour demain. Ces études démographiques sont d’autant plus importantes, lorsque le gouvernement se lance, comme il le fait depuis plusieurs semaines, dans une vaste refonte de notre système de santé publique. Chaque année, la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) dépouille les multiples fichiers existants pour livrer une étude détaillée de cette démographie des soignants, tant à l’hôpital que pour la médecine de ville. L’étude pour l’année 2020 vient d’être publiée, et bien qu’elle ne représente pas une véritable révolution s’agissant des kinés libéraux, elle remet en avant une problématique récurrente depuis des années : la surpopulation des kinés en France.

Au 1er janvier 2016, on totalisait ainsi 86459 masseurs kinésithérapeutes en France, dont 69.006 exerçaient en tant que kinés libéraux ou mixte. 8 masseurs kinésithérapeutes sur 10 (79.81 %) exercent donc sous forme libérale. L’étude souligne également que la féminisation de la profession se poursuit puisque 50.37 % de la profession est constituée de femmes. Cette égalité dans cette démographie n’est pas atteinte cependant pour les kinés libéraux qui à 53.99 %, restent des hommes. Si ces données peuvent servir aux autorités publiques quant à la définition de la stratégie de développement de chaque profession (libéralisation ou instauration de quotas plus restrictifs), une autre série de données reste particulièrement surveillée : la densité des kinés libéraux et hospitaliers par rapport à la population.

Trop de kinés libéraux en France ? Une question qui divise

C’est une étude de ce même organisme, la DREES, publiée à l’été 2018, qui est à l’origine de la colère des kinés libéraux notamment. L’étude soulignait que le nombre de masseurs kinésithérapeutes en France avait considérablement augmenté en 16 ans (+ 61 % entre 2000 et 2016), une augmentation sans rapport avec l’accroissement de la population.  La DREES s’alarmait surtout de cette tendance, qui était appelée à se poursuivre. Selon les estimations de l’époque, l’augmentation devait atteindre + 57% entre 2016 et 2040. Dans le même temps, la population française ne s’accroitrait que de 9 %. C’est cette distorsion, qui avait poussé la DREES a souligné, qu’avec 133.000 kinés en France en 2040, la densité serait bien trop importante puisque passée de 128 masseurs kinésithérapeutes en 2016  à 184 en 2040. La surpopulation des kinés était donc pointée comme un danger potentiel à venir.

Les kinés libéraux et hospitaliers avaient alors dénoncé non pas les résultats, mais les interprétations de cette étude. Si la population progresse moins vite que le nombre des kinés, elle se caractérise aussi par un vieillissement incontestable, phénomène conduisant à une hausse naturelle de la « consommation de soins ». Ce débat fut également l’occasion de souligner l’importance des nouveaux masseurs kinésithérapeutes, exerçant en France sans avoir obtenu leur diplôme dans l’Hexagone. En d’autres termes, outre celles et ceux qui obtiennent le diplôme d’État en France, des kinés ayant décroché leur diplôme à l’étranger, sont de plus en plus nombreux à venir s’installer ici.

Régulièrement, la question revient sur le devant de la scène, même si ces dernières semaines, le Ministère de la Santé a expliqué vouloir sortir d’une logique purement arithmétique s’agissant du nombre des professionnels de santé. Il a expliqué vouloir présenter à la rentrée de nouvelles pistes destinées à sécuriser le parcours de soins pour les patients et l’exercice professionnel pour les kinés et tous les autres professionnels de santé.

Il faudra donc attendre quelques semaines avant de savoir si la question de la surpopulation des kinés libéraux en France est une problématique définitivement réglée ou si, au contraire, les questionnements vont redoubler.

 

Et vous, quel jugement portez-vous sur la démographie des kinés en France ? Trop de kinés libéraux dans l’Hexagone ? Dans quelle région ?

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